09/09/2019 reseauinternational.net  9min #161394

 Jeffrey Epstein retrouvé mort dans sa cellule, le Fbi ouvre un enquête sur son «suicide apparent»

Jeffrey Epstein & Alexander Acosta

120,00 € atteint

Le dossier Jeffrey Epstein présente une myriade de tentacules sur des intrigues politiques, des machinations et, plus précisément, sur de la pure malfaisance dans les plus hautes sphères.

Tout le monde est à présent au courant de l'accord privilégié dont bénéficia Jeffrey Epstein en 2008. Les agents du FBI avaient contre lui des preuves compromettantes, leur enquête, surnommée 'Opération Année bissextile', ayant abouti à un acte d'accusation de 53 pages qui aurait pu le faire interner à vie. Ils auraient pu faire cesser les trafics d'enfants et en sauver des centaines. À la place, ils firent traîner les choses et ne présentèrent jamais Epstein devant un grand jury.

Non, il n'a jamais été présenté devant un grand jury. Alexander Acosta, procureur du district sud de Floride à l'époque, et Alan Dershowitz, avocat de Epstein, conclurent un accord de complaisance, afin de préserver Epstein et maintenir son trafic en activité. Epstein obtint l'immunité contre toute poursuite criminelle fédérale. Et, encore plus bizarre, ils rajoutèrent à l'accord que les quatre complices connus et tous les complices non identifiés 'éventuels', seraient à l'abri de toute poursuite fédérale. Pareille chose est incroyable ! Le gouvernement fédéral n'aurait jamais la possibilité d'accuser les 'éventuels' trafiquants d'enfants en lien avec Epstein ? Il faut biens saisir cette décision, qui devrait faire les gros titres de l'actualité en boucle continue. Voilà le système judiciaire des États-Unis d'Amérique !

Selon le Miami Herald, cet accord de complaisance, « clôtura pour l'essentiel l'enquête en cours du FBI, qui cherchait à découvrir s'il y avait d'autres victimes et d'autres personnalités puissantes impliquées dans le trafic pédocriminel d'Epstein. » À l'époque, avec la fin de l'enquête, l'acte d'accusation fut scellé. Le Miami Herald écrivit : « Acosta a été d'accord, en dépit de la loi fédérale s'y opposant, que l'accord serait maintenu scellé. »

Beaucoup considérèrent illégal et contraire à l'éthique, le fait qu'Acosta maintienne l'accord scellé. Le Miami Herald cita un courriel de l'avocat d'Epstein, qui suivit une rencontre irrégulière avec Acosta dans un endroit discret :

« Merci pour votre l'engagement que vous avez pris envers moi lors de notre réunion du 12 octobre, » écrivait Lefkowitz, l'un des avocats d'Epstein, dans une lettre pour Acosta après un petit déjeuner de travail à West Palm Beach. Il rajoutait espérer qu'Acosta respecterait sa promesse de préserver la confidentialité de l'accord. « Vous... m'avez assuré que votre bureau ne... contacterait pas les individus identifiés, les témoins potentiels ou les requérants civils potentiels et les avocats respectifs dans cette affaire, » écrivait Lefkowitz.

L'article du Miami Herald affirmait que certains aspects de l'accord de complaisance d'Acosta étaient contraires au droit fédéral. « Dans le cadre de l'accord, Acosta a accepté, en dépit d'une loi fédérale s'y opposant, que l'accord ne soit pas divulgué aux victimes. En conséquence, l'accord écartant toute poursuite judiciaire a été scellé juste après l'approbation du juge, en évitant ainsi toute chance que les filles - ou tout d'autre - puissent se présenter devant le tribunal et tentent de demander justice. »

Certaines choses sont contraires à l'éthique et à la loi, d'autres peu judicieuses et d'autres perverses. C'était malveillant. L'accord de complaisance d'Acosta n'a pas fait que sceller les accords prassés avec les victimes, il a aussi traité avec extrême indulgence et protégé non seulement Epstein, mais aussi tous ses complices, ses amis trafiquants et les 'éventuels trafiquants'. Les puissants se protègent entre eux. On peut voir ça avec toutes les vedettes admirées, qui savaient précisément qui était Epstein, et qui se comportaient effrontément avec lui lors de ses réceptions spéciales.

Penses-y. Pendant la décennie suivante, Alexander Acosta a su en détail ce qui se passait sur l'ile aux Orgies, et il ne s'en est pas occupé. Pas de descente, pas de surveillance, pas d'enquête ; il a tout simplement permis la poursuite sans entrave du trafic d'enfant.

Quelles ont été les conséquences du fait sans précédent, qu'Alexander Acosta autorisa le trafic d'enfants ? En réalité, il en a été récompensé. Donald Trump l'a nommé Secrétaire au Travail. Ironie des ironies, le Secrétaire au Département du Travail surveille le trafic d'enfants ; le renard garde le poulailler.

