Par Sonja van den Ende, le 24 février 2025
L'Ukraine est l'un des pays les plus riches en minerais au monde. Bien qu'elle ne couvre que 0,4 % de la surface de la Terre (sans compter la région du Donbass), elle détient environ 5 % des ressources minérales mondiales. L'Ukraine figure parmi les dix premiers producteurs mondiaux de plusieurs matières premières, dont le titane, les argiles réfractaires, les alliages Fe-Mn et Fe-Si-Mn, et le gallium. Elle est également riche en lithium, en graphite et en magnésium.
Mais où ces minéraux se trouvent-ils exactement ? Principalement dans l'ancienne Ukraine orientale, qui fait désormais partie de la Russie. Le lithium, en particulier, est concentré dans la région du Donbass. D'autres ressources minérales essentielles, représentant environ 70 % du total de l'Ukraine, se trouvent dans les régions de Donetsk, Dnipropetrovsk et Lougansk, actuellement sous contrôle russe. La Russie s'est emparée d'au moins deux gisements de lithium importants : le gisement de Shevchenkovskoye à Donetsk et le gisement minier du complexe de Kruta Balka dans la région de Berdyansk. Par ailleurs, les gisements de minerai de lithium de la région de Kirovograd restent sous contrôle ukrainien (ou occidental).
La production de minerai de fer de l'Ukraine est un autre atout majeur. La principale région productrice de minerai de fer du pays, une bande étroite d'environ 100 km de long et de 2 à 7 km de large, s'étend à travers l'ouest de l'oblast de Dnipropetrovsk, de Zhovti Vody au nord à Inhulets au sud, sur environ 300 km². La ville de Kryvyi Rih, le centre industriel de la région, reste sous contrôle ukrainien. En 2005, la tristement célèbre Metinvest a investi et privatisé Kryvorizhstal. Metinvest BV, si cela vous dit quelque chose, c'est la BV (fausse BV). Une "besloten vennootschap" (BV) ou "société à responsabilité limitée" est la version néerlandaise et belge d'une société à responsabilité limitée. La société appartient à des actionnaires. Les actions de la société sont enregistrées à titre privé et ne sont pas librement transférables. Metinvest blanchit son argent aux Pays-Bas. Azovstal à Marioupol était également détenue par Metinvest, jusqu'à ce que la Russie en prenne le contrôle en 2022.
L'administration Trump, y compris des personnalités telles que Lindsey Graham, a cherché à garantir l'accès à ces minéraux par le biais d'un accord avec le gouvernement ukrainien soutenu par l'Occident. L'intérêt des États-Unis pour le contrôle des minéraux rares et essentiels est motivé par leur concurrence avec la Chine, qui domine le marché mondial de ces ressources. Cette initiative s'inscrit dans le cadre de la politique "America First", reflétant à la fois les pressions économiques et les ambitions expansionnistes de l'administration.
À première vue, cela semble paradoxal. Alors que Trump s'est fait le champion de l'expansion des combustibles fossiles en rejetant les préoccupations liées au climat, le secteur des énergies renouvelables, qui dépend fortement de minéraux tels que le lithium, reste une priorité pour les États-Unis. Ces minéraux sont également indispensables pour l'électronique grand public, les équipements militaires et de navigation et, surtout, les centres de données pour l'intelligence artificielle (IA). Trump, aux côtés d'Elon Musk, a annoncé en grande pompe le projet Stargate visant à développer les capacités d'IA aux États-Unis, nécessitant de vastes réserves de cuivre, de silicium, de palladium et de métaux rares, dont beaucoup se trouvent en Ukraine.
Récemment, le conseiller à la Sécurité nationale de la Maison Blanche, Mike Waltz, a exhorté le président ukrainien Zelensky (illégitime) à négocier un accord octroyant aux États-Unis l'accès aux minéraux critiques de l'Ukraine. Waltz a proposé un partage à parts égales, invoquant l'aide substantielle que les États-Unis ont fournie à l'Ukraine pendant le conflit avec la Russie. Cependant, Zelensky a rejeté l'offre. Waltz a exprimé sa frustration face à l'insulte "inacceptable" de Zelensky vis-à-vis de Trump, ce qui soulève la question de savoir si la principale préoccupation de l'administration américaine est la paix, ou la conclusion d'accords sur l'exploitation des minéraux.
Les échanges publics entre les deux parties sont devenus de plus en plus conflictuels, les menaces et négociations s'exprimant au grand jour. Elon Musk, figure clé du programme Starlink et soutien du projet Stargate, aurait menacé de couper l'accès de l'Ukraine à internet via le satellite Starlink si Kiev refuse d'accepter l'accord sur les minerais. Selon les médias américains, un accord serait en cours de négociation, Keith Kellogg, l'envoyé américain en Ukraine, jouant le rôle de médiateur entre Washington et Kiev.
Mais Keith Kellogg est-il l'homme de la situation ? Probablement pour Zelensky, comme l'a récemment rapporté l'agence Tass. La fille de Keith Kellogg, Meaghan Mobbs, dirige la R.T. Weatherman Foundation, qui soutient l'Ukraine. La fondation est active dans le Donbass depuis le début de l'opération spéciale en février 2022, évacuant les mercenaires américains blessés vers le centre médical spécial des forces armées américaines à Landstuhl, en Allemagne, et rapatriant les corps des victimes des combats. Ce qui confirme la présence de combattants étrangers dans la région, un fait souvent minimisé dans les récits occidentaux.
Landstuhl, le plus grand hôpital militaire américain en Europe, est un symbole de la présence militaire étendue des États-Unis en Allemagne, une présence que Trump a promis de réduire. Cependant, la nouvelle administration américaine n'a pas encore tenu cette promesse, malgré sa position critique envers l'Europe. Bien que les États-Unis portent une part de responsabilité importante dans le conflit actuel, il n'a pas encore été question de retirer les troupes d'Allemagne ou d'autres régions d'Europe, une décision qui s'inscrirait dans le cadre d'un nouvel ordre mondial multipolaire.
Concernant les minerais d'Ukraine, une solution juste et durable s'impose. De nouvelles élections en Ukraine pourraient permettre l'avènement d'un gouvernement soucieux des intérêts de son peuple, qui veillerait à ce que les recettes des transactions minières soient utilisées pour reconstruire le pays, à l'abri de l'influence mondialiste. Mais dans les circonstances actuelles, ce scénario relève probablement de l'utopie.