23/06/2025 francesoir.fr  4min #282085

La Belgique réintroduit à son tour le contrôle à ses frontières avec les pays voisins

France-Soir

AFP

Quelques jours après les célébrations marquant le 40e anniversaire de l'accord de Schengen, un autre pays européen réintroduit les contrôles à ses frontières avec les pays voisins. Bart De Wever, Premier ministre nommé en février et chef de la Nouvelle Alliance flamande, met ainsi en pratique ses projets de contrôle de l'immigration.

La Belgique se joint ainsi à une dizaine de pays européens qui ont rétabli les contrôles aux frontières. La France, elle a rétabli les contrôles à toutes ses frontières intérieures (aériennes, terrestres et maritimes) avec la Belgique, le Luxembourg, l'Allemagne, la Suisse, l'Italie et l'Espagne. Ces contrôles, notifiés à la Commission européenne, sont en vigueur du 1er novembre 2024 et devaient prendre fin le 30 avril 2025. En mars dernier, le Conseil d'État, saisi par des associations, a rejeté la demande d'annulation du rétablissement des contrôles aux frontières. En mai dernier, le gouvernement a décidé de prolonger sa mesure jusqu'au 31 octobre 2025.

Le gouvernement De Wever serre les vis

L'Allemagne a réintroduit ses contrôles à ses frontières avec la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg et le Danemark à partir de septembre 2024, initialement à l'occasion de grands événements sportifs, avant de les étendre à toutes les frontières du pays. Ces mesures, d'une durée de six mois et prises par l'ex-chancelier Olaf Scholz, se voulaient une réponse à la pression migratoire, mais elles sont surtout une opportunité politique dans un contexte marqué par la montée des partis de droite avant les élections fédérales de 2025.

La République tchèque, la Pologne et l'Autriche ont pris des décisions similaires un an avant la France et l'Allemagne, soit en octobre 2023, dans le but de réduire l'immigration clandestine provenant de la Slovaquie et l'activité des passeurs.

Bruxelles vient de rejoindre ce cercle. La décision a été annoncée jeudi par la ministre belge à l'Asile et à la Migration, Anneleen Van Bossuyt. La Belgique s'apprête à réintroduire cet été des contrôles à ses frontières avec les pays voisins. Là encore, la réponse se veut comme une réponse à l'immigration illégale et le " shopping de l'asile".

Après sept mois de négociations, pendant lesquelles le libéral Alexander De Croo, l'un des perdants des élections de juin 2024, a géré les affaires courantes, Bart De Wever, chef de la Nieuw-Vlaamse Alliantie (Nouvelle Alliance flamande, NDLR), a été nommé Premier ministre en février dernier. Indépendantiste de par son parcours, cet ancien maire d'Anvers a fait part de ses projets de limiter les dépenses publiques et de réviser la politique belge en matière d'immigration et de sécurité.

"Nous ne tolérerons plus que la Belgique soit un aimant pour ceux qui sont rejetés ailleurs", a écrit la ministre sur X.

40 ans après, l'espace Schengen vit son "pire moment"

Les contrôles ciblés toucheront les principaux axes routiers, les aires de repos sur les autoroutes, les lignes de bus internationales, certains trains, notamment ceux passant par la gare de Bruxelles-midi, ainsi que les vols en provenance de pays de l'espace Schengen comme la Grèce ou l'Italie.

Le gouvernement De Wever a déjà mis en place plusieurs mesures phares en matière d'immigration. Parmi celles-ci figurent le durcissement des conditions de regroupement familial, avec un relèvement du seuil de revenu exigé et l'introduction de délais d'attente avant l'obtention du droit, ainsi que la limitation de l'accès à l'aide sociale pour les primo-arrivants, qui devront désormais attendre cinq ans avant d'en bénéficier.

Le gouvernement a également relevé le coût de l'acquisition de la nationalité belge, désormais considérée comme une faveur et non plus comme un droit, et renforcé la lutte contre l'immigration irrégulière, notamment par des contrôles accrus et une accélération du traitement des demandes d'asile irrecevables.

La réinstauration des contrôles aux frontières en Belgique est intervenue quelques jours après les festivités de célébration des 40 ans de Schengen. "Peut-être le pire moment pour l'espace de libre circulation ", a confié, anonymement, un diplomate européen. Le système poursuit son élargissement avec le feu vert donné à l'adhésion de la Bulgarie et la Roumanie en décembre dernier.

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