par Amal Djebbar
Comment se fait-il que, malgré tout ce stress accumulé, la cocotte-minute française ne saute pas encore ? Chaque jour, les Français encaissent : les factures qui explosent, les loyers exorbitants, le travail précaire, les transports qui s'écroulent, les annonces catastrophiques et l'impression que le monde s'effondre autour d'eux. Pourtant, ils continuent de sourire.
On devrait peut-être commencer par distribuer un test de Holmes et Rahe à chaque coin de rue. Pas comme un simple questionnaire de psychologie - non. Comme un nouveau document administratif obligatoire, quelque part entre la carte Vitale et l'attestation d'assurance. Parce qu'il faut se rendre à l'évidence : si on testait tout le monde en France aujourd'hui, on découvrirait qu'on vit tous avec le score d'un cosmonaute revenant d'une guerre intergalactique.
Et pour cause, depuis 2020, les visages que l'on croise ne reflètent plus la vie, mais la fatigue. Mines tirées, regards cernés, sourires usés. Même les ados baillent dès sept heures du matin, des zombies avant même que la journée ne commence.
Et ce n'est que la surface, le quotidien de la France moderne, c'est : inflation galopante, loyers et chauffage hors de prix, transports aléatoires, travail précaire, crises sociales et économiques qui se multiplient, météo détraquée. Un cocktail Molotov servi dans un verre Duralex, à boire tous les matins sans jamais de pause.
Dans ce chaos, un rappel s'impose. Holmes et Rahe 1, ces deux psychiatres, ont eu l'idée de quantifier ce qu'un être humain peut supporter avant de fondre comme une glace au soleil. Leur échelle est simple : plus on accumule d'événements de vie, plus on s'approche du point de rupture. Divorce ? Stress. Déménagement ? Stress. Mariage ? Encore du stress. Naissance d'un enfant ? Stress XXL + nuits blanches illimitées. Même les événements supposés «positifs» sont des bombes psychologiques déguisées.
Aujourd'hui ? Si on additionne politiques forcées, Macron président, boulot instable, maladies chroniques, décès de proches, crises économiques, infos anxiogènes et mépris oligarchique... soyons honnêtes : on dépasse les 300 points depuis longtemps. La France vit en zone rouge. Mais, à part ça, tout va bien. «Prenez une camomille et respirez profondément», qu'ils disent.
Le quotidien français ressemble à un sac de randonnée émotionnel rempli de pierres :
• Crise du logement : décrocher un appartement exige un dossier digne d'un recrutement à la CIA, avec garants et preuves de vie stable - même à 60 ans.
• Travail précaire : CDD à répétition, burnout inclus, pression hiérarchique garantie. Et la Gen Z qui claque la porte comme on referme un frigo.
• Charge familiale : enfants, parents âgés, paperasse... tout le monde réclame sa part, tout le temps.
• Crises permanentes : inflation, maladie, guerre, climat... plus personne ne suit le score. Et au milieu de tout ça, ça avance.
Ça avance comme des somnambules sur un fil tendu, feignant de croire que tout va bien, alors que le stress ronge les nuits. Le corps, lui, ne ment pas. Il accuse : fatigue, insomnies, irritabilité, palpitations, maux de tête, angoisses chroniques. Sa voix est claire : c'est un signal, une sirène d'alarme. Mais ça continue. Ça tient. Ça serre les dents. Parce que «c'est la vie». Parce que «faut faire avec».
Mais jusqu'à quand ?
Chaque jour, la pression s'accumule un peu plus. Les tensions s'empilent, dans le corps et l'esprit. Toutefois, à force de contenir, la tension devient critique.
Il y a une cocotte-minute silencieuse derrière chaque Français, sous pression constante, essayant tant bien que mal de ne pas sauter. Et franchement... à regarder la France aujourd'hui, on se dit que la vraie question n'est pas si ça va exploser, en revanche quand ça va exploser.
Testez votre jauge de cocotte-minute :