par Olivier Field
Ici nous n'allons-nous intéresser qu'à une certaine catégorie d'otages, ordinairement perçu comme juifs ou israéliens et victimes des évènements découlant du 7 octobre 2023.
D'abord et par ordre croissant, les vivants détenus dans les tunnels du Hamas dans les ruines de la bande de Gaza, puis naturellement les corps des décédés victimes collatérales des campagnes d'annihilation de la zone par bombardements multiples et autres destructions militaires.
Puis vient le reste : une quantité inouïe disséminée sur le globe pris en otage d'une mécanique fatale qui ne pourra leur apporter que des souffrances certaines. Ce sont ces otages qu'il faut libérer à tout prix. Nous parlons ici des millions d'hommes et de femmes qui sont essentialisés comme juifs. Une population de toutes les races, de toutes les origines, présente dans la totalité des pays du monde, phénomène exceptionnel, et appelée «les juifs». Leur lien commun est une religion qui a traversé les âges mais à laquelle l'adhésion est très variable ; certains la pratiquent, certains la vivent comme essentielle, d'autres en sont très éloignés voire n'y portent aucune attention particulière. L'origine et la race n'a guère plus de réelle uniformité puisque cette population s'est métissée et a pour la grande majorité sa source dans les terres d'Europe de l'Est et des Balkans. Depuis longtemps ce sont des Russes, des Ukrainiens, des Baltes, des Allemands, des Roumains, des Polonais, des Biélorusses puis finalement des Français, des Anglais, des Nord-américains, des Sud-américains et autres. Une plus faible proportion viennent des pays proches de l'actuel Israël, Maghreb, Syrie, Égypte, Turquie, Grèce, etc. Enfin, le lien à Israël, vécu comme la terre d'essaimage de tous, mythe bien accepté, n'est pas aussi important pour certains pour qui c'est un pays comme un autre. Comment cette population a pu construire et conserver l'illusion d'une telle homogénéité au fil des siècles, la rendre parole d'évangile indiscutable et définitive ? Quel est son mortier ?
L'antisémitisme est son mortier !
Rappelons que même le mot est sans sens puisque la part de population sémite est minoritaire chez «les juifs» et la part de juifs chez les sémites est aussi minoritaire... L'antisémitisme est le concept qui impose à chaque personne tenue pour juive une obligation d'appartenance. Puisque c'est l'antisémitisme qui désigne le juif, il ne peut échapper d'aucune façon à cette obligation d'en être la victime, et solidaire de tous les autres dans le même cas. Sans antisémitisme, ni la population juive, ni la religion israélite, ni la communauté n'existerait. Les siècles, les mélanges les auraient dissoutes et ramenées à une des nombreuses richesses de la diversité du monde, une petite pièce dans la mosaïque de l'humanité. Voilà donc le mortier indispensable à la survie d'une force vitale juive. C'est pourquoi dans un acte de volonté tacite, une bonne part de ceux qui sont essentialisés comme «juifs» se doivent de le faire vivre, prospérer, en dépit des intérêts immédiats et de la réalité parfois, souvent bien éloignée de cette image de malédiction qui revient toujours, tue, oppresse et afflige «les juifs». La grande diversité à tous points de vue de la population des «juifs» fait que certains sont absolument étranger à ces fonctionnements mais plus l'antisémitisme sera exacerbé, plus la cohésion se fera, l'appartenance augmentera. Et tous seront les otages de cette essentialisation. Tous seront désignés comme «juifs». Tous seront tenus pour cibles obligées de l'antisémitisme. Un véritable cercle vicieux dont la seule fonction est de maintenir l'unité globale. Tous ne militent pas, mais ceux qui le font sont, consciemment ou par tradition, les chantres dénonciateurs d'un antisémitisme qu'ils nourrissent.
Les comportements de l'État d'Israël, de ses gouvernements, de ses soldats, de ses politiques et leurs relais de par le monde, surtout occidental, dopent un sentiment de colère général et indiscriminé. Les injustices, les outrances, les inhumanités, la morgue et le suprémacisme racialiste déversé au vu de tous sur la planète, n'a qu'une fonction : maintenir l'antisémitisme au plus haut niveau pour sauver la pérennité d'une communauté juive embarquant tous «les juifs».
La suite est connue, hélas. Une formidable colère va, sans discrimination, s'abattre sur tous ceux qui seront assimilés à cette communauté. C'est arrivé très régulièrement ces derniers siècles, pas besoin de le rappeler... Pour éviter cela, une solution. Libérer les otages, libérer le «peuple juif» de cette destinée autoproclamée, auto générée de victime. Il est temps de refuser de se laisser happer dans cette mécanique pathologique qui est indigne de notre qualité d'homme. Chacun doit être traité pareillement et estimé en fonction de ses actes, pas des intérêts de sa communauté.