08/11/2025 essentiel.news  12min #295712

France-Soir: Chatgpt met fin aux conseils en santé et en droit, un tournant?

 Icaros

Nous avons choisi de republier ci-dessous un  excellent article de France-Soir, qui fait état et commente la  nouvelle récente selon laquelle OpenAI (société éditrice de ChatGPT) aurait modifié les conditions d'utilisation de son célèbre service d'intelligence artificielle afin d'empêcher les gens de l'employer pour obtenir des conseils en santé, en droit ou en finance.

Les journalistes de France-Soir notent avec pertinence qu'il ne s'agit pas nécessairement pour OpenAI de protéger ses utilisateurs, mais surtout de se protéger elle-même; confrontée à  plusieurs procès de parents qui estiment que l'intelligence artificielle a conduit leurs enfants au suicide, la société tente de produire une ligne de défense pour de futurs procès semblables, ainsi que d'anticiper - voire de minimiser - les mesures réglementaires qui sont susceptibles de lui être imposées à l'avenir.

Ce que France-Soir ne mentionne pas explicitement, mais suggère néanmoins entre les lignes, est qu'il s'agit peut-être aussi de s'armer contre les reproches de corporations professionnelles historiquement protégées et parasitiques. Ainsi, les Pantalone et les Il Dottore de ce monde sont parmi les  plus véhéments à dénoncer la concurrence, selon eux déloyale, que représentent les modèles de langage à la ChatGPT; ils estiment que leurs études et leurs titres sont les seuls garants de la vérité, qu'ils devraient exclusivement être autorisés à promulguer.

Quoi qu'il en soit, imposer des barrières artificielles autour des modèles d'IA les plus populaires et les plus utilisés, qu'elles soient volontaires ou réglementaires, techniques ou purement légales, n'est susceptible que de favoriser l'émergence et le développement des  modèles open source, sinon au moins d'encourager la  créativité des jail breakers.

Depuis que cette nouvelle a circulé dans le monde anglo-saxon, OpenAI a  tenté d'en  minimiser la  portée; sans nier que ses conditions d'utilisation avaient bien été modifiées dans la direction indiquée, l'entreprise a précisé que « ChatGPT n'a jamais été un substitut à un avis professionnel », et que le modèle de langage demeurait inchangé (c'est-à-dire que ChatGPT continuerait de répondre à des questions relevant de la santé, de la finance ou de la loi).

Not true. Despite speculation, this is not a new change to our terms. Model behavior remains unchanged. ChatGPT has never been a substitute for professional advice, but it will continue to be a great resource to help people understand legal and health information.

L'analyse de France-Soir demeure néanmoins tout à fait pertinente; elle est disponible ci-dessous ainsi que sur  leur site Internet.



L'Annonce d'OpenAI: ChatGPT met fin aux conseils en santé et en droit - un tournant pour l'IA Générative?

Par Le Collectif citoyen et Xavier Azalbert, France-Soir
Article publié le 4 novembre 2025

Dans un mouvement inattendu qui secoue le monde de l'intelligence artificielle (IA), OpenAI, la société derrière ChatGPT, aurait annoncé le 1ᵉʳ novembre 2025 une révision majeure de sa politique d'utilisation. Désormais, l'outil emblématique ne pourra plus fournir de conseils personnalisés en matière de santé, de droit ou de finances.

⚖️ What Changed
OpenAI has reaffirmed that ChatGPT and related models are not permitted to provide professional, personalized advice in certain sensitive areas — particularly health, legal, or financial topics.
🚫 Areas Restricted

Cette décision, relayée par des comptes influents sur X comme  @LeadingReport et  @CataPaul2, marque un recul significatif pour l'IA conversationnelle, autrefois saluée pour sa polyvalence. Mais au-delà de la restriction technique, cette annonce soulève des questions profondes sur les risques, les pressions externes et l'avenir de la régulation des IA génératives. Explorons les tenants et aboutissants de ce changement.

L'annonce en détail: qu'est-ce qui change précisément?

