S. Jouan
Des manifestants tiennent des pancartes alors qu'ils protestent à l'extérieur des Royal Courts of Justice, la Haute Cour de Grande-Bretagne, dans le centre de Londres le 20 février 2024, alors que la haute cour entend l'ultime appel de Julian Assange, fo
AFP
Le journaliste australien Julian Assange cherche à éviter l'application de son extradition vers les États-Unis en réclamant une dernière audience en appel au Royaume-Uni. Tandis qu'il est accusé de contrevenir à l'Espionnage Act, les garanties américaines quant au bon déroulé de son extradition ne permettent pas à sa famille d'envisager cela avec sérénité, ces derniers notifiant leur "extrême désarroi".
Après la diffusion en 2010 de centaines de milliers de documents confidentiels américains relatifs aux activités militaires des États-Unis, le lanceur d'alerte australien Julian Assange est poursuivi par la justice américaine. Par le biais de WikiLeaks, son site internet, celui-ci relaie les informations essentiellement relatives à la guerre en Irak. Des publications faites avec la collaboration de nombreux médias, dont le Monde, ne l'oublions pas.
Afin d'échapper aux sévices du texte de l'Espionnage Act américain, l'australien se repli au Royaume-Uni. Cependant, une demande d'extradition est faite par les États-Unis afin que celui-ci soit jugé selon la loi du pays.
La Haute Cour de Londres a accordé le 26 mars dernier trois semaines aux autorités américaines pour apporter les preuves nécessaires qu'un traitement juste serait accordé à Julian Assange en cas d'extradition.
Les risques sont nombreux, le plus évident étant la peine de mort pour la propagation de textes confidentiels sur l'armée américaine. Une peine de prison pouvant atteindre 165 ans est aussi envisagée. Alors, il lui serait impossible de faire valoir le premier amendement, soit celui concernant la liberté d'expression.
Le mardi 16 avril était la date limite fixée par la justice britannique pour les Américains. L'examen des garanties cours jusqu'au 20 mai, date à laquelle les juges britanniques décideront l'accord possible ou non d'un nouveau recours en appel pour Julian Assange.
Les garanties communiquées n'ont pu faire l'objet d'une communication médiatique et restent donc tues. Cependant, la femme de Julian Assange, Stella Assange, affirme que les autorités américaines ont en réalité fourni une « non-garantie » sur l'usage du premier amendement pour le lanceur d'alerte.
En ce qui concerne la peine de mort, les américains se prévalent d'une « garantie standard » à ce propos. Des engagements volontairement vagues, que Stella Assange, comme l'avocat français de Julian Assange, Antoine Vey, estiment insuffisants. Ce dernier explique au Monde que « il n'y a aucune garantie apportée pour protéger son statut de journaliste et la couverture dont il pourrait bénéficier aux Etats-Unis au titre du premier amendement ».
Une situation pleine de rebondissements où les autorités louvoient avec les garanties qui peuvent être accordées à Assange. En effet, le président des Etats-Unis, Joe Biden, assurait pourtant ce mercredi 17 avril dans une interview que Washington examinait une requête australienne plaidant pour faire table rase des charges pesant sur son citoyen.