04/02/2025 investigaction.net  47min #267935

Je vous écris de Gaza

Natalie Cholodenko

AFP

Il y a quelques mois, nous lancions l'Opération Gaza Vérité, un espace d'échanges sur les discussions souvent difficiles autour de soi à propos de l'offensive génocidaire israélienne. L'objectif ? Partager ses expériences, s'informer et se former pour lutter contre la propagande de guerre. C'est dans ce cadre que Natalie Cholodenko nous a envoyé ce texte, émouvant et instructif. Dès les premiers bombardements d'octobre 2023, elle s'est plongée dans l'enfer de Gaza, dans les appels de détresse, les cris étouffés, les images terribles que l'industrie médiatique voulaient cacher. Natalie Cholodenko leur donne écho et les situe dans leur contexte politique et historique pour éveiller les consciences. Fille d'un réfugié juif de Russie, elle explique pourquoi ses origines et son parcours ne pouvaient la laisser insensible au drame subi par les Palestiniens. (I'A)

177° jour de la guerre déclarée par Israël aux Gazaouis. Le décompte macabre égrène jour après jour après jour son lot de nouvelles atrocités, toujours pires, toujours plus cruelles, plus injustes, plus monstrueuses, plus indignes.

Le 7 octobre a été un événement disruptif, ainsi qu'il a été voulu.

Cependant, pour qui voulait bien la remettre dans le contexte de la situation de la bande de Gaza, sous le contrôle impitoyable d'Israël depuis près de 20 ans, l'attaque opérée ce jour-là se comprenait. On ne peut maintenir les gens dans une prison à ciel ouvert sans s'attendre à ce qu'ils veuillent un jour en sortir. Plus étonnante était l'apparente facilité avec laquelle le fameux appareil de défense israélienne avait cédé devant un commando dont l'avancée terrestre se faisait à motocyclette, et les forces aériennes se réduisaient à des... parapentes.

Le bilan humain a été terrible - il n'est pas certain que ce fut dans les plans, et il reste encore à faire la part des morts du Hamas et de ceux dont l'armée israélienne est responsable. Mais pas tant que la propagande israélienne n'éprouve aussitôt le besoin d'ajouter de l'horreur à l'horreur par quelques atrocités de son invention : bébés décapités, nourrisson jeté dans un four, et bien sûr viols, en série, de femmes, de filles, de grand-mères devant leurs petits-enfants, de cadavres sans distinction de genre, et, pourquoi pas, ventres ouverts et foetus arrachés, seins tranchés et têtes coupées pour de macabres parties de foot. Fake news abondamment relayées dans tous les médias, et jusqu'au président Joe Biden témoignant de photos n'ayant jamais existé.

Le narratif était mis en place, qui autorisait une réponse à la mesure de la barbarie de l'agression.

Dans les jours qui suivent, la délégation israélienne déploie le grand jeu devant les Nations Unies. Arborant l'étoile jaune, elle en appelle au souvenir de l'Holocauste, qualifie de pogrom l'attaque du 7 octobre, "tentative génocidaire de destruction d'Israël".

B. Netanyahu à la télévision métaphorise le combat des fils de la lumière contre celles de la nuit, de la civilisation face à la barbarie. Le juste droit à se défendre d' Israël contre des ennemis désignés comme des "animaux humains", laissait carte blanche à Bibi Netanyahu et son cabinet d'ultradroite fanatique.

Les mantra sans attendre envahissent l'espace médiatique : blanc-seing accordé à Israël à se défendre par tous les moyens, soutien inconditionnel des nations occidentales unanimes, condamnation obligatoire du groupe terroriste du Hamas - "Condamnez-vous le RRHamass?" répété ad nauseam - toute réserve, toute tentative de remettre l'événement en contexte ou de rappeler l'historicité du conflit vaut d'être sanctionné de l'accusation infamante d'antisémitisme.

Et la boucherie commença.

Where do birds go after the last sky ?

Mahmoud Darwish

Déportation

Images éternelles d'exils. Les cohortes de civils déplacés, portant sur leur dos d'énormes sacs, des couvertures, le précieux bric-à-brac qu'ils ont pu prendre lorsque l'ordre leur a été donné d'évacuer une fois de plus le campement de tentes bricolées sous lesquelles ils s'abritent, bien qu'elles ne les protègent ni de la pluie, ni du vent, ni du froid. C'est peut-être leur troisième ou quatrième exode sur les routes qui leur ont été indiquées comme "sûres" - et cependant bombardées. Ils sont affamés, assoiffés, il pleut, il fait froid. Tout alentour n'est que ruines et décombres. Ils fuient sous la menace des drones, ils fuient sur les routes défoncées, sans savoir vers quoi, quel endroit sûr, il n'y en a pas dans tout Gaza. Beaucoup sont à pied, l'aïeul en fauteuil roulant. Ou bien juchés sur des charrettes avançant cahin-caha, tirées par un âne maigre que guide un jeune garçon perché sur une pile de matelas ; il dit dans un grand sourire aux yeux clairs : "cet âne, il nous a plus aidés que nos frères arabes..."

Bombardements

C'est un déluge de feu, de bombardements, jour et nuit, la nuit surtout. Les bombes explosent sans relâche, parfois toutes les deux minutes, visant les habitations en tout premier lieu : des familles entières sont soufflées dans leur sommeil, une lignée complète disparaît en un éclat.

Autour du cratère de la bombe, sitôt les fumées de l'explosion dissipées, les hommes accourent en foule pour prêter main-forte aux sauveteurs, sauver ceux qui peuvent l'être, retirer les blessés des décombres, transporter les corps inanimés dans des couvertures...fouiller ces ruines, soulever les blocs de béton à mains nues pour en extraire des corps, d'autres corps, parfois vivants, mais ce sont alors souvent ceux d'enfants, seuls rescapés d'une famille entière réduite à néant. À l'hôpital, en l'absence d'identification par des voisins ou de la famille, ils sont désignés par un acronyme : W.C.N.S.F. Lisez Wounded Child No Surviving Family.

Gestes d'amour et de désespoir au-dessus des corps ligotés, terrifiants alignements de linceuls de plastique, avant que les crocs des bulldozers ne les ensevelissent sous les pelletées de terre. Prières aux morts chéris de la communauté entière, mains ouvertes, bras croisés, appels à Dieu, avant de se retirer, cœurs meurtris, épaules voûtées sous le chagrin, la perte.

Plus tard, des rescapés de l'attaque retournent aux décombres, tâchent d'y retrouver quelque bien, couverture, matelas, boîtes de conserve, jouets, livres, cherchent dans les ruines le souvenir d'une maison, d'une vie disparue en un instant. Un enfant, tout heureux, retire des gravats un jouet, une peluche, un sac d'école, seuls points de couleurs dans ce capharnaüm de cendres et de débris.

Drones

Le bruit de moteur des drones vrombit 24/24 au-dessus des têtes, dans un ciel qui n'est plus jamais bleu, mais gris des poussières des bombardements ; un lancinant bourdonnement (les Gazaouis lui ont donné un nom : Zanzaneh) qui empêche de penser, de dormir. Ces drones sont chargés de leur rappeler qu'ils sont surveillés en permanence, et que rien ni personne ne peut échapper au système de reconnaissance faciale de l'armée la plus sophistiquée du monde. Grâce à eux, les cibles sont repérées, de préférence les journalistes, les professeurs, les écrivains et les poètes, les universitaires, les médecins aussi 1 : il ne fait pas bon être capable de raconter la réalité de l'horreur à Gaza par ces temps de ténèbres. Une pratique astucieuse a cours : attendre que la victime désignée rentre chez elle pour déclencher la charge meurtrière - ainsi toute la famille disparaîtra en même temps. Le programme grâce auquel le domicile est repéré s'appelle Where's Daddy. Humour génocidaire.

Les drones peuvent aussi tirer des missiles, ciblant les voitures- ce peut être d'humanitaires comme World Central Kitchen 2, tout comme celle de civils fuyant les bombardements ; des ambulances ou des équipes de journalistes 3.

