04/12/2025 ssofidelis.substack.com  4min #297995

 «La Bce refuse de garantir le prêt de 140 milliards d'euros à l'Ukraine»

La Belgique bloque le projet de l'Ue d'utiliser illégalement les avoirs russes gelés pour l'Ukraine

Par Al Mayadeen English, le 3 décembre 2025

La Belgique rejette le projet de l'UE d'utiliser jusqu'à 210 milliards

d'euros d'avoirs russes gelés pour garantir des prêts à l'Ukraine, invoquant des risques juridiques et financiers majeurs.

La Belgique a rejeté une nouvelle proposition de l'Union européenne (UE) d'utiliser les avoirs gelés de la banque centrale russe comme garantie pour un prêt à long terme à l'Ukraine, portant un coup dur aux ambitions de Bruxelles.

Ce revers survient quelques heures avant que la Commission européenne ne dévoile un texte législatif autorisant la mobilisation de 210 milliards d'euros d'actifs russes immobilisés pour garantir de nouveaux prêts à l'Ukraine.

Le ministre belge des Affaires étrangères, Maxime Prévot, a déclaré mercredi que la proposition "ne répond pas à nos attentes", précisant que les risques encourus par la Belgique en tant que pays hôte de la majeure partie des fonds gelés ne sont pas pris en compte.

La Belgique redoute de devoir faire face seule aux conséquences juridiques

Environ 190 à 200 milliards d'euros des actifs russes en question sont détenus par Euroclear, la chambre de compensation financière basée à Bruxelles, plaçant la Belgique au coeur de toute éventuelle riposte juridique de Moscou.

La Belgique met en garde contre l'utilisation de ces actifs pour garantir des prêts, plutôt que de simplement taxer leurs bénéfices, exposant le pays à des poursuites judiciaires qui pourraient contraindre son gouvernement ou ses institutions à indemniser la Russie si les tribunaux statuaient à l'avenir contre l'UE.

"Il n'est pas acceptable d'utiliser ces fonds et de nous laisser seuls face aux risques potentiels", a déclaré M. Prevot, ajoutant que la Belgique a "le sentiment frustrant de ne pas avoir été entendue".

Les responsables bruxellois affirment depuis des semaines que la Commission européenne et les États membres n'ont pas fourni de garanties suffisantes pour protéger la Belgique contre toute responsabilité juridique, atteinte à sa réputation ou exposition financière. M. Prevot a déclaré que si la Belgique reste ouverte à la discussion, ses principales préoccupations sont largement "minimisées".

Le calendrier de l'UE remis en question

Les dirigeants de l'UE espéraient que la proposition de mercredi ouvrirait la voie à un accord lors de la réunion des chefs d'État le 18 décembre. L'opposition ferme de la Belgique menace désormais de faire dérailler ce calendrier, compliquant les efforts visant à combler le déficit de financement qui menace l'Ukraine au début de 2026.

Alors que la guerre entamera sa quatrième année en février prochain, de nombreux leaders de l'UE considèrent les avoirs russes gelés comme le moyen le plus viable de fournir les milliards dont l'Ukraine a besoin sans recourir à des dépenses nationales impopulaires ou à une nouvelle dette commune. Mais l'incertitude juridique entourant la saisie des avoirs et le caractère sans précédent de la proposition d'exploiter les finances d'une nation souveraine continuent de diviser le bloc.

Des options de financement alternatives

La Commission a proposé d'autres options, notamment des subventions directes des États membres ou l'émission collective de dette européenne. Aucune de ces propositions n'a recueilli un large soutien, mais la Belgique a approuvé l'emprunt sur les marchés financiers comme étant la méthode la plus sûre et la  plus prévisible.

"L'option est bien connue, solide et bien établie, avec des paramètres prévisibles", a fait remarquer M. Prevot.

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul, s'exprimant peu après M. Prevot, a déclaré que le plan de gel des avoirs peut encore être sauvé malgré les réserves de la Belgique.

"Les problèmes peuvent être résolus", a-t-il déclaré, reconnaissant que l'UE doit prendre au sérieux les préoccupations de la Belgique.

Un moment critique pour Kiev et pour l'unité de l'UE

La position de la Belgique souligne à la fois l'ampleur des questions juridiques non résolues en Europe et la fragilité du consensus de l'UE sur le  financement à long terme de l'Ukraine. Alors que Kiev est confrontée à une crise budgétaire imminente et que Washington envoie des signaux contradictoires sur un soutien potentiel, les divisions internes de l'UE risquent de compromettre sa capacité à agir.

En l'absence d'accord en vue, ce différend contraint désormais le bloc à reconsidérer ses hypothèses fondamentales concernant l'utilisation des avoirs russes, et à un débat plus approfondi sur la légalité, le  partage des risques et la responsabilité politique au sein de l'Union.

Traduit par  Spirit of Free Speech

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