Selon la nouvelle politique d'utilisation d'OpenAI, ChatGPT et ses modèles associés sont explicitement interdits de dispenser des conseils « professionnels et personnalisés » dans des  domaines sensibles comme la santé, le droit et les finances. Concrètement:

  • Santé et médical: plus de diagnostics, de plans de traitement ou de recommandations de médicaments. L'IA se limite à des informations générales, éducatives ou issues de sources publiques (comme l'OMS ou les CDC, Centres pour le contrôle et la prévention des maladies), en renvoyant systématiquement les utilisateurs vers des professionnels qualifiés.

  • Droit: interdiction d'interpréter des lois spécifiques, de rédiger des documents légaux ou de conseiller sur des cas personnels. Seules les explications générales sur les systèmes juridiques ou la terminologie restent autorisées.

  • Finances: pas de conseils d'investissement personnalisés ni de fiscalité sur mesure. L'IA peut partager des données économiques publiques ou de la littératie financière basique. Cette mesure, effective immédiatement, transforme ChatGPT en un « outil éducatif » pur, comme l'a souligné  un rapport de News18.

Sur X, les réactions fusent: certains utilisateurs, comme @shloimysch, ironisent sur un futur où même les GPS refuseraient des indications pour « raisons légales », tandis que d'autres, tel @SamWest_7, regrettent l'utilité vitale de l'IA - l'un d'eux affirme avoir détecté une tumeur rare grâce à ChatGPT, sauvant potentiellement sa vie.

Les raisons de ce changement: pressions, lobbying ou peur des risques?

OpenAI justifie cette restriction par une volonté de « prévenir les risques inutiles » et d'éviter des situations où l'IA pourrait causer du tort, comme des paniques médicales infondées ou des erreurs légales coûteuses. Mais derrière cette rhétorique prudente se profile une crainte plus tangible: la responsabilité juridique. Des incidents réels ont émaillé l'usage de ChatGPT, avec des cas où des conseils erronés ont retardé des soins ou mené à des litiges. Un  article de Yahoo News évoque explicitement des « peurs de poursuites judiciaires »  comme moteur principal.

S'agit-il d'une capitulation face à des pressions externes? Les lobbies professionnels - médecins, avocats et conseillers financiers - pourraient y voir une victoire. Ces secteurs, menacés par la démocratisation de l'IA, exercent une influence croissante. OpenAI a d'ailleurs multiplié par sept ses efforts de lobbying en 2025, priorisant l'énergie et la régulation plutôt que les deepfakes,  selon MIT Technology Review. Cependant, aucune preuve directe de lobbying spécifique n'émerge; il s'agit plutôt d'une anticipation proactive.

La comparaison avec les agences de notation lors de la crise des subprimes (2008) est particulièrement pertinente. Ces agences, comme Moody's ou S&P, ont été accusées d'avoir minimisé les risques des prêts hypothécaires à haut risque, menant à un effondrement mondial. Leur « conseil » implicite - via des notes optimistes - a exposé les investisseurs à des pertes massives, entraînant des amendes colossales (plus de 2 milliards de dollars pour S&P seule). De même, une IA donnant un « avis médical » erroné pourrait causer des dommages personnels irréparables, sans que l'entreprise ne porte d'assurance-responsabilité,  ni ne puisse « examiner » un patient. OpenAI, évaluée à plus de 150 milliards de dollars, craint  un « subprime de l'IA »: non pas une bulle financière (bien que des analystes  comparent déjà le battage de l'IA à la crise des subprimes, avec des investissements gonflés),  mais un scandale de responsabilité qui ébranlerait sa viabilité. C'est une peur légitime: l'IA n'est pas infaillible, et ses « hallucinations » (réponses fictives) amplifient les dangers.

