Nul besoin d'être sociologue ou économiste pour comprendre que plus de 90 % des Brésiliens ont beaucoup perdu avec le coup d'État juridico-médiatique de 2018. Je ne parle pas seulement de l'augmentation vertigineuse du prix des carburants, de l'électricité, des programmes de santé, des transports et tout ce qu'a amené la privatisation de nos richesses naturelles. Je parle de l'aggravation de l'injustice dans tous les domaines, y compris institutionnel, et de mesures prises par un gouvernement illégitime qui a retiré leurs droits à des citoyens qui vivent, uniquement et exclusivement, de leurs salaires.
"Inéligibilité": le juge Mouro et Lula
Comment se présentent pour nos enfants et nos petits-enfants le présent et l'avenir dans ce pays ? La réforme du droit du travail, non content de réduire les salaires, rend précaires les conditions de travail et fait peser sur les classes les plus modestes l'incertitude et la perspective angoissante du chômage. Même pour les fonctionnaires. Qui peut être sûr que les gouvernants du « Nouveau » libéralisme ne préférera pas la même d'œuvre bon marché qu'offre la sous-traitance ? Qui peut douter que, par le biais de la sous-traitance, des entreprises privées vont mettre la main sur des fonds publics grâce aux services « externalisés » ? Peut-on douter également de l'impact que va produire ce changement de cap dans la réglementation du travail sur les revenus des retraités ?
Je ne méprise pas ces travailleurs désorientés des classes moyennes émergentes qui ont tapé sur des casseroles pour soutenir cette agression contre notre démocratie. Je les plains. Beaucoup paient déjà le prix fort en perdant leur emploi. Même les membres des professions libérales : médecins, avocats et dentistes, ont constaté une chute brutale des consultations. Une oto-rhino-laryngologiste de mes amies a calculé qu'aujourd'hui, elle a perdu 40 % de ses patients de 2016. Les petits épargnants voient aussi leurs économies s'étioler sur des comptes qui ne rapportent rien en comparaison des profits exorbitants de banques qui sont devenues de véritables usuriers pratiquant les taux bancaires les plus élevés au monde.
Et hier s'est conclue une nouvelle étape dans la reconquête et la mainmise du pouvoir par le grand capital financier, quand le président le plus populaire de l'histoire de notre pays a été déclaré inéligible. On savait d'avance que le Tribunal suprême prendrait cette décision. Pas besoin d'être progressiste pour comprendre que Lula a été condamné sans preuves et que c'est aujourd'hui un prisonnier politique. Le monde entier le sait, du pape François jusqu'à l'ONU.
En fait, cette élection, avec la candidature de plusieurs politiciens trouvés en possession de valises ou de sacoches de pots-de-vin, nous réserve encore de scènes d'horreur. Jusqu'au 3 octobre, il faudra s'attendre à toutes sortes de magouilles juridiques et médiatiques. Ils n'ont pas réussi pas à abattre une présidente démocratiquement élue et à mettre en prison le plus important dirigeant latino-américain du siècle, celui que Barack Obama a appelé « l'homme politique le plus populaire de la planète », pour mourir noyés dans les eaux profondes des champs pré-salifères.
Courtesy of Tlaxcala
Source: brasil247.com
Publication date of original article: 01/09/2018