France-Soir
Un homme assis dans un camp pour personnes déplacées à Rafah, dans la bande de Gaza au sud, près de la frontière avec l'Égypte, le 28 avril 2024, en pleine confrontation en cours entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas.
AFP
Se dirige-t-on vers une trêve à Gaza ? Près de 7 mois après le début de la guerre, le Hamas a annoncé samedi "étudier" une contre-proposition israélienne devant également mener à la libération des otages. La réponse du mouvement palestinien est attendue pour ce lundi. L'armée de Tsahal, qui poursuit ses bombardements au sud de l'enclave, poursuit ses préparatifs pour une opération terrestre à Gaza, au moment où les chefs de diplomatie de plusieurs pays réitèrent leur opposition à un tel projet. Le ministère gazaoui de la Santé a annoncé dimanche 28 avril 2024 un nouveau bilan de 34 454 morts, dont 66 entre samedi et dimanche. L'ONU et l'UE ont annoncé leur volonté d'ouvrir des enquêtes après la découverte des corps d'environ 340 personnes dans des fosses communes dans l'enceinte de l'hôpital Nasser, théâtre d'une opération israélienne d'envergure le mois dernier.
Tandis que les médiateurs entre Israël et le Hamas se hâtaient pour faire aboutir les négociations, les bombardements se sont poursuivis la semaine dernière à Gaza. Mercredi dernier, quelques jours après l'adoption par le Congrès américain d'une aide de 13 milliards pour Tel Aviv, de nouvelles frappes ont ciblé Rafah, qui accueille plus de 1,5 million de réfugiés à la frontière avec l'Egypte, au sud de l'enclave palestinienne. Les frappes aériennes sur la même ville ont fait, dans la nuit de vendredi à samedi, 66 morts et 138 blessés.
Découverte de fosses communes à Khan Younes
Le bilan total, selon le ministère de la Santé du Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, s'élève désormais à 34 454 morts et 77 575 blessés depuis le 7 octobre. A partir de samedi 20 avril, les corps d'environ 340 personnes ont été découverts dans des fosses communes dans l'enceintre de l'hôpital Nasser. L'armée israélienne est accusée d'avoir tuée ces personnes et de les avoir enterrées à cet endroit durant leur dernier assaut, qui visait à déloger des membres du Hamas, cachés, selon l'armée de Tsahal, dans des hôpitaux comme celui d'al-Shifa à Khan Younes, devenu une "coquille vide" selon l'OMS. Israël rejette les accusations, affirmant que les fosses ont été creusées par les Palestiniens eux-mêmes.
La Défense civile de Gaza reconnaît avoir enterré environ 100 corps dans des tombes à l'hôpital Nasser "à titre de mesure temporaire" avant l'opération militaire de Tsahal mais accuse Tel Aviv de "crimes de génocide" quant aux 200 corps supplémentaires.
Une découverte dramatique qui n'ébranle en rien les préparatifs israéliens pour leur opération terrestre à Rafah. Des responsables égyptiens cités par le Wall Street Journal ont révélé que Tel Aviv envisage de déplacer les civils depuis cette ville vers Khan Younes, dans le cadre d'une évacuation qui devrait se dérouler pendant deux à trois semaines, en coordination avec les États-Unis, l'Egypte et d'autres pays arabes. Des images satellites partagées par Maxar Technologies montrent des tentes récemment installées dans le sud du territoire.
Ces révélations confirment les craintes de la communauté internationale, qui a vainement martelé, ces dernières semaines, son opposition à cette opération. Ismaïl Al-Thawabta, directeur du bureau de presse du gouvernement à Gaza affirme qu'une opération à Rafah serait "un crime", affirmant que la ville voisine, réduite elle-même à des décombres après des mois de bombardements et de combats au sol, "ne peut absolument pas" accueillir un million et demi de déplacés.
La réponse du Hamas scrutée
La pression internationale n'aboutissant à aucun résultat, un cessez-le-feu mettrait-il en suspens les préparatifs israéliens ? Le mouvement palestinien Hamas a diffusé ce samedi une vidéo montrant deux otages israéliens enlevés lors de son attaque du 7 octobre dans le sud d'Israël. "Nous sommes en danger ici, il y a des bombes, c'est stressant et effrayant", a déclaré l'un d'eux, avant d'exhorter le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, à négocier pour parvenir rapidement à un accord et sa famille de faire pression sur le gouvernement, dans un contexte politique israélien tendu, marqué par des manifestations contre l'exécutif.
Le Hamas a également annoncé "étudier" une contre-proposition israélienne en vue d'une trêve dans les combats à Gaza, après avoir rejeté, la semaine dernière, une précédente contre-proposition. Le mouvement palestinien insiste sur un cessez-le-feu permanent, une condition fermement rejetée par Israël, qui préfère une pause de plusieurs semaines dans les combats pour poursuivre ses objectifs, à savoir l'élimination totale du mouvement.
Tel Aviv, qui fait déjà l'objet d'une enquête de la Cour pénale internationale (CPI) pour des accusations de génocide qui inquiètent le gouvernement israélien, à sa tête Netanyahou, peut de surcroît être visé par d'autres enquêtes, cette fois-ci demandées par l'UE et de l'ONU. Ces deux investigations sont réclamées après la découverte des fosses communes, qui pourraient constituer des crimes de guerre.
La situation à Gaza est par ailleurs à l'ordre du jour du Forum économique mondial qui s'est ouvert hier à Riyad en Arabie Saoudite. Stéphane Séjourné, chef de la diplomatie française, y est présent dans le but d'œuvrer à un cessez-le-feu et surtout, réitérer aux Israéliens [la] ferme opposition [de la France] à une offensive sur Rafah".
La question palestinienne continue de susciter des manifestations à travers le monde, les dernières aux États-Unis, se sont soldées par la répression et par l'interpellation de près de 300 personnes.