Ou juste des gens : quatre ados marchant dans la rue, à la recherche de nourriture. Survolés par un drone, ils disparaissent dans une volute de fumée grise ; un garçon portant une bicyclette est mitraillé depuis un drone : la bicyclette avait été confondue avec une arme. Deux jeunes gens sur la plage se dirigent vers des soldats près d'un bulldozer, brandissant un drapeau blanc ; mitraillés, leurs corps seront enfouis dans le sable de la plage au bulldozer.

Les drones peuvent aussi être utilisés en arme psychologique : en diffusant des appels de détresse, des cris de bébés, des bruits de tirs, insufflant encore plus de peur et de souffrance là où tout n'est déjà que peur et souffrance.

Hind

Un appel de détresse enregistré au Croissant Rouge. C'est une petite fille qui appelle : elle a six ans, elle s'appelle Hind, elle est la seule rescapée dans cette voiture atteinte par un missile. Elle supplie qu'on vienne la chercher, elle est toute seule entourée des cadavres de sa famille, elle est terrorisée, l'obscurité tombe, elle a peur dans le noir. Elle dit qu'il y a un tank qui s'approche de la voiture. Le Croissant rouge la garde en ligne pendant qu'ils cherchent une équipe pour la secourir, et signaler à l'armée le parcours de leur ambulance. Deux semaines plus tard, on retrouve son corps dans la voiture criblée de plus de 300 impacts de balles, et ceux des deux sauveteurs près de l'ambulance venue la secourir, carbonisés.

Famine

Une foule s'agglutine autour d'un convoi d'aide humanitaire, un des rares ayant pu pénétrer dans la bande de Gaza. Les images de drones qui la survolent montrent ce qui fait immanquablement penser à une cohorte de cafards. Ils crèvent de faim, ils sont désespérés, on les veut déshumanisés. Ils sont tirés comme des lapins, dans la nuque ou dans le dos alors qu'ils tentent d'arracher un sac de farine qui nourrira la famille pendant une semaine. On appelle cela "Le Massacre de la Farine". On compte une centaine de morts, 600 blessés. Il y en a d'autres, dans les mêmes circonstances, contre des convois humanitaires, des centres de distributions, crimes répétés d'une armée sans circonstances atténuantes.

La famine est organisée par l'obstruction systématique à l'entrée de l'aide humanitaire : les camions par centaines stationnent en files interminables au seul point de contrôle ouvert à la frontière avec l'Égypte - pendant que, de l'autre côté, à cent mètres, les enfants meurent, de faim. L'armée fait preuve d'une imagination obscène : ainsi des chargements entiers de matériel médical d'urgence sont refoulés ou détruits parce que comportant des scalpels, des panneaux solaires, des incubateurs, n'importe quoi regardé comme pouvant attenter à la sécurité d'Israël. Un seul colis suffit pour détruire tout le chargement. La liste des matériels interdits change tous les jours.

Des familles israéliennes organisent des pique-niques au point d'entrée de Rafah. Elles sont venues pour le bloquer, garantir la famine, et distribuent des cookies aux soldats censés contrôler le passage de l'aide humanitaire, communiant dans un joyeux élan patriotique.

La semaine dernière, un pas a été franchi dans l'inhumanité : des hordes de colons attaquent des camions chargés d'aide et de nourriture, démantèlent le chargement, piétinent les précieux cartons ou y mettent le feu, et lynchent le chauffeur.

Réfugié.es

L'électricité est rare, l'eau potable aussi, sans fuel pour alimenter les générateurs ni les pompes de désalinisation. Le gouvernement israélien, en effet, a annoncé dès le
8 octobre, la décision de priver ces "animaux humains" de tout ce qui est indispensable à la vie, punition collective infligée à la population de Gaza confondue avec les combattants du Hamas, suivant le principe "qu'il n'y a pas de civils innocents".

Les puits ont été comblés, les réservoirs mitraillés, les infrastructures détruites, et l'occupant a coupé l'approvisionnement en eau de Gaza dont il a le contrôle. Des files interminables se bousculent auprès des rares robinets, parfois très loin du campement ; il faut porter le chargement de bidons sur plusieurs kilomètres. Le garçon sur la vidéo tire une charrette chargée de l'approvisionnement de plusieurs familles, affaibli par la faim, il trébuche et tombe sous son fardeau, il sanglote de faiblesse, d'impuissance.
Un tir de sniper le couche à jamais.

On lave le linge et l'on cuisine avec de l'eau souillée, on boit de l'eau de mer aussi, la dysenterie fait rage, comme les maladies de peau. Il n'y a bien sûr que peu ou pas de toilettes. On cuisine sur des sortes de braseros créés pour l'occasion, allumés au plastique faute de bois.

Toutes les boulangeries ayant été détruites, lorsque la farine manque, le pain est fait à partir de nourriture pour animaux ; on va dans les dunes cueillir la khobiza, ces longues herbes nutritives qui feront la soupe. Les pères se désespèrent de ne pouvoir nourrir leur famille. Les conversations tournent sans répit autour de la nourriture et des bombardements.

Pourtant des écoles sous tente sont organisées, et des jeux, des spectacles pour les enfants, leur faire oublier un instant la folie qui les entourent. Bisam, une jeune journaliste qui poste sur Tik Tok son journal de guerre, se fait conteuse sous la tente, entourée d'un public avide éclairée par un brasero ; elle conte l'histoire de Gaza, elle conte des histoires de désert et de bergers, de rois voyageant en chameaux. On invente des subterfuges pour habituer les enfants à ne plus craindre le bruit des bombes, en faisant exploser des pétards.

Hôpitaux

L'hôpital Al Shifa entièrement détruit après 2 semaines de siège. De ce qui fut le complexe hospitalier le plus moderne de Gaza ne restent que des carcasses calcinées jonchées de débris et de cadavres. Les tanks entourent l'hôpital ; les soldats lourdement armés déboulent à l'intérieur et tirent sur tout ce qui bouge, patients, blessés, infirmiers, familles réfugiées, ils sont des dizaines de milliers campant depuis des semaines dans les couloirs, les salles, les halls d'entrée, les cours de ce qui leur semblait pouvoir encore constituer un abri sûr. Des médecins, des soignants, le directeur de l'hôpital, sont arrêtés, déshabillés, battus à genoux menottés, puis jetés dans un truck vers une destination inconnue ; ils réapparaîtront - ou pas - dans quelques jours, dévastés par les coups, les humiliations, les tortures.

Pratiquement tous les hôpitaux sont bombardés ; quelques-uns, rares, restent opérationnels, les personnels soignants dont les unités ont été détruites viennent y prêter main forte, mais ils manquent de tout, à cause du blocage opéré par l'occupant : plus de désinfectant, plus d'analgésiques ni d'anesthésiants, plus d'antibiotiques non plus, ni de médicaments. Les chirurgiens opèrent 24/24, dorment à peine, subissent la faim eux aussi et la peur, pour leur famille ciblée par l'armée. Des enfants, par dizaines, sont amputés sans anesthésie, les femmes enceintes césarisées de même. La gangrène attaque les membres broyés faute d'antiseptique, les amputations se font à la chaîne, pour des blessures qui auraient pu être traitées si traitements il y avait. Des enfants déchiquetés par les shrapnels se vident de leur sang sur le sol des urgences, sans même de morphine pour adoucir leur agonie. Rien non plus pour soulager les atroces brûlures occasionnées par les bombes au phosphore blanc, yeux sans paupières, bouches sans lèvres, chairs boursouflées d'ulcères.

À l'hôpital Al Nasser, évacué de force : "Dehors animaux !" - les snipers font des cartons sur médecins ou malades fuyant en files trébuchantes. Des blessés évacués meurent écrasés sous les chenilles des tanks. Des prématurés ont été retrouvés décomposés dans leur couveuse : l'électricité a été coupée après l'expulsion des soignants. L'infirmière en charge avait supplié les soldats de la laisser pour s'en occuper, ils avaient promis de le faire.

