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Passer à l'action pour l'écologie est, selon les spécialistes, un remède contre le phénomène en augmentation de " l'éco-anxiété". De nombreuses personnes s'orientent donc vers des offres plus "vertes". Les grandes entreprises en profitent aussi pour placer leurs fonds dans des projets "verts" et ainsi "décarboniser leur portefeuille". La réorientation massive de ces investissements fait craindre la formation d'une bulle spéculative, accentuée par les campagnes de communication trop positives sur lesquelles sont basées ce type d'initiatives.
La bulle spéculative de l'économie verte : des financements survalorisés et du "greenwashing"
Dans son dernier rapport trimestriel, la banque des règlements internationaux (BRI) remarque une augmentation importante dans les efforts pour limiter le réchauffement climatique ainsi qu'une tendance à réorienter les flux de capitaux vers les activités responsables. Ces considérations suggèrent qu'il va falloir surveiller de près l'évolution du marché RSE. Nicolas Rochon, président et fondateur de RGREEN Invest, une société spécialisée dans l'investissement et le financement de projets liés à la transition énergétique explique pour l'AFP que le risque est "de payer beaucoup trop cher des actifs et que tout s'effondre, comme ce qui s'est passé dans le secteur des énergies renouvelables dans les années 2008". Après un boom d'investissement initial, les actifs liés à des changements économiques et sociaux fondamentaux ont tendance à subir des corrections de prix importantes, explique le BRI.
"Greenwashing" et fausses déclarations d'investissement dans l'économie verte
Les économistes signalent le risque que des entreprises mènent quelques initiatives respectueuses de l'environnement, tout en poursuivant parallèlement des activités incontestablement non écologiques avec d'autres sources de financement. Nicolas Rochon préconise de mettre en place "des labels au niveau européen ou mondial pour des bonnes pratiques" pour pouvoir "faire ressortir les mauvais élèves".
L'inflation, inexorable prendrait la forme d'une bulle verte durable à long terme
Les experts en placements de produits ESG considèrent que l'inflation est un mouvement inexorable, d'un côté du fait de la réglementation de plus en plus tournée vers la préservation environnementale, et d'un autre côté à cause de la pression sociétale en faveur d'investissements plus responsables. Selon Jean-Jacques Ohana, analyste indépendant, la flambée des prix de l'énergie va sans doute rentabiliser, et donc alimenter durablement les investissements dans les technologies et les infrastructures vertes". Pour Léa Dunand-Chatellet, directrice du pôle IR chez DNCA (société de gestion active et responsable), "le risque est latent et la manière de l'éviter est d'élargir les investissements verts vers les actifs ISR (investissement socialement responsable)". Le phénomène environnemental, de mode, va pousser la demande et les prix de ces actifs verts vers le haut, ce qui amènera aussi à l'augmentation des prix. Une manière d'éviter de tomber dans cette situation serait d'élargir les investissements verts vers les actifs ISR et pas seulement climatiques, et de ne pas exclure les grandes entreprises qui font de réels efforts dans leur reconversion. Selon le rapport BRI, il faut prendre toutes les mesures nécessaires pour que l'inflation reste faible et stable, ancrée dans un cadre de politique monétaire crédible.