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 Rapsit-Usa2020 : Greenwald, torpille-nuke

Il était grand temps que Glenn Greenwald démissionne de The Intercept

Par  Moon of Alabama - Le 30 octobre 2020

Hier, Glenn Greenwald a démissionné du site d'information The Intercept.

Les éditeurs de ce site, dont Greenwald était un cofondateur, ont tenté de censurer un article récent qu'il avait écrit sur la corruption de Joe Biden et sur l'effort concerté des médias pour supprimer cette histoire. Le contrat de Greenwald avec The Intercept lui garantissait l'indépendance éditoriale. Avec sa volonté de censure, The Intercept a rompu ce contrat.

Les éditeurs de The Intercept ont répondu à Greenwald par un article diffamatoire qui ne réfute aucun des arguments qu'il a présenté :

Nous avons le plus grand respect pour le journaliste Glenn Greenwald et nous restons fiers de la plupart des travaux que nous avons réalisés avec lui au cours des six dernières années. C'est Glenn qui s'est éloigné de ses racines journalistiques d'origine, et non The Intercept.

Aheem. Non. Je lis Glenn Greenwald depuis ses débuts, il y a quinze ans, sur son ancien blog  Unclaimed Territory. Il a ensuite écrit pour Salon et The Guardian. Chaque article de Greenwald que j'ai lu valait le temps passé à le lire. L'écriture de Greenwald n'a pas du tout changé. C'est The Intercept qui, peu après son lancement, s'est éloigné de ce qu'il avait promis d'être et a fini par devenir un « #MeToo » inutile dans le paysage médiatique libéral.

D'autres personnes ont commenté cette démission :

Ma première réaction à la démission de Greenwald a été une question :

Moon of AlabamaMoonofA - 18:19 UTC - 29 Oct 29 2020 Pourquoi a-t-il mis autant de temps ? Matt Taibbi 𝕏 @mtaibbi  greenwald.substack.com

La réponse est, comme Greenwald le mentionne lui-même, la sécurité financière que le contrat avec The Intercept a procuré à Glenn et à sa famille. Mais cela a eu un coût sérieux en termes de réputation qui ne valait plus la peine d'être supporté.

Il est clair  depuis longtemps que The Intercept n'a pas été le magazine de contre information qu'il avait promis d'être lors de sa fondation. J'ai écrit plusieurs articles à ce sujet.

Notre article le plus marquant sur The Intercept le décrit comme faisant partie d'une opération du gouvernement américain qui a utilisé les milliardaires de la Silicon Valley pour acheter le Washington Post et créer The Intercept dans l'intention de retirer les documents Snowden de la vue du public. Les mêmes journaux ont ensuite créé le Russiagate :

 « De Snowden au Russiagate. La CIA et les médias » a été publié le 26 décembre 2017.

Snowden avait entre  20 000 et 58 000 copies de dossiers de la NSA. Seuls 1 182 ont  été publiés. Bezos et Omidyar ont manifestement aidé la NSA à tenir à l'écart du public plus de 95% des archives de Snowden. Les documents Snowden ont été pratiquement privatisés et confiés à des milliardaires de la Silicon Valley ayant des liens avec les différents services secrets et l'administration Obama. La motivation des Bezos et autres Omidyar pour agir ainsi n'est pas évidente.  On estime que Bezos possède la somme indécente de 90 milliards de dollars. L'achat du Washington Post a été une monnaie d'échange pour lui. Omidyar vaut environ 9,3 milliards de dollars. Mais l'utilisation de milliardaires pour masquer ce qui est en réalité des opérations de renseignement n'est pas nouvelle. La Fondation Ford a été pendant des décennies une  façade de la CIA, la fondation Open Society de George Soros est l'un des principaux opérateurs des "changements de régime", bien expérimentée dans le déclenchement des "révolutions de couleur". Il aurait été raisonnable que la coopération entre ces milliardaires et les agences de renseignement cesse après que les fuites de la NSA ont été révélées. Mais il semble que l'étroite coopération des Bezos et autres Omidyar avec la CIA et d'autres agences se poursuive.

Après la saga Snowden, Glenn Greenwald a surtout écrit pour The Intercept Brazil à propos de la corruption de Jair Bolosonaro. Il a dévoilé les efforts des fascistes pour mettre l'ancien président Lula en prison. Comme il vit au Brésil, les reportages de Greenwald ont été réalisés en prenant de grands risques personnels.

Comme il va à nouveau travailler en free-lance, on peut s'attendre à ce qu'il se concentre à nouveau sur la politique américaine. Il s'ajoutera aux reportages crédibles de Taibbi, Yves Smith, Tracey et d'autres journalistes indépendants. Il est grand temps de le faire, car les médias américains de gauche sont devenus incapables de publier des informations fidèles sur leur candidat préféré.

Dans son article censuré, Greenwald souligne que les médias américains et les médias sociaux suppriment toute mention du comportement corrompu de la famille Biden en Ukraine et en Chine. Il se réjouit de pouvoir contribuer à  démystifier les mensonges des médias dans ces affaires :

L'affirmation selon laquelle Shokin n'enquêtait pas sur Burisma et son propriétaire est manifestement fausse. Comme nous  l'avons  souligné à  plusieurs  reprises, Shokin, le procureur, a confisqué quatre grandes maisons et une voiture de luxe au propriétaire de Burisma, Mykola Zlochevsky, juste dix jours avant que Joe Biden ne commence à faire pression pour le faire licencier.

Glenn Greenwald est un auteur réputé. Il pourra rassembler suffisamment de lecteurs pour soutenir ses articles, à nouveau indépendants. Mais l'indépendance a un prix. Outre l'aspect financier, il y a de nombreux avantages à écrire pour un grand média. En tant que blogueur indépendant et solitaire, ces avantages nous manque parfois.

Mais le parcours professionnel de Greenwald ne fait que renforcer ma détermination à poursuivre Moon of Alabama en tant qu'entité indépendante. C'est la seule façon de faire des reportages et d'émettre des opinions sans l'interférence d'autres intérêts. Mes remerciements vont à vous, les lecteurs, qui rendez cela possible.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Jj pour le Saker Francophone

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