Génocide culturel / Urbicide

On ne compte plus les habitations détruites, les édifices civils réduits à néant. Tout, tout, tout, les universités, les écoles, les musées, les bibliothèques, les archives, les sites archéologiques, les mosquées, les églises sont arasés, brûlés, explosés, une culture entière, toute une mémoire réduite à l'état de décombres d'une désolante grisaille... Les cimetières sont détruits, les sépultures profanées ; les fosses aménagées dans les rues, les cours, pour pallier le manque de place - il y a tant de morts - sont fouillées par les tanks, laissant les corps se décomposer à l'air libre, sinistres paquets de chiffons émergeant des gravats.

Colonisation

Il me faut encore parler des territoires occupés de Cisjordanie et des atrocités commises quotidiennement par les colons activement soutenus par l'armée.
En treillis militaires, ils patrouillent les collines occupées illégalement, armés des fusils mitrailleurs aimablement distribués par le ministre Ben Gevir, lui-même colon. Ils volent les troupeaux, terrorisent les pasteurs, démolissent les maisons, s'approprient les terres de pâture et les vergers, mettent le feu aux oliviers, tirent à bout portant sur qui s'insurge.

Depuis le 7 octobre, la violence, les exactions, les meurtres ont été décuplés. Les arrestations aussi : ils sont à présent plus de 8000 emprisonnés dans les geôles israéliennes dans des conditions inhumaines. Il est courant de voir des prisonniers mourant sous la torture 4.
L'imagination perverse de l'occupant n'a pas de limite. Et il ne lui en est imposée aucune : foin de droits humains ou de principes, c'est Israël qui fait la loi.

Voici près de 6 mois maintenant que je vis happée dans le vortex de l'horreur, de la souffrance de ces hommes, de ces femmes, de ces vieillards, de ces mères, de ces enfants, de ces bébés, aux visages ravagés de douleur, aux corps mutilés sanguinolents ; enfants extraits des décombres au sortir d'un bombardement, secoués de tremblements convulsifs, regards ouverts sur l'inexprimable... enfants aux jambes arrachées, mères en sanglots sur des petits corps disparaissant dans des couvertures souillées de sang - le petit visage aux yeux clos émerge, couvert d'une carapace de poussière grise ; pères, frères hébétés de chagrin pleurant les yeux secs, les mains ouvertes en prière muette.

Comment supporter ce massacre sans fin, envahie de désespoir, de rage ?

Car je suis loin, très loin, en France, rivée sur l'écran de mon ordinateur, le cœur déchiré de compassion et d'impuissance. Que faire pour rendre justice à ce peuple martyrisé ? Que faire pour répondre à la question "où étais-tu ?"quand le monde parle "du premier génocide retransmis en direct sur nos smartphones". Que faire pour ne pas sombrer dans ce naufrage de notre humanité ?

Écrire au moins, dire. Dire la souffrance, mais aussi la force, l'incroyable force, résistante, digne, admirable.

"Mon coeur est resté à Gaza"

Au jour du 7 octobre, ma relation avec la Palestine était plutôt lointaine, remontant à ma jeunesse brièvement politisée : fille de réfugié de la Révolution russe, apatride et résistant, tôt éveillée aux valeurs révolutionnaires, l'anti-colonialisme, la défense des peuples opprimés, je fus biberonnée aux évènements de la guerre d'Algérie puis aux manifs contre celle du Viêt Nam ; adolescente, je me souviens des défilés en keffieh scandés de "Palestine vaincra!", ce qui avait pour effet, recherché, de fâcher beaucoup notre père, juif et sioniste, auquel nous expliquions en vain qu'antisionisme ne signifiait pas antisémitisme, qu'il ne fallait pas confondre Israéliens et israélites, et que Yasser Arafat n'était pas un terroriste, mais un combattant de la liberté.

Un peu plus tard, en recherche de ma judéité, je développai une passion douloureuse pour les victimes de la Shoah, les raflés du Vel d'Hiv, les fusillés des fosses d'Ukraine, les rescapés des camps traversant l'Europe pieds nus dans la neige pour rejoindre la Terre Promise. Fière d'appartenir à ce peuple errant, animé d'un génie capable de produire les quatre figures majeures de notre civilisation Jésus, Marx, Einstein et Freud, alors même que mon appartenance n'était qu'assez lointaine - n'étant qu'à moitié juive, par mon père (alors que la filiation juive se fait par la mère) - j'arborais ces quartiers de sang juif comme des quartiers de noblesse.

Ces malheureux héros d'une tragédie longue comme l'histoire de l'humanité n'avaient pour moi rien de commun avec les sabras, les pionniers bronzés des kibboutz le regard fier sur leurs tracteurs ; en ceux-ci, à vrai dire, je voyais la fin des "vrais" Juifs, ceux de la Diaspora et de la musique klezmer, des shtetls et des ghettos de Tolède, de Joseph Roth et Albert Cohen.

Toutefois, je ne pouvais m'empêcher - tout en étant consciente du projet colonialiste qui l'infuse - d'éprouver une certaine admiration, un peu honteuse, pour l'épopée romantique de la construction de l'État d'Israël - "a land without people for a people without a land". Ce peuple "sans terre" avait quand même su faire fleurir le désert, certes aux dépens du peuple indigène de cette terre "sans peuple", mais dans ces réfugiés éternels parqués dans des camps de fortune, je ne voyais que de tristes victimes balayées par l'histoire.

Dans la presse, si le sujet était très présent - toujours orienté vers Israël - la récurrence des conflits et guerres "au Proche-Orient" a fini par lasser. Le traitement du sujet, indifférent aux dégâts et aux souffrances occasionnés par ces "conflits" comme à leur cause, et les présentant comme de grosses échauffourées valeureusement remportées par Tsahal, leur ôtait toute réalité. Certes, la question de la création de ces réfugiés n'était pas bien claire, mais on ne cherchait pas trop à comprendre "Ah, la situation au Moyen-Orient, c'est... compliqué".

Survint le 7 octobre. Dès les premiers jours, la violence de la réplique d'Israël alerta les consciences sur ce qui était déjà la chronique d'un génocide annoncé. L'interview d'Emily Callahan, une infirmière de MSF rapatriée par son organisation quand les bombardements s'intensifiaient, a été pour moi décisif. À l'intervieweur qui l'interrogeait sur son ressenti au sortir de cet enfer, elle répondit par un cri d'amour :
"Je ne pense qu'à y retourner. Mon cœur est resté à Gaza, auprès de l'équipe à l'extraordinaire humanité. Je ne peux oublier leur générosité, leur résilience, leur courage, et leur sourire. Je pleurais de les quitter, je pleure d'être loin d'eux".

Ce cri m'a fait prendre conscience d'être restée dans l'ignorance de ce peuple palestinien, avec son histoire et son identité, un peuple dont j'avais soudain hâte
de faire la connaissance.

Vous, qui tenez sur les seuils, entrez et prenez avec nous le café arabe.

Mahmoud Darwish. État de siège

Et je partis à la découverte de l'histoire de la Palestine et des Palestiniens.

Je découvris la beauté des villes, loin de l'image de constructions hâtives des camps de réfugiés ; le goût des architectures, dont les ruines laissent apparaître, colonnettes soutenant les terrasses, fenêtres en arcatures, des souvenirs de romanité mêlée d'architecture mauresque, et le soin que les Gazaouis apportent à leur maison, pourtant parfois détruite à plusieurs reprises, chaque fois reconstruite avec amour dans cette pierre blanche si belle sous le soleil.

Je découvris l'histoire millénaire d'un territoire où se mélangèrent tant de cultures antiques, dont les vestiges, malheureusement, quand ils ne furent pas pillés 5, ont été détruits dans les derniers bombardements.

Je découvris la vie d'avant, la vie joyeuse, les fêtes, les rires et la musique, les rues animées, les cafés et les restaurants brillamment éclairés des bords de mer.

