03/11/2023 francesoir.fr  4min #236560

L'Ukraine refuse de renouveler l'accord de transit de gaz russe vers l'Europe

Trina Banderas, France-Soir

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Oleksyi Chernyshov, directeur de l'entreprise publique d'énergie Naftogaz, a confirmé que l'Ukraine ne renouvellerait pas son accord de transit de gaz avec la Russie lors d'une annonce diffusée dimanche 29 octobre sur la chaîne américaine Radio Liberty. Le contrat existant entre Naftogaz et Gazprom, l'entreprise publique russe du secteur de l'énergie, doit expirer l'année prochaine, à la fin de 2024.

"Nous n'avons pas l'intention de prolonger cet accord. Nous ne prendrons pas l'initiative de continuer ce transit. Le contrat arrivera à son terme - le transit prendra fin", a déclaré Oleksyi Chernyshov. L'Ukraine aurait le droit de mettre fin à son accord avec la Russie avant la date d'expiration prévue, en raison du non-paiement par Gazprom de "plus de 70 %" de sa dette de transit. Conformément à l'accord, la Russie s'est engagée à exporter 225 milliards de mètres cubes de gaz au cours des cinq prochaines années et à rémunérer l'Ukraine pour le transit. Cependant, Oleksyi Chernyshov a précisé que Kiev n'a pas l'intention de mettre fin à l'accord actuel immédiatement, afin de ne pas priver les consommateurs européens de ce bien essentiel pendant l'hiver.

Le rôle de l'Ukraine dans le transit du gaz russe

En décembre 2019, le contrat de transit entre Gazprom et Naftogaz avait été étendu jusqu'en 2024, ouvrant la possibilité d'extensions ultérieures. Suite à des actes de sabotage ayant endommagé les gazoducs russes Nord Stream l'année dernière, la route de transit à travers l'Ukraine est demeurée le seul moyen pour le gaz russe d'atteindre l'Europe occidentale et centrale. Néanmoins, Gazprom continue de fournir du gaz via les gazoducs TurkStream et Blue Stream, desservant respectivement le sud et le sud-est de l'Europe.

Selon le directeur de Naftogaz, l'Ukraine n'a actuellement pas besoin de gaz provenant de la Russie, son rôle se limitant à assurer le transit pour soutenir les pays de l'Union européenne. Il affirme qu'il n'y a pas d'autres motifs pour ce transit. Oleksyi Chernyshov a souligné que l'UE avait l'intention de cesser toute consommation de combustible russe d'ici 2027, et l'Ukraine s'engage à "accélérer" le processus en Europe.

Avec de telles manœuvres, Kiev cherche à attirer l'attention de l'Europe et à retrouver les niveaux de livraisons d'armes qu'elle avait précédemment, a expliqué Yan Gaguin, conseiller du chef de la République populaire de Donetsk, lors d'une déclaration à Sputnik. "L'Ukraine déploie tous ses efforts pour attirer l'attention des États-Unis et de l'Europe afin de continuer à recevoir les mêmes flux financiers et l'aide militaire dont les dirigeants ukrainiens dépendent depuis plusieurs années", a expliqué le conseiller.

Restrictions de transit

Depuis mai 2022, Kiev a restreint le transit du combustible russe via la station de Sokhranovka, située dans la République populaire de Lougansk, qui a rejoint la Russie après un référendum en septembre 2022. En conséquence, la seule entrée disponible pour le transit vers l'Europe est la station de comptage de gaz de Sudzha.

Toutefois, Gazprom a affirmé qu'il était technologiquement impossible de transférer tous les approvisionnements à Sudzha. La société a souligné qu'elle remplissait toutes ses obligations envers les consommateurs européens en payant pour tous les services de transit.

Dépendance de l'UE au gaz russe

Au cours des 18 derniers mois, le flux de gaz à travers les gazoducs russes vers l'Union européenne a considérablement diminué, en raison des sanctions liées aux activités militaires de Moscou en Ukraine et de problèmes techniques. Cependant, plusieurs pays de l'UE restent fortement tributaires des approvisionnements en gaz russe.

La Hongrie, en particulier, a maintenu son intention d'acheter du gaz russe, qui constitue une part significative de ses besoins énergétiques. Cette semaine, le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjarto, a affirmé son pays était ouvert à l'exploration de nouvelles voies pour importer le gaz russe, notamment en augmentant les approvisionnements via TurkStream.

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