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Interrogé sur le plateau de RT France après la signature du traité franco-allemand d'Aix-la-Chapelle, le candidat du Rassemblement national aux européennes, Jordan Bardella, a défendu les vues de son parti et fustigé une «fuite en avant fédéraliste».
Emmanuel Macron et Angela Merkel ont signé le 22 janvier en Allemagne le traité d'Aix-la-Chapelle, visant à rapprocher les stratégies de leurs deux pays en matière économique, de défense et de représentation diplomatique. La présidente du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, a qualifié cette signature de «trahison» et a annoncé son intention de saisir le Conseil constitutionnel à cet égard. Selon la députée, «ce traité est une vente à la découpe de notre pays». Emmanuel Macron, de son côté, a dénoncé «ceux qui caricaturent ou répandent le mensonge» au sujet de ce texte.
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Pour évoquer ces questions, la tête de liste RN aux élections européennes, Jordan Bardella, a répondu aux questions de Stéphanie de Muru sur le plateau de RT France. Ce dernier a notamment réagi à cette dernière accusation de la part du chef de l'Etat : «Si Emmanuel Macron estime que ce sont des mensonges, peut-être aurait-il dû expliquer les termes de ce traité aux Français. [...] Ce qu'on peut déplorer c'est que ce traité a été négocié dans l'opacité la plus totale [...] vis-à-vis du Sénat, de l'Assemblée nationale, des élus et d'une manière générale, vis-à-vis des Français.»
Pour le jeune candidat aux ambitions européennes, le traité d'Aix-la-Chapelle servirait les intérêts politiques personnels du président français et de la chancelière allemande : «Ce qu'on peut constater avec ce traité, c'est une volonté de sa part [Emmanuel Macron] et de celle de madame Merkel de se relancer sur la scène européenne ; des gens qui sont aujourd'hui totalement isolés en Europe et qui souhaitent relancer cette idée d'Europe fédérale.»
Jordan Bardella a également évoqué «plusieurs articles inquiétants» dans le traité : «D'abord l'article 5 qui nous explique que la France pourrait demain échanger des représentants de haut-rang au sein des Nations unies, mais aussi au sein de l'OTAN avec l'Allemagne, ce qui pose tout de même une question de souveraineté, puis, deuxièmement, l'article 8, une déclaration de principe sur le fait que demain l'Allemagne obtiendra une "priorité" pour la diplomatie franco-allemande, un siège au conseil de sécurité de l'ONU.»
Je n'ai pas personnellement envie de faire de convergence économique avec un pays qui a des jobs à un euro de l'heure, qui ne correspond pas au modèle social et économique français
On lit dans le texte, de fait : «L'admission de la République fédérale d'Allemagne en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies est une priorité de la diplomatie franco-allemande.»
La figure montante du RN a ensuite interrogé : «Il y a beaucoup de zones d'ombre dans ce texte [...] mais la question que je pose, c'est : "A quoi nous sert ce traité ?"» Et de préciser : «Je n'ai pas personnellement envie de faire de convergence économique avec un pays qui a des jobs à un euro de l'heure, qui ne correspond pas au modèle social et économique français.»
Concernant l'idée d'une Défense commune avec l'Allemagne qui protégerait la France de l'influence américaine, Jordan Bardella a opposé : «Moi au contraire, je défends l'indépendance, la liberté et la souveraineté de la France qui a une voix singulière à porter sur la scène internationale. [...] Je ne considère pas qu'il faille aujourd'hui mutualiser les forces parce que les intérêts de l'Allemagne sont parfois divergents des intérêts de la France.»
Le courant qui monte [...] défend une Europe basée sur le respect des souverainetés nationales, l'identité des peuples
Le jeune candidat a également dénoncé ce qu'il a qualifié de «fuite en avant fédéraliste» de la part du président français et de la chancelière allemande. A cela, il a opposé les partis «européens» alliés du RN d'Autriche et d'Italie, qui ont accédé au pouvoir : «Le courant qui monte [...] défend une Europe basée sur le respect des souverainetés nationales, l'identité des peuples et la liberté de chacune des nations à déterminer si oui ou non, elle doit négocier des accords économiques ou s'engager dans un conflit.»
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