Je découvris la jeunesse ardente et ambitieuse, pleine de rêves et d'espoirs.
Je découvris leur amour à tous de la culture, de la poésie, de la littérature, de la science : Gaza ne comptait pas moins de 14 universités (pour 2 millions et quelques d'habitants) et le plus fort ratio de diplômé.es de l'enseignement supérieur au monde (le respect pour l'éducation y est tel que la date des fêtes, mariages, fiançailles, est programmée en fonction du calendrier des examens, afin de ne pas perturber les révisions des étudiants). Je découvris leurs poètes - dont tant sont morts visés par les frappes israéliennes - les prestigieux chercheurs, les éminents mathématiciens, également martyrs dans ce conflit, tout comme leurs étudiants (4000 à ce jour).

Et le peuple palestinien vint prendre place dans mon coeur tout à côté du peuple juif.

Naqba /Shoah une même catastrophe 6

Je découvris aussi l'histoire récente, soigneusement mise sous le tapis par le narratif sioniste, suivant la trop fameuse citation associée à la déclaration Balfour : "A land without a people for a people without a land".

La véritable histoire de la Naqba (1947-1948), que l'on traduit de l'arabe par "catastrophe" tout comme l'hébreu Shoah (coïncidence ? Non, je ne crois pas... Humour juif), préparée dès avant la proclamation d'indépendance d'Israël, dans une méticuleuse logique d'élimination des natifs : ainsi la Haganah dresse un inventaire du pays hallucinant de précision, pour préparer l'arrivée des colonisateurs après l'évacuation par la force et la violence de 750 000 et plus palestiniens.

Le déroulement de l'épuration ethnique des villages est soigneusement détaillé dans l'ordre adressé aux milices armées, Haganah, Irgun : rassembler les villageois. Détruire leurs maisons ou les brûler, pour les empêcher de revenir. Tuer ceux qui refusent de partir. Surveiller les mouvements des réfugiés, et miner les routes qu'ils empruntent.

Je découvris les quelque 600 villages détruits, brûlés, rasés, les cohortes de réfugiés mitraillées sur la route de l'exil ; les terres volées, les âmes et les femmes violées, les villes vidées de leurs habitants, les maisons pillées. À Lydda, plusieurs camions sont nécessaires pour charger le butin à l'issue du pillage ; le jour même de leur expulsion menée au bout du fusil, sans rien, pas même leurs chaussures parfois, les habitants sont remplacés, dans les jolies maisons aux lits encore chauds, par... un contingent de rescapés d'Auschwitz.

Trente-trois massacres de masse ont lieu en neuf mois, dans un déferlement de brutalité. À Ramle, la troupe menée par le colonel Moshe Dayan, quatre Jeeps hérissées de fusils, conduit un premier raid qui laisse 200 cadavres jonchant l'avenue ombragée où les habitants aimaient à se promener ; elle revient le lendemain pour parfaire le carnage, faisant 250 morts cette fois. On coupe les doigts et les oreilles aux cadavres pour en récupérer les bijoux, puis on procède à l'expulsion.

L'exode des 70.000 habitants réunis de Ramle et Lydda est mené si brutalement qu'il reste dans l'histoire sous le nom de "Marche de la Mort". À Deir Yassin l'Irgoun commet des cruautés d'une barbarie inconcevable. Pour l'exemple : un boulanger est sommé de jeter son jeune fils dans son four. Quand il refuse, les soldats le jettent lui dans le four, puis c'est au tour de l'enfant ; on put y voir des femmes enceintes le ventre ouvert, le foetus arraché dépecé. Ces crimes abominables furent repris par la Hasbara, la propagande israélienne, au lendemain du 7 octobre, pour les faire porter par le Hamas, s'inspirant peut-être de Joseph Goebbels, ministre de la propagande d'Hitler, auquel on attribue ce conseil : "Accuse l'adversaire de ce dont tu es coupable".

En 1967, après la conquête de la Cisjordanie, de Gaza et de Jérusalem-Est par Israël, 350000 autres Palestiniens seront expulsés de Cisjordanie, où certains étaient venus se réfugier en 1948.

Les Palestiniens brutalement jetés sur les routes de l'exil seront placés sous statut de réfugiés pour partie dans l'enclave de Gaza, dont ils constituent toujours, avec leurs descendants, la majorité de la population ; les autres répartis dans des camps "provisoires" aménagés en Jordanie, au Liban et en Syrie, camps qu'ils ne quitteront plus (on en est aujourd'hui à la quatrième génération de réfugiés, toujours apatrides).

Pourtant beaucoup gardent encore avec eux la clé de leur maison, abusés par un droit au retour qui ne leur sera jamais accordé en dépit de multiples résolutions des Nations Unies.

Mowing The Lawn

Blocus

Je découvris le siège imposé à la population gazaouie, enfermée depuis dix-sept ans dans un gigantesque camp de concentration, périodiquement ravagé par des opérations guerrières destructrices et meurtrières. Un blocus impitoyable à l'objectif assumé : faire subir aux Gazaouis le plus grand nombre d'humiliations possible, dans tous les moments de leur vie. On peut citer les rationnements de nourriture, "un régime humanitaire minimal", mesuré avec l'affreuse précision des bourreaux à 2280 calories quotidiennes par habitant ; l'interdiction d'entrée de tout matériel de construction, rendant impossible la reconstruction des bâtiments et des maisons détruites par les bombardements ; l'électricité distribuée seulement quatre heures par jour ; le rationnement de l'eau, pour les cultures et les vergers, mais aussi l'eau potable (trois litres par jour et par famille), assorti de l'interdiction de creuser des puits et même d'installer des dispositifs pour recueillir l'eau de pluie(!) ; la destruction de la flotte de pêche, et la diminution drastique des zones de pêche autorisées - il est permis en revanche de tirer sur le pêcheur qui s'est risqué au-delà de cette zone.

Tout ce qui rentre et sort de l'enclave comme biens, personnes ou marchandises est soumis à la décision de l'occupant. La liste des interdits est kafkaïenne : au hasard, le chocolat, les chips, les jouets, les instruments de musique, inventaire d'un Prévert pervers.

Les permis de sortie, ou d'entrée pour la famille ou les amis, sont difficilement accordés, ou refusés, à l'issue d'attentes dont il est impossible de prévoir la durée (ainsi on peut mourir à Gaza de n'avoir pu sortir pour recevoir un traitement médical) ; il est impensable de voyager... L'aéroport, inauguré en 1998 à l'issue des accords d'Oslo, a été détruit par les l'armée en 2001-2002 lors de la Seconde Intifada. Toute entreprise commerciale est rendue impossible par l'embargo terrestre, aérien et naval. Il y a 50% de chômage dans la population active.

Animés de leur détermination et d'une foi puissante, inébranlable, en dépit de ces empêchements de tous côtés et des multiples difficultés rencontrées dans la réalisation de tout projet ou entreprise, les Gazaouis construisent des universités, des hôpitaux ultra-modernes dotés de médecins et chirurgiens prisés dans le monde entier, forment des ingénieurs et des scientifiques, des écrivains et des poètes....

La Grande Marche du Retour

Je découvris les tentatives de la population pour exprimer sa résistance face à l'emprise de fer qu'elle subit : les deux Intifadas (1987 et 2000), soulèvements spontanés de David armés de lance-pierres contre un Goliath armé jusqu'aux dents, sont réprimées dans le sang et la terreur.

Organisée autour de la commémoration du 70° anniversaire de la Naqba, la Grande Marche du Retour réunit la population de la bande de Gaza chaque vendredi du printemps 2018 à décembre 2019, en une marche pacifique le long de la clôture qui la sépare d'Israël - d'où l'on peut voir, à quelques centaines de mètres, les kibboutz construits sur les ruines de leurs villages rasés en 1948.

