25/06/2025 reseauinternational.net  4min #282247

L'Allemagne appelle au retour du service militaire obligatoire

par Philippe Rosenthal

Berlin se prépare à recréer l'armée la plus puissante d'Europe. Le chancelier allemand, Friedrich Merz veut «l'armée conventionnelle la plus puissante d'Europe». Les ambitions de la politique allemande se heurtent au mur de la réalité. Pour le moment, Berlin se dote d'une armée de papier.

Dans sa première déclaration gouvernementale, le chancelier Merz a annoncé des investissements massifs dans la défense allemande. «La Bundeswehr va devenir l'armée conventionnelle  la plus puissante d'Europe», a-t-il lancé. Mais, il y a un gros problème.

L'Allemagne doit trouver des soldats pour constituer son armée conventionnelle la plus puissante d'Europe. Et, c'est là que les difficultés commencent. «Selon le ministre fédéral de la Défense Boris Pistorius (SPD), l'Allemagne, à elle seule, a besoin de 50 000 à 60 000 soldats actifs supplémentaires»,  fait savoir l'ARD, la première chaîne de télévision allemande (Das Erste).

La vieille question de la remise en place du service militaire obligatoire en Allemagne resurgit. «Il faut maintenant créer les conditions d'un service militaire qui pourrait être aussi obligatoire», a annoncé le vice-chancelier et leader du SPD Lars Klingbeil, poursuit Das Erste. Actuellement, en Allemagne, le gouvernement mise sur les candidatures volontaires pour faire grossir les rangs au sein de l'armée.

Le chef de la Chancellerie, Thorsten Frei, souhaite une décision rapide sur la question de savoir si l'élargissement de la Bundeswehr peut se faire par le biais du service volontaire ou seulement par un retour à la conscription car, selon Das Erste, l'Allemagne n'a pas le temps d'attendre. «Nous n'avons pas le temps d'attendre indéfiniment»,  a déclaré le député de la CDU, ministre fédéral des Affaires spéciales et chef de la Chancellerie fédérale à l'agence de presse dpa, stipule Der Spiegel. La coalition CDU-SPD doit parvenir à un accord clair «sur le moment où nous devons changer de stratégie afin d'atteindre l'objectif que chacun reconnaît comme nécessaire», annonce-t-il.

Panique à bord

«Frei a du mal à imaginer que les 230 000 à 240 000 soldats visés par Pistorius puissent être atteints par le service militaire volontaire», rajoute l'ARD. Selon le chef de la Chancellerie, «il faut ensuite se demander : dans combien de temps pouvons-nous nous accorder pour atteindre cet objectif, sur une base volontaire ? Personnellement, je pense que nous n'avons pratiquement pas le temps pour cela, car la menace est énorme».

Les responsables politiques en poste actuellement à Berlin sont dans un état de panique. Quand un Allemand se trouve dans un tel état, il perd la capacité d'analyse logique et il voit le monde sous un effet tunnel alors que la Russie ne menace pas l'Allemagne, sauf si Berlin a envoyé ses missiles Taurus et qu'ils sont utilisés par l'Ukraine. Les élites allemandes sont comme des poules prises de panique dans un poulailler un jour d'orage.

«Le principe du volontariat  ne peut pas combler le déficit de 50 000 soldats», a fait valoir la vice-présidente de la Junge Union (CDU), Ann-Cathrin Simon. Et, le SPD, parti se trouvant dans la coalition gouvernementale actuellement, est contre cette idée. D'ailleurs, Observateur Continental a signalé une rébellion dans le SPD alors que le vice-chancelier, Lars Klingbeil (SPD), est pour le soutien à l'armée ukrainienne et pour le service militaire obligatoire : la base du SPD et la section de la jeunesse du SPD (Juso) sont totalement contre, ce qui entraîne une fissure. Le chef du Juso, Philipp Türmer, a rétorqué à Ann-Cathrin Simon dans le magazine matinal de l'ARD que la réintroduction du service militaire obligatoire surchargerait massivement la Bundeswehr.

Observateur Continental  titrait le 12 juin dernier : «Le SPD ébranle le consensus antirusse». C'est que le SPD, les Linke, mais aussi l'AfD veulent dialoguer avec Moscou en se tournant vers la Russie.

L'Allemagne d'aujourd'hui, se heurte à l'opposition politique contre sa volonté de réarmer et de remettre en fonction le service militaire obligatoire. Elle ne trouve pas le personnel nécessaire pour porter l'uniforme et elle n'a pas les infrastructures pour monter une telle armée.

Les ambitions de Friedrich Merz, de la CDU, du FDP, des Verts, sont vouées à l'échec. Les plans de l'Allemagne et des alliés de l'OTAN se trouvent uniquement sur le papier. Une armée de papier ne va pas pouvoir assurer la réalisation de la plus grande armée de l'Europe.

source :  Observateur Continental

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