30/05/2023 francesoir.fr  3min #229203

L'Everest accueille de plus en plus de grimpeurs et croule sous leurs déchets

France-Soir

Montagne de déchets laissée par les grimpeurs sur le camp 4 de l'Everest, en mai 2018.

DOMA SHERPA / AFP

DÉPÊCHE — C'est devenu un marronnier : l'Everest est saccagé par les déchets qu'abandonnent les grimpeurs. Cette année plus encore que les précédentes, notamment parce que le Népal livre de plus en plus de permis, le toit du monde peine à être nettoyé.

Sur Twitter, des vidéos montrant l'ampleur des dégâts circulent :

🚨🏔Bouteilles de gaz abandonnées, tentes déchirées et détritus par milliers… La semaine dernière, le camp 4 de l’Everest (alt 8050m) a été transformé en déchèterie géante après le passage des expéditions. Terrifiant et affligeant, tout simplement (credit:Tenzi Sherpa) #Népal

Le camp IV se situe à un peu plus de 7 900m d'altitude et se trouve être la dernière étape avant l'assaut final vers le sommet (8 800m). Tout le monde ne l'atteint pas.

35 tonnes de déchets sur les monts

Cette année, ce n'est pas moins de 463 candidats au sommet qui tentent d'y parvenir. C'est 55 de plus qu'en 2021, et 138 de plus que l'année dernière. Une augmentation due aux décisions du gouvernement népalais, qui veut rattraper le manque à gagner causé par la crise du Covid-19 en distribuant davantage de permis. Comme le rapporte le site  Outside, cela donne entre 30 et 40 équipes d'alpinistes, qui varient « de deux à plus de cent personnes, auxquelles s'ajoutent plusieurs dizaines de guides et des équipes de logistique ». Pendant huit à trois semaines, tout ce petit monde doit « se nourrir, se loger et grimper, pour la large majorité avec une supplémentation en oxygène ».

Résultat, les déchets s'amoncellent, et les Sherpas qui sont engagés chaque année pour nettoyer peinent à accomplir leur lourde tâche. En 2019, rien que sur le camp de base de l'Everest, 14 d'entre eux avaient ramassé 10 386 kg de déchets. Deux ans plus tard, c'est « 43 soldats népalais accompagnés de Sherpas expérimentés ont été chargés d'enlever autant d'ordures que possible sur l'Everest, mais aussi sur le Lhotse, le Pumori, l'Ama Dablam, le Makalu et le Dhaulagiri. » De toutes ces montagnes, dont quatre constituent le « club des 8 000m », 35 tonnes de déchets devaient être descendues. Plus de la moitié se trouvait seulement sur les camps de base.

Des solutions difficiles

Sans surprise, il est de plus en plus compliqué pour le pays de conserver ces monts propres jusqu'à leur cime. Le gouvernement cherche néanmoins des solutions, notamment en essayant de mettre les grimpeurs à contribution. Depuis 2014, il est exigé des grimpeurs un dépôt de 4 000 dollars par groupe d'alpinistes, qui est remboursé si tout le monde rapporte de son expédition au moins huit kilos de déchets.

Malgré cela, et l'existence d'autres taxes peu respectées, les grimpeurs semblent toujours faire passer les selfies avant le ramassage des déchets. Il en va de même pour les « tours opérators », qui ne cessent d'enchaîner les ascensions.

Or, la médiatisation grandissante de l'Everest n'est pas près de régler le problème. En février dernier, c'est le jeune Youtubeur de 21 ans  « Inoxtag » qui dévoilait son souhait d'aller gravir le toit du monde en 2024. S'il concentre pour l'instant le récit sur sa préparation physique, mettra-t-il aussi les projecteurs sur l'envers du décor ?

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