Pacifique, joyeuse, on y chante et on y danse sous des banderoles demandant le droit au retour sur la terre volée, ce droit promis par les résolutions de l'ONU, indéfiniment violées. Toutes les générations sont présentes : des grand-mères farouches et lumineuses défilent avec leurs filles et petites filles, et clament leur détermination à lutter pour leur terre, ou mourir debout ; des enfants que la guerre a fait mûrir trop tôt, des hommes de tous âges usés par la misère imposée par l'occupation, des jeunes gens vibrant sous les frustrations, les injustices, tous défient l'occupant avec, comme seule arme, la foi dans la justice de leur cause. Des héros et des héroïnes se lèvent : jeunes reporters, jeunes medics telle Razan al-Najjar, dont le doux visage et le courage indomptable conquit le monde, jusqu'à ce jour de juin où une balle de sniper stoppa son dévouement héroïque, alors qu'elle allait, mains en l'air, protégée par sa blouse blanche, rechercher des blessés près de la clôture.

La répression est terrible. Dès le premier jour, les snipers postés en files sur des buttes derrière la clôture tirent directement sur la foule ; les premiers temps, ils ont consigne de viser les jeunes aux genoux, afin de créer une génération d'amputés ; puis on cherchera à tuer, en visant le torse et la tête. Les balles explosives, pourtant strictement interdites par les conventions de Genève, éclatent les os et laissent dans les chairs des fragments invasifs créant des infections inédites. Des gaz toxiques sont expérimentés. Les blouses blanches et les gilets pare-balles marqués Presse font des cibles privilégiées ; les fauteuils roulants et les béquilles aussi. Ceux-là sont souvent des blessés, revenus manifester une fois leurs blessures plus ou moins guéries, ou l'amputation à peine cicatrisée.

Le bilan des morts (182) et des blessés (8000 dont 940 enfants), des amputés (122 dont 20 enfants), l'intentionnalité des tirs mortels, l'usage d'armes illégales, le ciblage de populations protégées : enfants, secouristes, journalistes, ces multiples crimes ont fait l'objet de condamnations par les instances internationales, tout en restant impunis, comme toujours quand il s'agit d'Israël.

Mowing the Lawn

Je découvris les guerres périodiques lancées sur l'enclave, mises en oeuvre depuis 2006, quand Israël se retira de la bande de Gaza, ou plus exactement remplaça l'occupation par l'instauration d'un blocus, en punition d'avoir mis au pouvoir, à l'issue d'élections démocratiques, le parti islamique du Hamas.

Cette pratique de raids meurtriers, Israël l'appelle du terme imagé de "Mowing the Lawn" (Faucher la pelouse). Les brins d'herbe que l'on fauche à mesure qu'ils poussent, ce sont les enfants de Gaza. Humour militaire.

À chaque opération son nom, censé représenter l'objectif qui lui est attribué :
Cast Lead (Plomb Fondu) en 2007-2008, Pillar of Defence (Pilier de la Défense) en 2012, Protective Edge (Bordure Protectrice) en 2014, Guardian of the Wall (Gardien du Mur) en 2021... Elles sont brèves - quelques jours - ou plus longues - deux mois pour Protective Edge (la plus mortelle : 2250 tués dont 500 enfants, 10 000 blessés) ; toujours destructrices : entre 2007 et 2014, ces attaques meurtrières ont laissé derrière elles trois millions de tonnes de décombres. Toujours engagées sous le prétexte d'auto-défense, face à la "menace existentielle" des missiles envoyés par le Hamas, qui n'ont jamais tué personne. Il ne s'agit en réalité que de l'exercice d'un pouvoir brutal dirigé essentiellement contre des populations civiles sans défense.

Pour les habitants de Sderot, ville mitoyenne à la frontière, l'explosion des bombes sur Gaza est un spectacle dont ils aiment profiter, à l'heure de l'apéritif, en mangeant du pop corn.

On retrouve dans ces opérations les mêmes pratiques criminelles, le même mépris des lois de la guerre et des droits humains qui choquent tant dans la guerre génocidaire en cours : destructions indiscriminées, arasement de quartiers entiers au bulldozer, bombardements délibérés d'hôpitaux, d'ambulances, d'écoles, meurtres de journalistes, de médecins, de secouristes et d'ambulanciers ...
Et les cadavres émergeant des décombres fumants, les corps martyrisés sur les civières, le sang partout, sur le sol des hôpitaux, dans les rues, les linges ensanglantés autour de blessures hâtivement pansées, les hurlements des ambulances, les baisers, les sanglots sur les visages privés de vie... Tel est le quotidien de Gaza qui se répète depuis bientôt 20 ans.

Solution Finale

Ces guerres en 16 ans ont fait un total de 5200 victimes, dont 1200 enfants.

La dernière, à la date d'aujourd'hui, commencée le 8 octobre 2023, n'a pas de nom jusqu'ici. Mais on peut raisonnablement lui attribuer celui de Solution Finale, épuration ethnique et extermination de la population en étant les objectifs ouvertement assumés par le gouvernement Netanyahou. Ce qu'exprime son bilan terrible - près de 40000 morts dont 70% de femmes et d'enfants - soit environ 15000 enfants (bilan provisoire après bientôt 8 mois) sans compter les 8 à 10000 morts, sans doute, encore ensevelis sous les décombres; plus de 80000 blessés, amputés, handicapés à vie (un chiffre qu'il faudra bientôt revoir, car beaucoup de blessés meurent quelques semaines après l'opération, de par les mauvaises conditions d'asepsie et le manque d'antibiotiques) ; près de 2 millions de personnes déplacées, 80% des infrastructures et habitations détruites, 25000 tonnes d'explosifs, soit l'équivalent de deux bombes nucléaires, 300 bombardements par jour, déversés sur un territoire de la longueur d'un marathon, 42 km, sur une largeur de 6 km... Encore un chiffre, qui permet de juger la démesure du délire meurtrier : en 200 jours, Israël a lancé 75000 tonnes de bombes et d'obus sur Gaza, soit vingt fois ce que les États-Unis ont utilisé en 6 ans de guerre en Iraq.

Le monde, atterré, découvre les atrocités commises jour après jour, comme si elles étaient nouvelles. Mais ces crimes s'appellent colonisation et sont expérimentés depuis 75 ans sur la population palestinienne : au cours de la Naqba, à Sabra et Shatila, dans les "fauchages" périodiques de Gaza, dans les horreurs de l'occupation en Cisjordanie...

Occupation

Je découvris enfin l'apartheid féroce mis en place en Cisjordanie, les rues et les routes réservées aux Israéliens, interdites aux Palestiniens ; ce peut être la rue en bas de leur maison, les condamnant à accomplir des parcours tortueux par les cours et les terrasses pour simplement sortir de chez eux, aller à la boulangerie ; la présence sinistre du Mur de la Honte, qui cerne la Cisjordanie sur une hauteur de 8 m., et enserre les villages-ghettos, les coupant en deux parfois, condamne l'accès aux champs ou aux vergers, sépare les communautés, et empêche l'accès à Jérusalem où désormais seuls les Israéliens ont droit de circuler librement.

La torture psychologique quotidienne des check-points, ouverts au bon vouloir de l'occupant, fermés de même, attentes en files interminables, vérifications et autorisations arbitraires, violence omniprésente, injures, humiliations quotidiennes ; les ambulances restent automatiquement bloquées une heure, c'est le tarif appliqué par les valeureux soldats de Tsahal, sinistres marionnettes à qui l'on a donné le droit exorbitant d'exercer sur la population entière, de tous âges, un pouvoir absolu : permis de tuer, de torturer, de laisser mourir, permis de mépris, de brutalité, de harcèlement, permis de réaliser les fantasmes de leur imagination la plus maléfique - en toute impunité. Les piétons encagés dans des files d'attente grillagées, à la main leur passeport vert de Palestinien (qui leur donne le droit de se voir privés des droits les plus élémentaires) attendent avec patience: ils savent qu'on ne peut rien prévoir, qu'ils sont soumis à l'arbitraire dément de gamins décérébrés biberonnés à la haine ; alors comment être à l'heure pour le travail, ou être sûr de pouvoir rentrer avant le couvre-feu, si vous êtes en retard on peut vous le suspendre ou pire, vous retirer définitivement votre permis de circuler. Aussi les travailleurs se postent-ils à 4 heures du matin pour prendre le travail à 9 h, à 20 minutes de voiture, normalement. Des femmes enceintes, c'est courant, accouchent aux check-points, dont elles se vont vues refuser le passage, sans raison aucune.