Le 27 avril 2017, par 60 voix pour et 38 contre, le Sénat a confirmé Acosta au poste de Secrétaire au Travail. Il n'a reçu le soutien que de huit sénateurs démocrates alors que tous les sénateurs républicains l'ont confirmé. Ces sénateurs étaient au courant de l'affaire entre Acosta et Epstein. Connaissant l'accord de complaisance, il apparaît qu'ils ne se souciaient tout simplement pas des enfants victimes des trafics. Tout comme les vedettes qui assistaient aux soirées d'Epstein et le fréquentaient. Déambulant dans les cercles conformes à leur moralité, les puissants détournent les yeux et dansent avec le diable.

Ajoutez à ce cocktail un article de la journaliste d'investigation Vicky Ward. Paru sur le Daily Veast, il cite un ancien haut fonctionnaire de la Maison Blanche qui rapporte ce qu'a dit Acosta lors de son entretien avec l'équipe de transition du président Donald Trump : « Il m'avait été dit qu'Epstein 'appartenait au renseignement' et de le laisser tranquille. » En étant au courant que des enfants, peut-être des centaines de mineurs, étaient victimes d'abus sexuels et de trafic, si quelqu'un vous disait qu'ils servent à des fins de 'renseignement', détourneriez-vous simplement la tête, ne feriez-vous rien ?

Mais c'est encore plus, osons le dire, diaboliques. À son nouveau poste de Secrétaire au Travail, Acosta a commencé par proposer de réduire de 80% le financement du Bureau international des affaires du travail. Cet organisme se bat à l'international contre le trafic des êtres humains, dont la pédocriminalité et le travail forcé des enfants. Son budget passerait de 68 millions de dollars l'année dernière à seulement 18,5 millions de dollars en 2020. La réduction proposée serait si draconienne que des experts ont annoncé qu'elle allait anéantir de nombreux efforts fédéraux visant à lutter contre le trafic sexuel et mettre en danger la vie d'un grand nombre d'enfants.

Katherin Clark, la représentante du Congrès, a publié le 3 avril 2019 ce communiqué de presse :

« Aujourd'hui, lors d'une audience du Comité des crédits, Katherine Clark, Rep. Katherine Clark Questions Secretary of Labor AcostaRep. Katherine Clark Questions Secretary of Labor Acosta du groupe parlementaire démocrate de la Chambre, a interrogé le Secrétaire au Travail Alexander Acosta, sur sa capacité à superviser le Département du Travail, du fait de son parti pris envers les puissants au détriment des victimes de trafics, et de sa proposition de réduire les programmes destinés à protéger les travailleurs et les rescapés. »

Mme Clark a mis en doute la loyauté du Secrétaire Acosta dans sa mission au Département du Travail. Elle a déclaré : « Un disparu sur sept est probablement victime de trafic sexuel, et on estime que des centaines de milliers d'adultes et d'enfants en sont victimes aux États-Unis. Et malgré cela vous proposez de réduire de 79% le budget du Bureau international des affaires du travail, une réduction de 68 millions de dollars pour passer à seulement 18,5 millions de dollars. Mais ce n'est pas la première fois que vous faites semblant de ne pas voir les trafics d'êtres humains, n'est-ce pas ? »

Les démocrates ont été si scandalisés par l'acte de sabotage gratuit des moyens gouvernementaux servant à mettre fin aux trafics d'enfants, qu'ils ont demandé à Acosta de démissionner. Selon eux, permettre la poursuite sans entrave des trafics d'enfants, est une tendance chez Acosta.

La bataille sur l'avenir des compressions budgétaires visant le trafic d'enfants se poursuit. Les coupes proposées par Acosta ont été portées dans la somme de 4,7 milliards de dollars de Trump, publiée en mars. Cette somme englobe plusieurs projets républicains, notamment des fonds supplémentaires pour l'armée et le financement du mur frontalier. Les démocrates ont réagi avec un budget pour 2020, adopté en juin par la Chambre. Les ressources consacrées au trafic d'enfants devraient atteindre 122 millions de dollars.

Vous devez vous interroger sur les hommes puissants comme Alexander Acosta. Comment font-ils pour dormir la nuit ? Ont-ils seulement une conscience ? Bien qu'ils soient devenus très puissants, protéger quelqu'un comme Jeffrey Epstein est pour eux acceptable ? Quand sont-ils devenus lâches au point d'accepter de réduire le budget de manière à ce que puissent continuer les trafics d'enfants ? Pourquoi Donald Trump l'a-t-il nommé Secrétaire au Travail, alors qu'il était au courant de l'accord conclu entre lui et Epstein. Comment tous ces sénateurs ont-ils pu entériner la nomination d'Acosta à un poste qu'il n'aurait jamais dû avoir ? Comment et pourquoi Donald Trump a-t-il réduit considérablement le budget de Acosta, et comment a-t-il pu intégrer la somme enlevée dans son propre budget ?

 Pravda.Ru, Nancy O'Brien Simpson

Original :  www.pravdareport.com/opinion/142718-acosta_epstein/

Traduction  Petrus Lombard

 reseauinternational.net