par Daruma
Je comprends les réactions émotionnelles de certains. Selon eux, Poutine aurait lâchement abandonné la Syrie aux mains des djihadistes modérément modérés. Mais nul n'est en droit d'exiger d'un allié qu'il se suicide pour vous sauver. Le fait est que, en géopolitique comme dans la guerre en général, il faut savoir ne pas mener une guerre qu'on ne peut pas gagner. Cela s'appelle la sagesse et la prudence.
Les médias mainstream de l'Empire, avec la myopie intellectuelle qui les caractérise, se réjouissent de ce qui se passe en Syrie. Tout ce qui ressemble de près ou de loin à une défaite de la Russie les fait se pâmer de satisfaction, anesthésiant le peu d'esprit critique et d'intelligence qu'il leur reste.
Ce qu'ils ne voient pas, c'est que l'Empire se retrouve avec un beau bordel sur les bras. Ses soi-disant alliés n'en font qu'à leur tête et se font la guerre entre eux. C'est sans doute une conséquence de son impuissance, qu'il a révélée au grand jour dans sa guerre en Ukraine contre la Russie. Quand on en vient à mendier pour récupérer les armes syriennes... À ce propos, ils ne voient pas non plus qu'Israël agit contre les intérêts de son «allié» américain en bombardant les stocks d'armes syriens que Blinken destinait à l'Ukraine. C'est là qu'on voit qui commande, n'est-ce pas ? En fait, je dirais plutôt que plus personne ne commande : c'est chacun pour soi.
Bref, rien ne va plus pour le camp atlantiste, qui est divisé et qui ne sait plus où donner de la tête. Un vrai casse-tête pour les US, en vérité : Je soutiens machin, qui combat truc, qui combat bidule, qui combat trucmuche qui combat tous les autres, et en prime machin, que pourtant je soutiens, me plante un couteau dans le dos.
Et l'Ukraine dans tout ça ? Eh bien, elle subit l'effet «main de Midas» (the Midas touch) version américaine : tout ce que l'État profond américain touche se transforme en merde. Pour servir ses intérêts géopolitiques, il a mis au pouvoir ce qu'il y a de pire en Ukraine, les bandéristes 1, qui font office de djihadistes version locale : même absence d'empathie et d'humanité, même absence de morale, d'éthique et de sens de l'honneur, même cruauté avec leurs ennemis mais aussi avec les leurs quand ils ne sont plus utiles. Et, comme toujours, quand les Occidentaux réveillent et nourrissent un monstre, celui-ci finit un jour ou l'autre par se retourner contre eux. Si l'on en croit la maxime de Kissinger 2, l'Ukraine se dirige inexorablement vers une issue fatale. Mais une fois l'Ukraine vaincue et expurgée de sa vermine néonazie, que se passera-t-il ensuite pour les gentils pays occidentaux qui n'ont pas tenu leurs promesses ? Les alliés d'hier se transformeront peut-être en ennemis, ou tout au moins en terroristes. Or les terroristes n'ont pas d'amis, ils n'ont que des employeurs, et ils ne sont pas regardants sur l'identité de l'employeur tant qu'ils sont bien payés. Au fait, les djihadistes et les bandéristes s'entendent très bien...
- Adeptes de Stepan Bandera, qui ont collaboré avec l'Allemagne nazie. Puis, après la défaite des nazis, ils ont, par opportunisme, modifié et édulcoré leur idéologie, mais seulement en apparence, de manière à la rendre présentable aux yeux de l'Occident, leur nouvel allié dans la lutte contre l'Union soviétique et ensuite contre la Russie. Dès la fin de la guerre, ils se sont empressés de nier leur participation à la Shoah par balles et au génocide des populations polonaises qui vivaient dans l'ouest de l'Ukraine. Pour approfondir le sujet, on peut consulter les travaux de Grzegorz Rossolinski-Liebe ou de Moss Robeson.
- «Être un ennemi de l'Amérique peut être dangereux, mais être un ami est fatal».