Des gamin.es sont arrêté.es, dans la rue, sur le chemin du retour de l'école ou de l'épicerie, pour des motifs inventés ou un jet de caillou ; ils peuvent aussi être tirés par un sniper, par jeu. Les kidnappings nocturnes d'enfants, jetés en prison sous détention administrative, donc sans procès ni même motif d'accusation, sans protection ni avocat, détention qui peut durer des mois ou des années, des années d'abus, de torture, de mauvais traitements, de menaces de viol... Quand il y a jugement, c'est devant une juridiction militaire. Israël est le seul pays au monde à avoir des cours martiales pour mineurs - car c'est la loi militaire qui régit les Palestiniens de Cisjordanie.

Chaque famille dans le territoire occupé a au moins l'un de ses membres emprisonné ou tué.

Autres scènes de crimes ordinaires :

[Intérieur nuit] Les raids programmés de préférence au milieu de la nuit ; coups violents sur la porte, les soldats font irruption, vociférant menaces et insultes sous les aboiements furieux des chiens dressés à la terreur ; les familles hébétées, tirées de leur sommeil, ont une demi-heure pour faire leurs paquets, quitter leur maison leur vie, leur terre, celle de leurs ancêtres, ils sont nés ici tout comme leurs parents, leurs grands- parents, leurs aïeux. Des colons bouffis de graisse de hamburgers, venus de Brooklyn ou de Sydney, s'avancent, l'injure à la bouche. Il ne leur suffit pas de voler leur maison, au fallacieux prétexte d'un droit de propriété sur la Terre promise accordé par Yahvé à son peuple élu il y a 2000 ans ; il leur faut encore cracher leur haine à la face de leurs victimes.

[Extérieur jour] Ô malheureuse mère Courage, tragique figure d'amour, de douleur et d'injustice, abattue sur le sol jonché de ses branches sciées, de son jeune feuillage, tu embrasses désespérément un tronc d'olivier ; un peu plus loin sur la colline, des soldats goguenards rient de toi, devant l'engin qui bientôt arrachera l'arbre aimé.

[Extérieur nuit] Au milieu de la rue déserte, la silhouette sinistre d'un bulldozer avance lentement, les crocs levés ; il oblique sur le côté, baisse sa mâchoire, qui vient arracher canalisations d'eau, conduites de gaz, branchements électriques, fils téléphoniques, puis continue sur la rue rendue impraticable, allant accomplir plus loin son oeuvre de destruction.

Etc.

Charniers / Vous en reprendrez bien une petite tranche ?
Des charniers ont été découverts devant les hôpitaux Al Shifa et Al Nasser. Le compte pour le moment est de 700 corps, mais il est loin d'être définitif, car le travail de dégagement est en cours, et d'autres charniers sont découverts autour d'autres hôpitaux.

L'horreur ici est sans nom. Dans des fosses hâtivement creusées, recouverts d'ordures, les sauveteurs ont dégagé les corps jetés en vrac les uns sur les autres : malades ou blessés encore reliés au goutte à goutte, médecins et soignants en blouse blanche, corps visiblement enterrés vivants ; beaucoup, dont des femmes et des enfants, ont les mains liées dans le dos, exécutés d'une balle dans la tête...

Certains sont emballés dans des sacs plastiques. Ceux-là sont des cadavres enlevés puis réensevelis par l'armée après quelques jours : découpés, sans yeux, les organes manquants, la peau arrachée. Israël est renommé au plan international pour sa banque d'organes, particulièrement de peau, dont elle fait un commerce lucratif. Pourtant le prélèvement d'organes est une pratique formellement interdite par la religion juive.

Une enquête a été diligentée par les Nations Unies, mais l'entrée a été refusée aux enquêteurs.

Same crimes, different times

Norman Finkelstein - "Gaza : An Inquest into Its Martyrdom"

Question : comment, au sortir de ces recherches sur l'histoire de la Palestine et de sa relation avec Israël, ne pas tirer la plus cruelle, mais malheureusement évidente, des conclusions ? Je veux dire le terrible parallèle qui se construit avec le nazisme.

Née dans le brasier encore chaud de la II° guerre mondiale, sur les cendres de l'Holocauste, Israël montre - paradoxe atroce - une inclination singulière à répliquer sur les Palestiniens ce que les nazis ont inventé de pire envers le peuple juif. Pour la première fois dans leur histoire, les Juifs, minorité dominée dans tous les pays où elle se trouvait, se retrouvent en condition de dominants. Et ils le font en reproduisant les comportements les plus abjects dont ils ont eux-mêmes été victimes, avec en tête, la déshumanisation, sans laquelle il n'y a pas d'extermination possible.

Déshumanisation qui permet les lois raciales : interdiction de marcher dans les mêmes rues, d'acquérir une terre, de construire une maison, privation de droits civiques, spoliation légale des biens...

Déshumanisation nécessaire pour poursuivre le processus d'épuration ethnique dans les territoires occupés, commencé avec la Naqba, et poursuivi jusqu'à la guerre en cours à Gaza.

Déshumanisation des victimes des pogroms, ces raids meurtriers, dont le modèle venu d'Europe centrale, de Russie ou d'Ukraine, s'est bien adapté en Palestine : caillassage des boutiques, des commerces arabes, par des meutes vociférantes de jeunes sionistes, qui s'attaquent également aux personnes - comme on l'a vu tout récemment à Jérusalem lors du Jerusalem Day, qui commémore la déclaration d'Indépendance 7 : bastonnades, meurtres, incendies de maisons, arrestations arbitraires, vols, spoliations. Des images qui rappellent singulièrement les hordes des SA dans l'Allemagne des années 30.

Déshumanisation des populations réfugiées, soumises aux règles d'airain de conditions de vie inhumaines, enfermées dans un territoire clos de toute part, surveillé par des soldats sur des miradors, et dont elles ne peuvent sortir : doit-on appeler cela un camp de concentration ou bien un ghetto ?

Déshumanisation des prisonniers, indistinctement raflés dans les territoires, soumis à des traitements inhumains, torturés à mort dans des camps militaires fermés, et servant de sujets d'expériences à de nouveaux Dr. Mengele 8.

Un ultime détail, particulièrement macabre et monstrueux, vient confirmer la similitude avec le processus de déshumanisation nazi : l'utilisation à des fins pratiques, par les bourreaux, de la chair même de leurs victimes. Les nazis, dans les camps de la mort, en faisaient du savon 9, et des abat-jours de leur peau. Israël prélève leurs organes, leurs yeux et leur peau pour en tirer de juteux bénéfices et briller sur la scène médicale internationale. Vertigineux.

The Yellow Rose of Gaza

Au soir où j'arrête ce récit, le cauchemar est de plus en plus profond. L'attaque sur Rafah, la ville la plus au sud de l'enclave, et le massacre des 1,4 million de déplacés, traqués dans cet ultime refuge contre la frontière avec l'Égypte, est déjà en cours.

Netanyahu et son gouvernement paraissent totalement hors de contrôle. Les condamnations et les injonctions des plus hautes instances du droit international, loin de les arrêter, semblent au contraire attiser leur furie meurtrière. Le bilan des morts et des blessés a doublé depuis les dernières mesures de la Cour Internationale de Justice. La limite du supportable semble être atteinte avec le dernier carnage en date, à Rafah : les déplacés dans les campements sous protection des Nations Unies, désignés comme safe zone par l'IDF, sont directement ciblés par des attaques aériennes, qui piègent les malheureux brûlés vifs sous les tentes de plastique en flammes. Bilan de la nuit : 46 morts, 700 blessés. La photo d'un père portant le tout petit cadavre de son bébé décapité extrait des cendres émeut la terre entière. Encore que... c'est bien sûr le canular des 40 bébés décapités qui demeure dans la mémoire collective.

