23/10/2025 ssofidelis.substack.com  3min #294187

L'ennemi intérieur

Joe McCarthy (à gauche) avec Roy Cohn

Par  Bill Astore, le 20 octobre 2025

Les guerres américaines à l'étranger ont fait leur retour sur le sol national.

Les guerres menées par les États-Unis à l'étranger, avec toute leur violence brutale et arbitraire, ont bel et bien fait leur retour au pays. Pendant des décennies, nos dirigeants ont projeté leur puissance à l'étranger sous prétexte de lutter contre le mal, qu'il s'agisse du communisme, du terrorisme ou de la tyrannie. Ce faisant, ils ont contribué à instaurer un climat autoritaire qui s'est désormais retourné contre eux. L'"ennemi" n'est plus un adversaire lointain dans un pays étranger, c'est "l'ennemi intérieur". Pour Donald Trump, cette notion désigne la mythique "gauche radicale", une variante du fantasme des années 1950 selon lequel un communiste se cachait sous chaque lit. L'ironie, bien sûr, est que le véritable danger, aujourd'hui comme hier, ne vient pas d'une menace fantasmée de la gauche, mais d'un mouvement radical de droite prêt à priver les Américains de leurs droits au nom d'une sécurité et d'un patriotisme fallacieux.

La situation actuelle est bien plus dangereuse que celle de l'époque McCarthy. Dans les années 1950, le sénateur Joe McCarthy pouvait détruire des réputations et des carrières, mais il n'était jamais qu'un simple sénateur. Aujourd'hui, nous sommes confrontés à un président qui pratique la démagogie de McCarthy depuis le Bureau ovale, utilisant tout le pouvoir de l'exécutif pour punir la dissidence et récompenser la loyauté. Il est entouré d'une coterie d'opportunistes, de laquais et de flagorneurs qui entretiennent sa vanité, se font l'écho de ses griefs et amplifient ses théories du complot sans fondement. La machine gouvernementale, celle-là même qui servait autrefois à surveiller et à cibler les "ennemis" étrangers, est désormais braquée sur nos concitoyens.

La guerre mondiale contre le terrorisme semble enfin avoir pris une dimension mondiale au plein sens du terme, s'étendant aux rues, aux tribunaux et aux universités américains. Trump et ses alliés dépeignent les villes démocrates et les mouvements progressistes comme des terreaux propices au chaos et à la sédition. Dans son esprit, quiconque résiste à sa volonté, même par les moyens les plus légaux et constitutionnels, est un "insurgé". Il affiche depuis longtemps son mépris pour la Constitution qu'il a juré de défendre. Trump n'est souvent que ce qu'il semble être : un dangereux hâbleur vindicatif, ignorant des limites et responsabilités de sa fonction. Mais d'autres individus de son entourage, comme Stephen Miller, nourrissent des desseins plus insidieux et délibérés à l'égard de la démocratie américaine.

Que faire ? Le Congrès est paralysé, divisé et largement privé de pouvoir. La Cour suprême est dominée par des idéologues en mal de légitimité, désireux de remodeler la nation selon des principes réactionnaires. Alors qui va pouvoir contrôler un président déterminé à régner plutôt qu'à gouverner ?

L'expérience américaine d'autonomie gouvernementale a traversé de nombreuses crises, mais elle a rarement paru aussi fragile. Comme l'a récemment écrit le journaliste Nick Turse dans  TomDispatch, les États-Unis sont aujourd'hui au bord du gouffre de l'autoritarisme. De nombreux partisans de Trump semblent impatients de franchir le pas, de mener une guerre interne contre leurs concitoyens sous prétexte de sauver la nation.

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Comme nous l'a rappelé Maître Po dans Kung Fu, "seule la peur est obscurité". Et, mes chers concitoyens américains, nous nous dirigeons vers une ère bien sombre.

Traduit par  Spirit of Free Speech

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