• Quelques réflexions sur l'immense article, quasiment un livre, du New York 'Times' sur la guerre en Ukraine. • Le conflit est présenté comme totalement dirigé par les généraux américanistes, selon des plans impeccables, catastrophiquement mal appliqués par des Ukrainiens incapables de saisir le génie des instructions qu'on leur donnait. • C'est un jeu bien connu, utilisant les deux fameuses caractéristiques de l'américanisme : l'inculpabilité et l'indéfectibilité. • On voit mal l'effondrement américaniste s'effectuer avec grâce.
On sait, cela fit tant de bruit, que le New York 'Times' a publié un énorme article-fleuve ('Le Partenariat : l'histoire secrète de la guerre en Ukraine'), le 31 mars, sur la guerre en Ukraine (voir le programme Mercouris-Christoforou sur le thème). L'historien turc Taryk Cyril Amar en fait une recension sans suivre les clous américanistes, dans RT.com et RT-français. Son commentaire est court et clair :
« Un long article du New York Times révélant un"partenariat" entre les États-Unis et l'Ukraine n'a rien de surprenant, mais les implications sous-jacentes sont stupéfiantes, estime l'historien Tarik Cyril Amar. »
Notamment, Amar commente en rappelant que cet article a été immédiatement comparé aux ' Pentagon Papers' de Daniel Ellsberg. Même si Ellsberg n'obtint pas ce qu'il cherchait (l'arrêt immédiat de la guerre du Vietnam), au moins ses documents secrets qu'il portait au public mettait en évidence le rôle catastrophique des USA au Vietnam.
Au contraire d'Ellsberg, l'article 'Le Partenariat' est un long, très long commentaire sur le thème : "ce sont les Américains, surtout les généraux avec plein d'étoiles, qui ont tout fait et tout conduit, d'une manière magistrale, d'une main de maître, et ce sont ces connards d'Ukrainiens, à commencer par la grande majorité de leurs généraux étoilés, qui n'ont rien compris et ont tout exécuté de travers". Bref, les Américains avaient dessiné le chemin de la victoire et les Ukraikniens ont pris la direction inverse.
Ainsi la guerre en Ukraine, qui fut effectivement et quasi-exclusivement l'œuvre des généraux américanistes, fut-elle une extraordinaire exhibition des principales vertus de la psychologie de l'américanisme : inculpabilité et l' indéfectibilité. Ces deux traits psychologiques strictement américanistes, et uniquelment valables pour l'américanisme, signifient :
1) L'Amérique ne peut être tenue coupable d'aucune vilenie, en aucune façon et de quelque façon qu'on observe son action, considérant sa vertu morale absolue et imprescriptible ; et
2) L'Amérique ne peut être vaincue, "en aucune façon et de quelque façon qu'on observe son action", considérant que même lorsqu'elle est mêlée à une défaite c'est parce que le principal acteur, certes manipulé par elle, a mal compris les consignes et cru qu'il serait capable lui-même de l'emporter.
... Et l'une de nos réflexions sur ce sujet aboutissait à l'idée que plus l'Amérique s'effondre et perd des batailles malgré de nombreuses horreurs commises en guise de grande stratégie, son inculpabilité et son indéfectibilité ne cessent de grandir et d'être affirmée à la face du monde, notamment dans les colonnes du 'New York Times', qui est une sorte de Bible à parution quotidienne.
Donc, ceci, du 7 mai 2011 :
« Par conséquent, il nous apparaît très probable que ces caractères monstrueux de la psychologie américaniste (inculpabilité et indéfectibilité) sont en réalité des caractères directement issus du Système, et imposés au sapiens par le Système. Ils ont été instillés dans la psychologie américaniste avec d'autant plus de succès que cette psychologie ne disposait d'aucune défense sérieuse, notamment contre le " persiflage" qui permit l'ouverture de la psychologie à son invasion par les travers du dehors. Notre appréciation de plus en plus renforcée est que ces traits psychologiques ne sont pas la dégénérescence ou une évolution maligne de traits normaux, mais des traits psychologiques spécifiques formés à partir du Système, qu'il est impossible de modifier. Ni l'expérience ni, bien entendu, la réalité n'ont aucune espèce d'effet sur eux ; ils restent et resteront ce qu'ils sont, induisant de plus en plus dans l'erreur ceux qui en sont affectés, les dirigeants américanistes, à mesure que la puissance US s'effondrera et rendra à son tour, dans une sorte de cercle vicieux, ces mêmes traits d'autant plus insupportables et producteurs d'erreurs catastrophiques. Ils sont la garantie que l'effacement et l'effondrement américanistes ne peuvent en aucun cas se dérouler dans un certain ordre, un certain rangement, mais qu'ils seront au contraire un ébranlement majeur et catastrophique, et peut-être décisif pour l'ensemble du Système. »