par Julia Dahm et Sarantis Michalopoulos.
L'Allemagne est désormais favorable à un embargo de l'UE sur le pétrole russe, alors qu'elle s'opposait auparavant à de nouvelles sanctions énergétiques contre la Russie, selon des informations obtenues par plusieurs médias du pays. Parallèlement, EURACTIV a été informé que l'UE envisageait d'interdire les importations de pétrole transféré par des pétroliers et d'autoriser celles qui passent par des oléoducs, en tous cas pour le moment.
Au cours des discussions préliminaires sur un potentiel sixième volet de sanctions de l'UE à l'encontre de Moscou, Berlin s'est prononcé en faveur de l'arrêt des importations de pétrole en provenance de Russie, ont déclaré des diplomates européens aux médias allemands dpa et ZDF.
Les sources ont toutefois ajouté que l'Allemagne envisageait une période transitoire de durée inconnue avant l'entrée en vigueur d'un embargo total.
Au cours du week-end, les ambassadeurs de l'UE ont eu des discussions approfondies avec des responsables de la Commission européenne sur le contenu d'un éventuel sixième volet de sanctions.
« Il est très probable que nous puissions faire adopter ce paquet cette semaine », a déclaré un diplomate européen à EURACTIV, ajoutant que mercredi soir ou jeudi matin pourraient être des dates possibles.
L'Allemagne s'était auparavant opposée à toute sanction énergétique supplémentaire en raison de sa dépendance aux combustibles fossiles russes.
Cependant, après avoir travaillé à la diversification des fournisseurs et à la sécurisation des sources d'énergie alternatives, le ministre de l'Énergie Robert Habeck a annoncé la semaine dernière que l'Allemagne était « très, très proche » de devenir indépendante du pétrole russe.
La plupart des analystes considèrent que ce progrès, qui a été en partie réalisé grâce au soutien de la Pologne par le biais de ce que les deux pays ont appelé « une coopération intensifiée dans le domaine du pétrole », est la raison du revirement de Berlin.
Si le soutien de l'Allemagne devrait rendre plus probable une décision en faveur de l'arrêt des exportations de pétrole, plusieurs pays, dont la Hongrie, l'Italie, l'Espagne et l'Autriche, s'opposent toujours à cette mesure.
Afin de contourner le veto hongrois, l'UE envisage d'interdire, pour l'instant, uniquement les importations de pétrole par bateau. « La Hongrie est un pays enclavé, donc une telle mesure ne les affecterait pas », a déclaré le diplomate.
EURACTIV a également appris que plusieurs pays ont demandé à imposer un embargo sur le pétrole à condition que les contrats actuels expirent.
Les responsables de la Commission européenne informent les ambassadeurs de l'UE des grandes lignes des sanctions proposées depuis vendredi dernier. La Commission annoncera ensuite les sanctions proposées aux États membres de l'UE et espère une approbation dans un bref délai, voire même dans la journée.
Cependant, EURACTIV a été informé que plusieurs États avaient soulevé la question du court préavis, considérant que l'UE touche maintenant le « cœur des sanctions », et que des détails plus techniques devraient être réglés. Certains États sont donc susceptibles de demander plus de temps pour examiner les sanctions proposées.
Selon nos informations, la banque russe Sberbank sera également visée par le sixième volet de sanctions. D'autres oligarques seront ajoutés à la liste noire, y compris les proches des personnes déjà sanctionnées.
Il est également très probable que les militaires responsables des atrocités commises à Boutcha soient également visés, tandis que certains États membres de l'UE demandent qu'il en soit de même pour Marioupol ; toutefois, pour l'instant, il est difficile d'identifier les personnes impliquées.
De la confusion sur les paiements
Plusieurs sources ont également confirmé à EURACTIV que les États membres de l'UE sont furieux contre l'exécutif concernant sa gestion de la question du paiement avec Gazprom.
« La question s'est aggravée sous la responsabilité de la Commission », a déclaré un autre diplomate, ajoutant que les capitales européennes attendent des orientations claires lors d'une réunion des ministres de l'Énergie de l'UE aujourd'hui.
Le diplomate a expliqué que l'affaire est plus politique que technique et qu'en accordant autant d'importance à la question, « nous rendons service à M. Poutine ».
Interrogées sur la coupure du gaz russe pour la Pologne et la Bulgarie, des sources ont déclaré que Varsovie s'y attendait, étant donné qu'elle a fait pression pour une interdiction totale des combustibles fossiles russes dès le début de la guerre.
Dans le cas de Sofia, un diplomate a déclaré que la Bulgarie avait suivi le protocole et insisté pour obtenir des réponses écrites de Moscou concernant le mode de paiement. N'ayant reçu aucune réponse, ils n'ont pas payé et le gaz a été coupé.
Une source a ajouté que les discussions sur l'envoi d'équipements militaires lourds en Ukraine n'ont pas non plus aidé, de même que la tentative du nouveau gouvernement bulgare de se rapprocher à nouveau de Washington. « Peut-être que Moscou voulait faire du cas bulgare un exemple pour le reste des États de l'UE », a déclaré la source.
source : Euractiv