Dans un éditorial intitulé « Big Brother, Special Coronavirus Edition », le quotidien israélien Haaretz dévoile un projet de loi destiné à permettre à la police d'accéder aux données recueillies dans le cadre sanitaire.
« Sous couvert d'un projet de loi augmentant les amendes pour violation des restrictions relatives aux coronavirus, le cabinet vient de dévoiler un projet de loi qui permettrait à la police d'accéder aux informations recueillies lors des enquêtes épidémiologiques et de les utiliser dans les enquêtes criminelles. », rapporte le quotidien.
Même si la législation existante stipule que les informations collectées lors des opérations de recherche des contacts seront stockées exclusivement dans les bases de données du ministère de la Santé et ne seront utilisées que pour empêcher la propagation du virus, l'amendement proposé donnerait à la police le pouvoir d'obtenir ces informations si elles sont nécessaire dans une enquête pénale, même si l'enquête n'a aucun lien avec le coronavirus.
Certes, les employés du ministère de la Santé sont toujours tenus de garder les informations confidentielles, mais ils seront autorisés à les donner à la police s'ils estiment que cela est nécessaire pour une enquête criminelle. Il n'est pas dit clairement si les informations que la police serait autorisée à recevoir incluront également des données obtenues par le service de sécurité du Shin Bet, qui utilise actuellement la géolocalisation des téléphones portables pour suivre les mouvements des Israéliens.
Ce projet de loi est une nouvelle étape dangereuse sur une pente glissante permettant à l'Etat d'accumuler des pouvoirs de plus en plus draconiens pour surveiller ses citoyens et porter atteinte à leur vie privée, tout en s'abritant sous les larges ailes de la «bataille contre la pandémie».
Mais cette fois, il est impossible de justifier la réduction accélérée de l'autonomie individuelle par la nécessité de rompre les chaînes de l'infection. L'objectif de ce projet de loi n'est certainement pas d'aider à lutter contre le virus. Cet amendement exploiterait plutôt les services de santé publique pour aider la police à accélérer les enquêtes criminelles, contournant ainsi les limites légales qui garantissent aux gens leur vie privée en temps normal.
Dans la pratique, cela risque également de compromettre gravement les efforts de recherche des contacts. Car la recherche des contacts nécessite l'obtention de réponses véridiques du public, et des réponses véridiques ne seront données que si le public fait confiance aux agences gouvernementales. Tout comme le but des enquêtes internes dans les hôpitaux est de tirer des leçons et d'améliorer les procédures plutôt que de trouver des personnes à blâmer, il est également clair que l'utilisation des informations recueillies lors des enquêtes épidémiologiques pour les procédures pénales détruira les derniers vestiges de la confiance du public dans les bonnes intentions du gouvernement.
Quelqu'un qui craint que les informations qu'il fournit puissent être incriminantes préférera ne pas donner d'informations du tout. L'échec complet de l'État dans la lutte contre le virus, tant du point de vue sanitaire qu'économique, découle en partie de la perte de confiance du public dans le gouvernement. À maintes reprises, il est devenu clair qu'un gouvernement dirigé par un homme accusé de crimes et préoccupé par nombre de sujets sans rapport avec l'intérêt public n'est pas en mesure d'obtenir la confiance du public et de conduire le pays vers un atterrissage sûr. Ce nouveau projet de loi est un grand pas dans la mauvaise direction. Il doit être écarté immédiatement. »
Source : haaretz.com
CAPJPO-EuroPalestine