For jews only

Pendant ce temps, à Toronto, New York, Sydney ou Paris, des réunions élégantes sont organisées, pour présenter à une clientèle choisie d'attrayants investissements immobiliers dans les colonies de peuplement des collines de Cisjordanie. Livrables dans un, trois ou cinq ans.

À Gaza, ce sont des programmes paradisiaques face à la mer sur lesquels les Israéliens posent déjà des options (Il est entendu qu'il est interdit aux Palestiniens d'acquérir ni terre ni maison, non plus que construire sur les terres qui leur appartiennent pourtant de plein droit suivant les règles internationales).

Il n'y a pas encore de date pour la livraison.

C'est Jared Kushner, ce héros véreux du business international, gendre mérité de Donald Trump, qui a lancé l'idée qui sent bon le parfum du billet vert, d'un programme de cité balnéaire sur la côte gazaouie, agrémentée d'un port franc à l'avenir prometteur, dans le projet de faire de Gaza le Singapour du Moyen-Orient. Il ne faudrait pas ignorer l'important gisement de gaz dans les eaux territoriales gazaouies, dont une spoliation expéditive a réglé la question de l'exploitation (4 milliards US Dollars en droits d'usage).

Dans cette vision d'avenir, la population palestinienne d'évidence n'a pas de place.

Ecocide

Ces businessmen frétillants ne semblent pas prendre en compte qu'il faudra des années pour déblayer les milliers de tonnes de ruines... Que le sol de Gaza a sans doute été rendu infertile, dramatiquement pollué par les métaux lourds. Que l'eau est polluée aussi, et que la nappe phréatique, épuisée, se salinise rapidement, rendant toute culture impossible.

L'obscénité de tout cela est incommensurable. Quel avenir alors pour les Gazaouis ? Peuple de Gaza qui mourez pour votre terre, si vous la retrouvez, ce sera abîmée, polluée, infertile. Vos oliviers ont été arrachés, vos pêchers, vos amandiers calcinés, vos champs brûlés, vos serres détruites. Vous savez pourtant produire les meilleures fraises du monde, goûteuses et parfumées comme nulle part ailleurs...

Votre terre a été rendue inhabitable, et votre culture effacée : vos si belles universités, temples fièrement élevés à la culture, vos hôpitaux aux chirurgiens renommés, les écoles de l'UNRWA éducatrices de générations d'enfants palestiniens avides d'apprendre.... Plus de terrasses fleuries ni de patios ombragés. Plus de bords de mer.

I refuse to see broken buildings/ Instead I see unbreakable people

Ghassan Kanafani

Résistance

Et pourtant... Pourtant, après 120 ans de projet colonial destiné à éradiquer ce peuple de pasteurs pacifiques avec tous les moyens d'un état terroriste, la Palestine résiste. Au-delà de la haine, au-delà de la destruction et de la mort, intacte, forte de son âme généreuse et de l'attachement inébranlable à sa terre, sa culture.

C'est le message d'amour et d'espoir transmis par Abubaker, qui vient offrir au monde un merveilleux rosier jaune, élevé à Gaza au milieu des bombes.

Abubaker Abed's yellow rose of Gaza

Refaat Alareer - Gaza 6/12/2023

Poète, écrivain et enseignant palestinien assassiné chez lui le 6 décembre 2023 dans une frappe aérienne, en même temps que son frère et son neveu, sa soeur et trois enfants de cette dernière.

If I must die,
you must live
to tell my story
to sell my things
to buy a piece of cloth
and some strings,
(make it white with a long tail)
so that a child, somewhere in Gaza
while looking heaven in the eye
awaiting his dad who left in a blaze- and bid no one farewell
not even to his flesh
not even to himself- sees the kite, my kite you made,
flying up above
and thinks for a moment an angel is there
bringing back love
If I must die
let it bring hope
let it be a tale

Le 26 avril 2024, Shymaa, la fille ainée de Refaat Alareer, a été assassinée par une frappe israélienne sur l'immeuble de Global Community, institution humanitaire internationale, où elle s'était réfugiée avec son mari et son bébé de trois mois, également tués dans l'attaque. Ils étaient seuls dans l'immeuble au moment de la frappe. "If I must die" a été écrit pour Shymaa. C'est elle qui devait vivre pour dire son histoire, vendre ses affaires, et ne pas perdre espoir. Let it be a tale.

Sources et inspirations

Tous les faits et anecdotes de ce récit sont sourcés, documentés et vérifiables.

Ils proviennent, via Internet, du travail de journalistes, chercheurs, historiens, documentaristes qui, souvent, ont consacré leur vie à la cause palestinienne. Ou l'y ont laissé (183 journalistes
ont jusqu'ici été assassinés à Gaza, tous palestiniens, puisque l'armée a interdit une fois pour toutes l'accès aux journalistes étrangers.)

Al Jazeera English  www.youtube.com/@aljazeeraenglish couvre quotidiennement, en temps réel, depuis le 7 octobre, la guerre à Gaza et les événements de Cisjordanie. Ses journalistes et reporters restés sur le terrain malgré la fermeture de l'enclave aux journalistes, sont seuls capables de fournir quotidiennement des reportages en direct, au milieu des bombardements. Le chef du bureau de Gaza d'Aljazeera ArabicWael Dahdouh, aujourd'hui exfiltré à Doha pour être soigné de graves blessures et mis à l'abri des frappes israéliennes, a payé le plus lourd des tributs à l'exigence de l'information : son fils, lui-même cameraman, a été assassiné par un tir de drone sur sa voiture, une partie de sa famille (sa femme, son fils, sa fille, son petit-fils) a disparu dans une frappe ciblée sur son domicile.

On peut trouver dans les documentaires, analyses et reportages réalisés par la chaîne qatarie une documentation très large couvrant tous les aspects du conflit depuis quatre-vingts ans.

The Lobby - USA, episode 1The Lobby - USA, episode 1 Le film qu'Israël ne voulait pas que vous voyiez

October 7 | Al Jazeera Investigations

Media et journalistes indépendants

The Electronic Intifada.  www.youtube.com/@TheElectronicIntifada

Ali Abunimah, Nora Friedman, Jon Elmer, Asa Winstanley.
Fondée en 2001, The Electronic Intifada a gagné une reconnaissance mondiale et de nombreux prix pour ses publications de grande qualité consacrées à la question palestinienne.
Podcasts. Tables rondes en live. Enquêtes. Analyses. Comptes-rendus hebdomadaires du conflit à Gaza. Articles et reportages de contributeurs sur le terrain.  electronic intifada.net

Why we still love football in Gaza, with Abubaker Abed

The daily life of a doctor in southern Gaza, with Dr. Majed Jaber

How Israel killed hundreds of its own people on 7 October, with Asa Winstanley and Ali Abunimah

Chris Hedges. The Chris Hedges Report. The Real News Network. Ex-éditorialiste au

New York Times, lauréat du Prix Pulitzer, reporter à Srebrenica pendant le siège, une des

voix les plus reconnues sur la scène anglo-saxonne.
Oct. 7 and Israel's propaganda war w/Ali Abunimah | The Chris Hedges Report Chris Hedges "The Genocide in Gaza" Lettre aux Enfants de Gaza

Max Blumenthal. The Grayzone  thegrayzone.com Max Blumenthal est un journaliste, écrivain qui travaille depuis plus de vingt ans sur la cause palestinienne. En 2014, il a été appelé à témoigner au Tribunal Russell sur les crimes de guerre commis par Israël au cours de l'opération Protective Edge.

'Killing Gaza': A New Documentary on Palestinians Under Siege

Max Blumenthal - Russell Tribunal 2014 - 24/09

Abby Martin. The Empire files. Véritable idole en Palestine pour son film sur
la Grande Marche du Retour :

Gaza Fights For Freedom (2019) | Full Documentary | Directed by Abby MartinGaza Fights For Freedom (2019) | Full Documentary | Directed by Abby Martin

Gideon Levy. Éditorialiste à Haaretz, journal "de gauche" israélien.

