23/03/2024 mondialisation.ca  6min #245349

 « Libérez la vérité » : Julian Assange et la défense de la liberté de la presse

« Julian Assange est persécuté pour avoir révélé des vérités choquantes et dangereuses »

Par  Edgar Costa

Les avocats du militant Julian Assange ont lancé un dernier défi juridique au Royaume-Uni pour empêcher que le fondateur de WikiLeaks ne soit envoyé aux États-Unis, où il serait accusé d'espionnage. L'argument des défenseurs de Julian Assange est que les autorités américaines cherchent à le condamner pour avoir révélé des actes criminels graves commis par le gouvernement de ce pays.

À New York, plusieurs groupes de militants se sont rassemblés devant le consulat britannique à Manhattan pour demander la libération de M. Assange. Après avoir vécu reclus pendant sept ans dans un petit espace de l'ambassade de l'Équateur à Londres, sous protection diplomatique, M. Assange a passé les cinq dernières années dans une prison britannique. Parmi les participants à la manifestation new-yorkaise, un visage familier est apparu, défenseur régulier du journaliste australien : l'actrice populaire Susan Sarandon.

Sarandon (77 ans) reste très activement engagée dans plusieurs combats politiques. La cause palestinienne, par exemple, lui a coûté son contrat avec l'agence artistique qui la représentait depuis longtemps. La raison invoquée : les propos tenus par Sarandon lors d'une des manifestations auxquelles elle a participé :

"Beaucoup de gens ont peur d'être juifs en ce moment, et ils commencent à avoir un aperçu de ce que vivent les musulmans dans ce pays", a déclaré l'actrice de Thelma et Louise.

Loin de renoncer à la remise en cause d'Israël, l'actrice a de nouveau manifesté au Capitole pour protester contre le vote du Sénat sur l'aide extérieure de 95 milliards de dollars, dont 14 milliards de dollars pour Israël.

Susan Sarandon est l'une des actrices américaines les plus engagées dans les causes sociales et, comme à cette occasion pour la défense d'Assange, elle participe discrètement mais énergiquement, consciente du retentissement généré par son soutien. Lauréate d'un Oscar, elle estime que l'imagination est à la base du jeu d'acteur et de l'activisme. Sarandon a déclaré qu'elle était capable de se mettre à la place des autres et qu'elle souhaite mettre sa notoriété au service de la cause. Au fil des ans, elle s'est exprimée contre la guerre en Irak, la faim, les sans-abri, les trafics sexuels, l'incarcération de masse et la peine de mort.

"Julian Assange est persécuté pour avoir révélé des vérités, des vérités choquantes, des vérités dangereuses qui défient le discours habituel dans de nombreux contextes. La liberté de la presse n'existe pas, c'est extrêmement dangereux, surtout lorsque l'on voit à quel point les journalistes se taisent aujourd'hui".

Dans une conversation exclusive avec La Politica Online, lors de la manifestation qui a eu lieu à Manhattan, Sarandon mentionne qu'elle n'est pas une bonne oratrice, mais qu'elle se sent le devoir de défendre Assange pour elle-même et pour ses enfants.

Pourquoi pensez-vous qu'il est si important de défendre Julian Assange de la prison aux États-Unis ?

Julian Assange est persécuté pour avoir révélé des vérité, des vérités choquantes, des vérités dangereuses qui défient le récit dans de nombreuses situations. La liberté de la presse n'existe pas, c'est extrêmement dangereux, surtout lorsque l'on voit à quel point les journalistes se taisent aujourd'hui.Publier certaines des révélations d'Assange ne leur a posé aucun problème, et maintenant ils se taisent. Julian n'est même pas citoyen des États-Unis. Que fait l'Australie dans tout cela ? Les gens ont tellement peur de remettre en question le statu quo qu'ils ne font rien. Et nous le constatons lorsque nous réalisons le prix que paient Assange et sa famille. Nous devons tenir les gens informés de ce qui se passe, et nous devons libérer Julian.

Outre le procès Assange, les États-Unis sont impliqués dans un autre débat politique international : la guerre au Moyen-Orient. Qu'en pensez-vous ?

La situation de ce pays est vraiment navrante, car la liberté de la presse n'est pas respectée, comme on le constate. La même chose se produit dans d'autres contextes, comme en Palestine en ce moment. Nous savons de quelle manière les gens reçoivent les informations et prennent leurs décisions. Cela finit par avoir un impact sur les élections et les décisions. Les informations finissent par créer des partis pris et par définir qui seraient nos héros. Mais adopter une vision tronquée des événements dans le monde est dangereux. Aujourd'hui, il faut un cessez-le-feu à Gaza. Les hôpitaux sont détruits, c'est un véritable génocide. 80 % des Américains veulent un cessez-le-feu et nos impôts ne doivent pas servir à financer les bombardements de cette guerre.

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Une autre des voix qui a animé la manifestation à New York en faveur d'Assange est celle de Margaret Kimberly, coauteur du livre "In Defense of Julian Assange". Kimberly pense que les Démocrates et les Républicains réagissent de la même manière à l'encontre d'Assange.

La journaliste a déclaré :

"On nous a dit que Donald Trump avait gagné grâce à Julian Assange, qui collaborait avec la Russie, mais en fait, c'est Barack Obama qui a engagé le processus de poursuite contre les lanceurs d'alerte en recourant à l'Espionage Act. Aucun président n'a utilisé la loi sur l'espionnage autant que Barack Obama."

"Nous avons besoin d'un cessez-le-feu à Gaza. Les hôpitaux sont détruits, c'est un véritable génocide. 80% des Américains veulent un cessez-le-feu, et nos impôts ne doivent pas financer les bombardements de cette guerre".

Critique à l'égard de Trump mais aussi de Biden, Kimberlly a souligné que le candidat républicain avait décidé de s'attaquer à Assange en s'immisçant dans les activités internes de l'Équateur, le pays qui lui avait accordé l'asile. L'écrivaine et activiste afro-américaine a conclu

qu'"ils ont voulu former un nouveau gouvernement en Équateur et se sont immiscés dans sa politique électorale en faisant en sorte que différents individus occupent le poste qui leur permettrait de livrer Assange."

On ne devrait pas s'étonner que Trump soit le pire président de l'histoire, mais maintenant il n'est plus à la Maison Blanche. C'est Biden qui est président maintenant, censé être quelqu'un qui défend la démocratie, mais il rejoint Trump en poursuivant Assange. Les Démocrates sont-ils meilleurs ? Ces efforts sont bipartites, la guerre est bipartite, le soutien à Israël est bipartite. Le soutien à la prolongation de la guerre en Ukraine est bipartite. C'est pour cela qu'ils détestent Assange. Pour tout ce qu'il nous a révélé ».

Edgar Costa

Article original en anglais :

 lapoliticaonline.com

Traduction : Spirit of Free Speech

La source originale de cet article est  lapoliticaonline.com

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