14/07/2021 reseauinternational.net  3min #192115

 Le président haïtien Jovenel Moïse assassiné dans sa résidence privée

Haïti - Rayon d'espoir

par Serge H. Moïse.

« Ce qui se conçoit bien, s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément » ~ Nicolas Boileau

Il est certes trop tôt pour crier victoire, mais tous ceux qui comme nous, au-delà de tout intérêt mesquin et personnel, n'ont eu de cesse de réclamer de nos leaders qu'ils se hissent à la hauteur de leur mission historique du moment, peuvent se tenir les doigts croisés car une lueur d'espoir se profile enfin à l'horizon.

Les tenants du pouvoir semblent avoir compris qu'à ce carrefour complexe et difficile de la vie nationale, et pour éviter une explosion sociale aux conséquences imprévisibles, il s'avère nettement plus sage d'initier ce dialogue tant attendu, puisque « gérer c'est prévoir ».

« Tout ce qui mérite d'être fait, mérite d'être bien fait » nous dit Phillip Chesterfield. Rien n'est plus vrai, pourtant, dans notre « singulier petit pays » comme ailleurs, la tendance à oublier cette simple vérité, paraît irrésistible.

En tout état de cause, le constat est général et les preuves irréfragables de notre faillite sur le plan national et international sont palpables. Il importe que tous et chacun de nous s'y impliquent afin que toutes les énergies soient bandées dans le sens du sauvetage de la nation qui évolue dangereusement au bord du gouffre.

Ce dialogue national qui aurait dû avoir lieu dès la chute de la dictature et que nous avons toujours évité représente un coût astronomique en termes d'argent mais aussi et surtout au point de vue de la perte de notre dignité, du sentiment d'appartenance à la parie commune, causant ce nivellement par le bas qui a abouti à ce chaos indescriptible.

Nous l'avons souligné plus d'une fois, pas question de jouer aux justiciers, selon une approche manichéenne avec les bons d'un côté et les mauvais de l'autre. Ce serait bien plus que de l'infantilisme mais de l'hypocrisie pour le moins criminelle.

Et suivant la bonne vieille maxime « accessorium sequitur principale » :

La bonne gouvernance, la création d'emplois, priorité des priorités, la mise en place d'une commission de la réforme judiciaire, démarche indispensable à l'instauration d'un État de Droit, la politique environnementale afin de freiner la désertification du sol, l'assainissement de l'administration publique, la réforme de l'éducation aux fins d'obvier à l'acculturation des générations montantes, la loi sur l'organisation et le financement des partis politiques, l'intégration harmonieuse et effective des couches saines de la diaspora dans la reconstruction et le développement de l'Alma mater, autant de points forts qui devront être à l'ordre du jour, avec ouverture d'esprit, transparence et dans la plus grande sérénité.

Le président de la république devrait profiter de cette ultime chance pour rentrer dans l'histoire à la dimension des Toussaint Louverture, Dumarsais Estimé, Simon Bolivar, José Marti ou d'un Nelson Mandela

Depuis le départ de la satrapie duvalérienne, tous les régimes qui se sont succédé, dans les conditions que nous connaissons, sauf un, pour être plus près de la vérité, ont manifesté à un moment ou à un autre cette tendance autocratique qui s'inscrit dans notre culture politique, avec évidemment les effets pervers qui en découlent, ce sur quoi la justice en temps et lieu, aura à se pencher, conformément aux lois de la république.

Face à la famine, aux misères atroces, aux conditions infra-humaines que subissent les millions de nos compatriotes et qui ramènent au temps de l'esclavage, nous supplions nos leaders dignes de ce nom, de faire preuve de dépassement de soi, d'empathie et d'humanisme pour que ce dernier rayon d'espoir ne sombre à tout jamais dans les ténèbres de l'égocentrisme des uns et des autres.

 Serge H. Moïse av.

 reseauinternational.net