Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, lors de la séance plénière du Conseil des ministres du G20, le 21 février 2024 à Rio de Janeiro.
Devant ses homologues internationaux réunis à Rio de Janeiro pour une réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 ces 21 et 22 février, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a dénoncé la mise à mal, «à l'instigation de l'Occident», des principes fondamentaux de l'ordre international.
«Les normes universelles du droit et les principes de la Charte des Nations Unies sont violés, notamment l'égalité souveraine des États, la non-ingérence dans les affaires intérieures et l'autodétermination des peuples», a-t-il poursuivi, pointant du doigt les chancelleries occidentales. L'émergence d'un nouvel ordre mondial, «se heurte à de sérieuses résistances», a-t-il par ailleurs estimé lors de ce rendez-vous qui a été l'opportunité pour les chancelleries occidentales et russe de se retrouver autour d'une même table.
«La diplomatie, en tant que résolution des différends par des moyens pacifiques, est sacrifiée à l'affrontement forcé, aux "guerres hybrides"» ainsi qu'au «désir d'infliger une défaite stratégique à un adversaire» a égrainé le ministre russe. «Des "doubles standards", de l'hypocrisie et des mensonges purs et simples sont utilisés» a encore accusé Lavrov, évoquant notamment la «frénésie» avec laquelle fut reçue en Occident l'interview du président russe menée par Tucker Carlson, tout en fustigeant la «division artificielle du monde entre amis et ennemis» ainsi que la politique «des blocs».
À l'ordre du jour de cette rencontre, sous la présidence du Brésil, figuraient notamment la lutte contre la faim, la pauvreté et les inégalités, le développement durable, ainsi que la réforme de la gouvernance mondiale afin de donner plus de voix aux pays en développement.
«Nous savons comment se terminent les aventures de l'OTAN»
Les tensions internationales, en Ukraine ainsi qu'au Proche-Orient, ont néanmoins dominé le débat. Dans son propos liminaire, le chef de la diplomatie brésilienne, Mauro Vieira, s'est montré à cet égard critique à l'endroit du Conseil de sécurité des Nations unies qui, à ses yeux, «n'est pas en mesure de relever ces défis».
Pour sa part, Sergueï Lavrov a notamment estimé que les «acquis» de la Guerre froide en matière d'architecture de sécurité en Europe ont «aujourd'hui été presque entièrement détruits», une «architecture de sécurité stratégique» dont les bases avaient été jetée par l'URSS et les États-Unis lors de la Détente pendant la Guerre froide.
«L'"Occident collectif" utilise toutes les méthodes pour promouvoir ses propres objectifs», a encore accusé Sergueï Lavrov, renvoyant aux promesses non tenues de ne pas rapprocher l'OTAN des frontières russes. «Nous savons comment se terminent les aventures de l'OTAN», a-t-il poursuivi, mettant en avant les guerres menée ou dirigée par l'Alliance atlantique en Serbie, Irak, Libye ou en Afghanistan.
«L'Alliance a fait des dizaines de milliers de victimes et détruit des États et des économies», a dénoncé le chef de la diplomatie russe. «Cette liste comprend des exécutions pseudo-judiciaires, des coups d'État et des révolutions de couleur. Des journalistes, des artistes, des athlètes, sans oublier des hommes politiques et des entrepreneurs, sont tombés sous le coup de la répression» a-t-il poursuivi.
Fondé en 1999, le G20 (pour «Groupe des vingt») rassemble la plupart des principales économies mondiales, ainsi que l'Union européenne et l'Union africaine. La vocation de ce groupe informel était dans un premier temps principalement économique, mais il s'est de plus en plus saisi des sujets brûlants de l'actualité mondiale.