Les législatives israéliennes viennent de se terminer. Leur résultat s'est avéré décourageant pour les rivaux de Benjamin Netanyahu. Son parti Likoud a remporté la victoire obtenant avec ses alliés plus de voix que les sondages ne le prédisaient. Seule une querelle avec des partis religieux pourrait empêcher Netanyahu de revenir dans le siège de premier ministre, car leur popularité est bien plus grande qu'on ne s'y attendait.
Benjamin Netanyahu a commenté avec retenue les premiers sondages à la sortie des urnes témoignant d'une victoire de ses partisans, en disant qu'il s'agit d'un « bon départ ». Le premier ministre sortant Yaïr Lapid refusait pendant longtemps de commenter les résultats rapportés. Il appelait ses partisans à attendre les résultats finaux avant de tirer des conclusions.
Mais le décompte de 86% des bulletins ne le rendait plus si optimiste. Son parti obtenait seulement près de 18% des voix. C'est moins que ne le prédisaient les sondages et largement inférieur par rapport à Likoud. Le parti de Netanyahu était devant avec 23%. Et il pourrait constituer une majorité parlementaire avec ses alliés, le Sionisme religieux, les partis Shas et Judaïsme unifié de la Torah. Et le dépouillement de 97% des suffrages a confirmé que le miracle ne s'était pas produit pour Lapid. Le Likoud et ses alliés ont obtenu 65 sur les 120 sièges à la Knesset. Alors que la coalition que Lapid pourrait former ne dépasse pas 50 places. Tout cela rend le retour de Netanyahu au poste de premier ministre plus que probable.
Il convient de noter dans le succès de « Bibi » insubmersible le succès de ses alliés. Ce n'est pas la première fois que Netanyahu fera alliance avec Shas orienté sur des juifs ultra-orthodoxes, notamment ressortissants de pays arabes, ainsi qu'avec le Judaïsme unifié de la Torah, dont l'électorat représente des juifs religieux modérés d'Europe. Cependant, le Sionisme religieux a obtenu un résultat sans précédent. Il recevra au moins 14 mandats. Les leaders de cette force politique Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir devront être inclus dans le gouvernement. Alors que tous les deux, notamment le second, ont une réputation d'extrême-droite, voire d'extrémistes. Cela pourrait sérieusement compliquer la constitution du gouvernement. Et en même temps cela représente une sorte de devinette pour les politologues et les sociologues: pourquoi les Israéliens ont-ils préféré voter pour les forces d'extrême-droite que beaucoup considèrent comme marginales.
Des facteurs objectifs ont évidemment joué leur rôle. L'alliance Yamina s'est effondrée. Elle réunissait la droite qui s'opposait à Netanyahu. Son électorat a rejoint en grande partie le Sionisme religieux. Le point principal du programme de l'extrême-droite a également joué son rôle. Elle promettait des méthodes fermes pour lutter contre les terroristes. Israël s'est en quelque sorte habitué à vivre dans les conditions d'une menace terroriste, mais la société israélienne est tout de même fatiguée des attaques permanentes. L'une d'elles a d'ailleurs eu lieu le jour des élections. Une attaque à la voiture-bélier a eu lieu au poste de contrôle de Maccabim (Modiin). Selon les informations préliminaires, c'est l'organisation Djihad islamique qui en serait responsable.
Enfin, le résultat a été également influencé par l'augmentation du nombre de juifs religieux au sein de la société. Ces législatives se sont déroulées avec un taux de participation élevé, environ 71%, notamment grâce aux jeunes de familles religieuses.
Alors que le plus important pour la Russie et pour l'Ukraine dans ces élections est de savoir comment la position d'Israël changera avec le nouveau premier ministre. Le ministère russe des Affaires étrangères a commenté avec retenue l'annonce du retour supposé de Netanyahu, ayant la réputation d'un homme capable de trouver un terrain d'entente avec Moscou. « Nous espérons que le nouveau gouvernement de ce pays, quel qu'il soit, maintiendra sa politique de développement et de renforcement de la coopération diversifiée avec la Russie, comme c'était le cas pendant de nombreuses années. De notre côté, nous y sommes prêts », a déclaré Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.
Alexandre Lemoine
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