Source: AFP
Victimes d'un bombardement israélien à Khan Yunis, 18 novembre 2023 (image d'illustration).
Dans la bande de Gaza, une première frappe sur le camp de Jabaliya a touché à l'aube du 18 novembre l'école al-Fakhoura, qui abrite des déplacés, faisant au moins 50 morts, a déclaré à l'AFP un responsable du ministère de la Santé du Hamas.
Des images diffusées sur les réseaux sociaux et authentifiées par l'AFP montrent des corps, certains couverts de sang, d'autres de poussière, dans les étages du bâtiment où des matelas avaient été installés sous des tables d'écoliers.
La seconde frappe, qui a touché une maison du camp de Jabaliya, a tué 32 membres d'une même famille, dont 19 enfants, a indiqué le ministère.
De son côté, l'armée israélienne n'a pas confirmé les frappes mais indiqué que des opérations étaient bien en cours à Jabaliya, le plus grand camp de réfugiés du territoire déjà bombardé plusieurs fois début novembre.
«Nous recevons des images effroyables de nombreux morts et blessés encore une fois dans une école de l'Unrwa qui abritaient des milliers de déplacés», a écrit sur X (ex-Twitter) le patron de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), exigeant que «ces attaques» cessent. «Un cessez-le-feu humanitaire ne peut plus attendre», a plaidé Philippe Lazzarini.
Tsahal ordonne l'évacuation de l'hôpital al-Shifa
Dans la nuit, un autre bombardement a touché Khan Younès, faisant au moins 26 morts, selon le directeur de l'hôpital Nasser de cette ville du sud de la bande de Gaza.
Au 43e jour du conflit, des centaines de personnes ont été évacuées du plus grand hôpital de Gaza, où se trouvaient de nombreux malades, médecins et déplacés, après en avoir reçu l'ordre par l'armée israélienne, selon le directeur de l'établissement et un journaliste de l'AFP sur place. Tsahal a nié avoir ordonné l'évacuation, assurant seulement avoir «répondu à une requête» du directeur de l'hôpital al-Shifa.
Dans la matinée, des centaines de malades accompagnés de personnel médical et de déplacés qui avaient trouvé refuge dans l'immense complexe de l'hôpital al-Shifa, situé dans l'ouest de la ville de Gaza, en sont sortis à pied, a indiqué un journaliste de l'AFP sur place. L'hôpital n'avait plus ni électricité, ni eau, ni nourriture depuis plusieurs jours. Ces civils ont pris la direction de la route Salaheddine, qui mène vers le sud de Gaza où l'armée israélienne enjoint la population à se réfugier. Sur le chemin, le journaliste de l'AFP a vu au moins une quinzaine de corps, certains en état de décomposition avancée.
Six médecins vont toutefois rester à l'hôpital al-Shifa pour prendre soin de 120 malades et des bébés prématurés qui ne peuvent être transférés, a dit l'un d'entre eux, le Dr Ahmed el-Mokhallalati sur X.
Selon l'armée israélienne, qui a lancé le 15 novembre au matin un raid sur l'hôpital al-Chifa, ce dernier abrite un repaire du Hamas installé notamment dans un réseau de tunnels. Le mouvement islamiste palestinien dément.
Livraison de carburant
Israël, qui a juré «d'anéantir» le Hamas, mène en parallèle aux bombardements des opérations terrestres depuis le 27 octobre. Elles se concentrent jusqu'ici dans le nord du territoire, dans la ville de Gaza transformée en champ de ruines et autour des hôpitaux. L'armée accuse le Hamas de les utiliser comme des bases et de se servir des malades comme de «boucliers humains».
Le territoire est placé depuis le 9 octobre en état de «siège complet» par Israël, qui a coupé les livraisons de nourriture, d'eau, d'électricité et de médicaments passant par le terminal de Rafah, à la frontière avec l'Egypte dans le sud de Gaza.
Face aux pénuries, la population est confrontée «à un risque immédiat de famine», a averti le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies.
A la demande des Etats-Unis, Israël a autorisé vendredi l'entrée quotidienne de deux camions-citernes dans le territoire. Une cargaison de 17 000 litres est arrivée au terminal de Rafah pour ravitailler les générateurs électriques des hôpitaux et des réseaux de télécommunications, selon la partie palestinienne du terminal.
«50% des besoins quotidiens»
Mais ce n'est pas assez selon Thomas White, le responsable de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) pour Gaza: «Les Israéliens n'ont autorisé que 50% des besoins quotidiens en carburant pour l'aide humanitaire vitale», a-t-il précisé sur X. «Les gens n'auront que deux tiers de leurs besoins quotidiens en eau potable». Israël refusait jusqu'ici de laisser passer l'essence, affirmant que cela pourrait profiter aux activités militaires du Hamas.
Selon l'Unrwa, 70% de la population n'a pas accès à l'eau potable dans le sud du territoire, où les égouts ont commencé à se déverser dans les rues, les stations d'épuration ayant cessé de fonctionner faute de carburant.
Plus des deux tiers des 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza ont été déplacés par la guerre, selon l'ONU. La plupart ont fui vers le Sud en emportant le minimum et survivent dans le froid qui s'installe.
Les frappes de représailles sur Gaza sont incessantes depuis que le Hamas a mené le 7 octobre une attaque d'une ampleur et d'une violence inédites sur le sol israélien qui a fait 1 200 morts, en majorité des civils, et enlevé, avec d'autres groupes armés, environ 240 personnes, selon les autorités israéliennes.
Le 18 novembre au soir, le gouvernement du Hamas a annoncé que 12 300 Palestiniens avaient été tués dans les bombardements israéliens depuis le 7 octobre, dont plus de 5 000 enfants et 3 300 femmes.
Les tensions sont aussi vives en Cisjordanie occupée. Cinq combattants palestiniens du Fatah, mouvement du président Mahmoud Abbas, ont été tués tôt samedi dans une très rare frappe aérienne sur Naplouse.
Depuis le 7 octobre, plus de 200 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie par des colons et des soldats israéliens, selon le ministère palestinien de la Santé.