AFP
Google a dénoncé "un interventionnisme radical" après que le gouvernement américain a demandé à la justice que le géant technologique cède son navigateur Chrome, une sanction potentiellement historique pour le moteur de recherche déjà épinglé pour ses pratiques anticoncurrentielles.
Dans un document judiciaire mercredi, le ministère de la Justice réclame une scission des activités de la filiale du groupe Alphabet, interdisant également à Google de signer des accords avec les constructeurs pour imposer l'utilisation par défaut de son moteur de recherche sur les smartphones.
Les autorités veulent aussi empêcher Google de tirer profit de son système d'exploitation pour mobiles Android pour promouvoir ses autres produits. Elles réclament même que le géant technologique cède Android faute de proposer des évolutions en ce sens.
Si les intentions du futur gouvernement de Donald Trump à ce sujet restent inconnues, cette requête marque un changement profond de la part des autorités américaines de la concurrence qui ont essentiellement laissé tranquilles les géants des technologies depuis leur échec à démanteler Microsoft il y a une vingtaine d'années.
Les représentants de la justice "ont choisi de promouvoir un programme interventionniste radical", a affirmé Kent Walker, président des affaires mondiales de Google, réagissant aux demandes du gouvernement.
Google a déjà été jugé coupable l'été dernier de pratiques illégales pour établir et maintenir son monopole dans la recherche en ligne par Amit Mehta, un juge fédéral de Washington.
Cela rappelle quand Microsoft a du se scinder pour ne plus embarquer "internet explorer" dans "windows explorer" 1994 1997.
DOJ should go beyond and push to the break up of other elements such as YouTube and android.
Also the google algorithm should be made public and… t.co
— Xavier Azalbert FreeSpeech 🇧🇷 🇫🇷 (@xazalbert)
DOJ should go beyond and push to the break up of other elements such as YouTube and android.
Also the google algorithm should be made public and…
La prochaine étape est désormais de se prononcer sur la peine imposée à l'entreprise et donc les réponses à apporter à sa position dominante.
Google devrait faire des propositions le mois prochain avant une audience prévue en avril devant le juge Amit Mehta.
Quelle que soit la décision du juge Mehta, Google devrait faire appel de cette décision ce qui prolongera le processus pendant dans des années.
L'affaire risque de finir entre les mains de la Cour suprême et reste suspendue à l'arrivée au pouvoir en janvier de Donald Trump. Le milliardaire républicain va placer une nouvelle équipe à la tête des autorités de la concurrence et a soufflé le chaud et le froid sur ses intentions concernant les géants technologiques.
Il a nommé, pour diriger le régulateur américain des télécoms, la FCC, Brendan Carr, qui veut "démanteler le cartel de la censure" imposé, selon lui, aux conservateurs par les géants de la tech que sont Facebook, Google, Apple ou encore Microsoft.
Mais le président élu a aussi indiqué qu'un démantèlement serait excessif.
- Sommes mirobolantes -
Le ministère de la Justice veut que Google se sépare de Chrome, le navigateur internet le plus utilisé au monde, parce qu'il constitue un point d'accès majeur au moteur de recherche, sapant ainsi les chances de potentiels concurrents.
Selon le site StatCounter, Google pesait, en septembre, 90% du marché mondial de la recherche en ligne et même 94% sur les smartphones.
"L'approche du ministère de la Justice entraînerait un excès de pouvoir sans précédent de la part du gouvernement qui nuirait aux consommateurs, aux développeurs et aux petites entreprises américaines – et mettrait en péril le leadership économique et technologique mondial de l'Amérique", a encore réagi Kent Walker, le responsable de Google.
Adam Kovacevich, directeur général de l'organisation industrielle Chamber of Progress, a estimé que les exigences du gouvernement étaient "extravagantes" et défiaient les normes juridiques, appelant plutôt à des remèdes plus ciblés.
Le procès, qui s'est terminé l'année dernière, a examiné les accords confidentiels de Google avec les fabricants de smartphones, y compris Apple.
Ces accords impliquent des paiements substantiels pour sécuriser le moteur de recherche de Google en tant qu'option par défaut sur les navigateurs, les iPhones et autres appareils.
Le juge a déterminé que cet arrangement fournissait à Google un accès inégalé aux données des utilisateurs, lui permettant de développer son moteur de recherche pour en faire une plate-forme dominante mondialement.
A partir de cette position, Google a étendu son empire technologique et de collecte de données pour inclure le navigateur Chrome, Maps et le système d'exploitation des smartphones, Android.
Les dix semaines de procès avaient permis de révéler les sommes mirobolantes versées par la filiale d'Alphabet pour s'assurer de l'installation par défaut de Google Search, notamment sur les smartphones fabriqués par Apple et Samsung.
Les poursuites qui avaient été lancées lors du premier mandat de Donald Trump (2017-2021) et continuées sous la présidence de Joe Biden, pourraient remodeler le marché de la recherche en ligne, si le juge retient les propositions du gouvernement.