Gideon Levy: What I've Seen in 30 Years of Reporting on the Israeli Occupation

Middle East Eye  middleeasteye.net est un portail d'information et d'analyses sur les sujets majeurs du Moyen-Orient. Interviews au long cours: Unapologetic/ The Big Picture

The doctor who’s witnessed Israel’s wars on Palestinians since 1982 | Mads Gilbert | UNAPOLOGETIC
Why the West is wrong about Islam | Peter Oborne | The Big Picture S3EP15

MEE présente également des Shorts sur Instagram, qui relaient de nombreuses images ou videos produites par des photographes et vidéastes gazaouis.

Democracy Now!  democracynow.org site d'information diffusé sur 1100 plateformes, radio etc.
présenté par Amy Goodman

Hanan Ashrawi & Rashid Khalidi: U.S. Backing Has Given Israel License to Kill & Maim Palestinians

“I’m Jewish, and I’ve Covered Wars. I Know War Crimes When I See Them”: Reporter Peter Maass on Gaza

Owen Jones.  www.youtube.com/@OwenJonesTalks Journaliste indépendant basé au Royaume Uni. Éditoriaux et entretiens SHOT DEAD In Front Of His Eyes - Devastating Account of Gaza Horror w/. James Elder

Richard Meadhurst  www.youtube.com/@RichardMedhurst Journaliste syrio-britannique, écrivain et activiste
Israeli Soldiers Are Proud of Their Own War Crimes

Bibliographie et sitographie de base - ouvrages fondateurs

Norman Finkelstein  normanfinkelstein.com Chercheur, écrivain, activiste, N. Finkelstein a consacré l'ensemble de ses recherches à l'Holocauste et l'histoire du conflit israelo-palestinien
The Holocaust Industry: Reflections on the Exploitation of Jewish Suffering (Verso Books Londres 2000) - Gaza: An Inquest into Its Martyrdom (University of California Press 2018)

Palestine Talks | Norman Finkelstein

Ilan Pappe. Historien israelien, il a initié la déconstruction des mythes répandus par la doxa sur la création d'Israël et le sionisme.
The Ethnic cleansing of Palestine (Oneworld Publications 2006) - The Idea of Israël : A History of Power and Knowledge (Verso Books 2014)

Ilan Pappe - how he became an Israeli dissident and on why Zionism will fail soon | UNAPOLOGETIC

Rashid Khalidi. Edward Said Professor of Arab Studies at Columbia University,
The Hundred Years' War on Palestine: A History of Settler Colonialism and Resistance, 1917-2017.
The 100 year war on Palestine w/Rashid Khalidi | The Chris Hedges Report

Le conflit en direct

@MiddleEastEye @WearThePeace @trtworld @ajplus Les Voix de Gaza m'ont offert les shorts directement issus du terrain

‘It’s Bisan From Gaza, And Israel Is Forcing Everyone To The Desert'

Ramadan Day 1. Iftar on their destroyed home in Gaza. #gaza #ramadan #palestine #shorts
A young girl in Gaza asks her cat not to eat her and her family if they die

Cisjordanie Colonisation et apartheid : quelques sources

How Israeli Apartheid Destroyed My Hometown

A shocking insight into Israel's Apartheid | Roadmap to Apartheid | Full Film

Is one-state the only solution to the Israeli-Palestinian conflict? | A People Without a Land | Full

'They call us terrorists': Inside the Palestinian resistance forces of Jenin, West Bank

Le Char et l'olivier, une autre histoire de la Palestine.

Et en France

Mediapart  mediapart.fr : reportages, articles, émissions, tables rondes sur Gaza, avec des participants palestiniens -ou non - reporters, médecins et soignants de retour de l'enfer, journalistes et autres exilés

Motaz Azaiza : « Si je venais à être tué, ils diraient :

Le MediaTV  youtube.com consacre de nombreux sujets, entretiens, reportages, au conflit Israël Palestine, couvrant en particulier le mouvement de solidarité avec la Palestine dans les universités, royalement ignoré par les radios et télés mainstream, ainsi que les aspects géopolitiques traités par des intervenants de qualité

LES MÉDIAS FRANÇAIS MUETS : NOUVEAU MASSACRE À GAZA/OUTRE-MER : LA RÉVOLTE QUI DÉFIE LE GOUVERNEMENT

HARVARD, COLUMBIA, SCIENCES PO : CES ÉTUDIANTS FONT TREMBLER BIDEN, NETANYAHOU ET MACRON

Blast  www.blast-info.fr consacre également de nombreux sujets à Gaza, avec des témoignages importants et crédibles

 blast-info.fr

 blast-info.fr

Investig'action/TéléPalestine, "le média pour lutter contre les médiamensonges" fondé par Michel Collon

7 octobre : révélations sur les massacres - Le MédiaMensonge du Jour - n°10

De l'action pro-Palestine à la garde à vue: comment se protéger? Hôpital Kamal Adwan: silence, on kidnappe des médecins

Quelques personnalités, intervenant en tant qu'experts, sauvent l'honneur sur les plateaux mainstream infestés de "toutologues" et autres commentateurs de carton : Rony Braumann, Agnès Levallois, Béligh Nabli, Karim Zeribi, Pascal Boniface....

Les médias et la guerre de Gaza. Avec Alain Gresh | Entretiens géopo

Notes

1 Toute blouse blanche, veste de sauveteur ou d'ambulancier vous met une cible dans le dos. C'est pourquoi les soignants, médecins, infirmier.ères quittent leur tenue pour sortir incognito de l'hôpital et regagner leur tente, retrouver une famille dont ils ne sont jamais sûrs qu'elle sera toujours vivante.

2 World Central Kitchen est une ONG américaine distribuant de l'aide humanitaire arrivée par bateau. Un convoi de trois voitures siglées WCK, revenant d'une distribution de nourriture en suivant une route dûment signalée à l'armée, est visé par un drone en trois frappes distinctes. Les six humanitaires y laissent la vie : trois Britanniques, un australien, un polonais et le chauffeur palestinien. La mort des trois Britanniques en particulier, secoue la communauté internationale. D'autant qu'à la tête du projet WCK
on trouve un cuisinier très lancé - dans son restaurant new-yorkais se bousculent politiciens et vedettes : Nancy Pelosi, entre autres, y dîne trois fois par semaine.

3 Le bilan au 230ème jour du conflit est de 202 journalistes palestiniens, correspondants et freelances ; 350 humanitaires et personnels d'ONG et des Nations Unies ; 470 médecins, soignants et sauveteurs.

4 Ainsi le chef du service d'orthopédie de l'hôpital Al Shifa, le Dr Adnan Al-Bursh, chirurgien d'excellence, dont la famille apprit la mort en détention après quatre mois de disparition, à la fin du mois d'avril 2024. Le corps n'a pas été rendu à la famille.

40 prisonniers en 6 mois sont morts dans ce camp militaire du désert du Neghev. On le compare à Guantanamo. Mais à Guantanamo on ne compte "que" 9 morts en 22 ans.

5 Moshé Dayan, le héros de la guerre des Six-Jours, s'est ainsi constitué une collection fameuse, que l'on retrouve dans les catalogues de ventes prestigieuses de par le monde.

6 Sources:

1948: Creation & Catastrophe (Full documentary)

Ilan Pappé, The Ethnic Cleansing of Palestine (Londres et New York, Oneworld, 2006).
Sandrine Mansour-Mérien, L'Histoire occultée des Palestiniens, 1947-1953 (Ed. Privat, Toulouse, 2013).

7 C'est aussi pour les Palestiniens, un jour de commémoration : celui de l'ouverture de la chasse à l'homme que fut la Naqba. Troublante coïncidence.

8 Couchés nus avec seulement une couche, attachés sur le lit d'hôpital dans la position d'étoile de mer, les yeux bandés, les prisonniers subissent des supplices infamants, à commencer par des opérations sans anesthésie.

9 Sabon (savon en hébreu) est le sobriquet attribué par les Israéliens aux rescapés des camps de la mort à leur arrivée sur la Terre Promise - regardés comme les fantômes d'un passé que l'on ne veut pas connaître, très loin, trop loin, du modèle conquérant de ce pays tout neuf.

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