Conséquences: une restriction des IA génératives qui redessine le paysage

Cette décision a des répercussions immédiates sur les IA génératives. ChatGPT perd en utilité pratique, se cantonnant à un rôle de « secrétaire éducatif » - bon pour résumer des articles du New York Times, mais inutile pour un diagnostic rapide ou un contrat de base. Cela ouvre des opportunités inattendues: les professionnels (médecins, avocats) pourraient se recentrer sur des tâches à haute valeur, utilisant  l'IA comme assistant plutôt que concurrent. Sur X, @OldeWorldOrder y voit un avantage pour des rivaux comme Grok (xAI), qui pourrait « dominer le marché des conseils santé avec bon sens ».

À plus grande échelle, cela freine l'innovation. Les IA génératives, propulsées par des modèles comme GPT-4, étaient promises à une ubiquité: aide-soignante virtuelle, juriste low-cost. Ces restrictions auto-imposées pourraient décourager les investissements, déjà sous tension - OpenAI brûle des milliards en calcul, et une « crise subprime de l'IA » pointe, avec  des coûts d'entraînement dépassant les revenus. Pour les utilisateurs, c'est frustrant: l'IA devient plus « sage » mais moins accessible, exacerbant les inégalités d'accès aux services pros.

Le début d'une régulation globale des IA?

Absolument, cette annonce sonne comme un signal d'alarme. OpenAI opte pour l'autorégulation, mais elle préfigure une vague réglementaire plus large. L'Union européenne a déjà adopté l'AI Act en 2024 (même s'il y a de nombreuses limitations et faillites dans cet act), classant les IA génératives comme « à haut risque » pour la transparence - ChatGPT devra divulguer ses sources et limites. Aux États-Unis, des débats au Congrès portent sur des mandats similaires, avec des défis: vitesse d'innovation vs. sécurité, comme le note  Brookings Institution.

Tel que l'explique clairement Emmanuelle Darles dans son ouvrage IA: illusions d'avenir - les dangers de l'intelligence artificielle, les  risques éthiques émergent. Cela comprend des biais dans les conseils généraux, des manipulations (interdites par OpenAI), ou des  atteintes à la liberté d'expression via des restrictions excessives. Sans régulation équilibrée, l'IA pourrait stagner; avec, elle pourrait devenir plus sûre et inclusive. Des experts comme ceux de Stanford plaident pour  une « gouvernance sous incertitude », combinant auto-régulation et normes internationales.

Thématiques clés: éthique, innovation et concurrence

  • Éthique et société: l'IA doit-elle jouer les « docteurs » ou rester un outil? Cette restriction protège les vulnérables mais limite l'autonomisation - imaginez un pays en développement sans accès à des pros.

  • Innovation vs. sécurité: OpenAI sacrifie la disruption pour la stabilité, mais des concurrents comme Anthropic ou xAI pourraient combler le vide, favorisant une concurrence saine.

En somme, l'annonce de ChatGPT n'est pas une fin, mais un pivot. OpenAI, sous pression de risques réels, trace la voie d'une IA responsable. Reste à voir si cela inspirera une régulation mondiale ou un exode vers des outils moins bridés. Une chose est sûre: l'ère des IA « tout-terrain » touche à sa fin, au profit d'un écosystème plus nuancé. Avec une question clé en suspens pour un débat démocratique sur le rôle de l'IA dans la vie de tous les jours avec comme question additionnelle: l'IA doit-elle conseiller, ou seulement informer?

Pour approfondir ces enjeux,  le livre d'Emmanuelle Darles alerte sur les limites probabilistes de l'IA et ses risques éthiques en santé, justice et éducation, plaidant pour une vigilance collective et une décision humaine finale. Ce manifeste accessible permet d'en savoir beaucoup plus sur les illusions autour de l'IA et les garde-fous nécessaires, en lien direct avec les récentes restrictions d'OpenAI.

Article complémentaire, par Le Collectif citoyen et Xavier Azalbert, publié sur France-Soir le 6 novembre:  L'assignation du Comité Judiciaire US à OpenAI: censure étrangère, pollution de l'info et l'IA en outil de propagande? La transparence sur les codes sources devient-elle impérative? Analyse complète de la tourmente de l'IA.

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