L'ayatollah Ali Khamenei implique Israël et les États-Unis dans les troubles iraniens
par Faouzi Oki.
Le guide suprême de la République islamique d'Iran Ali Khamenei a dénoncé hier la responsabilité des États-Unis et d'Israël dans les manifestations anti-gouvernementales. Il accuse aussi Washington d'avoir trouvé un prétexte pour provoquer des incidents.
Le guide suprême de la République islamique, l'ayatollah Ali Khamenei, a accusé le 3 octobre les États-Unis, Israël et leurs agents secrets d'avoir soulevé le mouvement de contestation anti-gouvernemental déclenché par la mort le 16 septembre de Mahsa Amini à Téhéran. La mort de la jeune fille a brisé le cœur de toute la population.
« Je dis clairement que ces émeutes et l'insécurité sont l'œuvre de l'Amérique, du régime sioniste d'Israël usurpateur et leurs agents salariés, avec l'aide de certains Iraniens traîtres à l'étranger », a-t-il dit dans sa première réaction à la mort de la jeune femme, arrêtée le 13 septembre 2022 par la police des mœurs. « La mort de la jeune fille nous a brisé le cœur, mais ce qui n'est pas normal c'est que certaines personnes, sans preuve ni enquête, rendent les rues dangereuses, brûlent le Coran, retirent le hijab des femmes voilées, mettent le feu aux mosquées et aux voitures », a-t-il déclaré.
Prenant la parole à l'occasion d'une cérémonie de remise de diplômes à des officiers issus de l'académie militaire à Téhéran, il a affirmé devant les médias iraniens : « La police est obligée de tenir tête aux criminels et d'assurer la sécurité de la société. Donc affaiblir la police signifie renforcer les criminels, et celui qui attaque la police laisse le peuple sans défense contre les criminels, les voyous, les voleurs », a-t-il ajouté. Il a appelé les autorités judiciaires à juger les émeutiers proportionnellement au niveau de leur participation aux « destructions et aux atteintes à la sécurité ».
Concernant la prise de position de certaines personnalités sportives et artistiques en faveur des manifestants, il a estimé que c'est à la justice de se prononcer s'il s'agit d'un acte criminel, mais à ses yeux leurs déclarations n'ont aucune importance, fait-il savoir.
L'Iran a convoqué le chargé d'affaires français, dénonçant l'ingérence de la France dans ses affaires intérieures après la condamnation par Paris de la répression violente par Téhéran des manifestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini. Dans un communiqué publié ce 29 septembre 2022 le ministère iranien des Affaires étrangères rejette et condamne fermement l'ingérence du ministère français des Affaires étrangères et de certains responsables français dans les affaires intérieures de l'Iran en utilisant de fausses interprétations.
« En réponse à la participation de trois responsables français à des manifestations à Paris et à l'initiative ridicule du magazine Charlie Hebdo, le chargé d'affaires de l'ambassade de France à Téhéran a été convoqué au ministère des Affaires étrangères », écrit la diplomatie iranienne.
Charlie Hebdo a publié le 28 septembre un article intitulé « Iran : les femmes disent merde aux mollahs » dans un numéro dont la Une met en scène quatre femmes voilées criant « Connasse ! Pute ! Chienne ! Salope ! » à une femme courant courtement vêtue, avec comme sous-titre : « Téhéran à 10 minutes de Paris ». La déclaration du ministère français des Affaires étrangères vise à innocenter les émeutiers qui n'avaient d'autre but que de détruire les biens publics et la vie et les biens des gens, ajoute le texte. Paris a fait état le 26 septembre de sa condamnation la plus ferme de la répression violente, par l'appareil sécuritaire iranien, des manifestations en Iran, consécutives à la mort le 16 septembre de la jeune iranienne Mahsa Amini après son interpellation par la police des mœurs, qui lui reprochait d'avoir enfreint le strict code vestimentaire de l'Iran qui oblige notamment toutes les femmes à porter le voile islamique.
« Cette répression brutale a déjà conduit à la mort de plusieurs dizaines de manifestants et manifestantes au cours des derniers jours », a dénoncé le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué. Il avait ajouté que la France examinait avec ses partenaires européens les options disponibles en réaction à ces nouvelles atteintes massives aux droits des femmes et aux droits de l'Homme en Iran.
Le 29 septembre, l'Allemagne a d'ailleurs réclamé des sanctions de l'Union européenne contre Téhéran. « Au sein de l'UE, je fais tout mon possible pour mettre en place des sanctions contre ceux qui en Iran battent les femmes à mort et abattent les manifestants au nom de la religion », a écrit la responsable de la diplomatie allemande Annalena Baerbock sur Twitter.