
par François Meylan
Le cas, sans précédent, avec les sanctions à l'encontre de l'expert suisse en renseignement et en analyse stratégique le colonel Jacques Baud.
C'est fait. Jacques Baud, l'auteur à succès chez Max Milo Éditions, à Chevilly Larue, en France, vient d'être sanctionné par les hautes instances de l'Union européenne (UE). Non pour ses idées mais pour ses opinions. D'où l'instauration du «délit d'opinion» qui caractérise toutes les dictatures. Force est de constater que la Commission européenne qui s'articule autour de technocrates que personne n'a élus et de lobbyistes fonctionne comme une dictature. Une dictature qui alloue des centaines de milliards d'euros - sans consulter le peuple contribuable - pour alimenter la poursuite d'une guerre à l'Est du vieux continent... jusqu'au dernier ukrainien. Au lieu de construire des ponts et d'œuvrer en faveur de la paix.
Pourtant, les opinions de Jacques Baud sont le fruit d'analyses rigoureuses et richement documentées. Le plus souvent grâce à des sources ouvertes. Les informations décrivant le non-respect des droits humains par le régime de Kiev ou encore les exactions commises dans le Donbas pullulent. Encore faut-il avoir l'honnêteté intellectuelle de regarder dans la bonne direction. 1, 2, 3
Dans les exposés de Baud il n'y a rien d'inventé et ni de nature complotiste. Celles et ceux qui le suivent régulièrement ne le savent que trop bien : Jacques Baud est la référence par excellence. Mais voilà le colonel, ancien cadre du Service de renseignement stratégique (SRS) suisse, ex consultant au sein des Nations unies (ONU) et ancien officier de liaison à l'OTAN - pour ne mentionner que cela - dérange depuis trop longtemps la propagande atlantiste certes fébrile mais au combien belliciste de la Commission européenne. L'invité star des médias alternatifs tant francophones qu'anglophones fait plus d'audience que les communicants pro-ukrainiens et pro-guerre des médias mainstream d'une Union européenne (UE) qui est bien malade. Une UE qui s'est épuisée à force de soutenir à bouts de bras, tant économiquement que par le biais de l'imposition d'un discours à la fois dualiste et très lacunaire, les oligarques de Kiev. Une même Union européenne qui est lâchée par l'Oncle Sam et qui a mal à sa classe moyenne. Celle-ci ne cessant de se paupériser. Des institutions européennes qui sont rythmées aux bruits des scandales à répétition de corruption et autres ingérences. 4
Pour Charles d'Anjou, fondateur du média d'investigation «Omerta», la Commission européenne qui ne cesse de perdre son crédit aux yeux du public a voulu faire un exemplaire.
Une fuite organisée dès le 10 décembre...
Si l'annonce des sanctions prises contre Jacques Baud a été faite officiellement lundi 15 décembre 2025, avec la publication du Journal officiel de l'Union européenne 5, l'information circulait déjà sur la toile mercredi 10 décembre 6 et sur le réseau social X jeudi 11 décembre 2025 où Dimitri Algret Minie et Ulrich Bounat - deux parfaits inconnus et selon leurs commentaires passablement frustrés - jubilaient à tue-tête. Eux qui vraisemblablement ne vendent ni livres à succès et qui n'ont pas accès aux projecteurs de la gloire semblaient avoir enfin leur vengeance.
Que reproche-t-on exactement à Jacques Baud ?
Le Journal officiel de l'Union européenne du 15 décembre 2025 signé par la présidente du Conseil de l'Union européenne K. Kallas s'intitule Règlement d'exécution (UE) 2025/2568 du Conseil du 15 décembre 2025 mettant en œuvre le règlement (UE) 2024/2642 concernant des mesures restrictives eu égard aux activités déstabilisatrices menées par la Russie. Le document de quatorze pages est l'une des annexes qui sanctifie le 19ème paquet de sanctions prises à l'encontre de la Fédération de Russie. À sa page 11, il est notifié son inscription sur la liste des personnalités sanctionnées en ces termes :
«Jacques Baud, ancien colonel de l'armée suisse et analyste stratégique, est régulièrement invité à des émissions de télévision et de radio pro-russes. Il agit comme porte-parole de la propagande pro-russe et formule des théories du complot, en accusant par exemple l'Ukraine d'avoir orchestré sa propre invasion pour adhérer à l'OTAN.
Par conséquent, Jacques Baud est responsable de mettre en œuvre ou de soutenir des actions ou des politiques imputables au gouvernement de la Fédération de Russie qui compromettent ou menacent la stabilité ou la sécurité d'un pays tiers (l'Ukraine) en recourant à la manipulation de l'information et à l'ingérence».
Autant dire que tout ça ne pèse pas lourd... du moins c'est l'humble avis de votre serviteur qui suit assidûment Jacques Baud depuis plus de vingt ans.
Pour sa part, le colonel Jacques Baud, contacté par le média suisse L'Impertinent, assure qu'il n'a jamais touché un seul centime de la Russie. Et il ajoute : «Qui est à blâmer entre celui qui prévient de la défaite de l'Ukraine et identifie les erreurs à corriger et celui qui ne fait rien pour éviter cette défaite ?»
Quelles sont les conséquences pour M. Baud ?
L'impossibilité de voyager dans l'Union européenne ; ses comptes bancaires et ses moyens de paiement et de crédit seront bloqués ; impossibilité de percevoir ses droits d'auteur.
«Suisse - Union européenne» quo vadis ?
Ce que fait actuellement la Commission européenne est non seulement sans précédent mais est d'une extrême gravité. Elle persécute un citoyen suisse qui n'a commis crime ni délit. En raison du résultat de ses investigations et analyses.
Comment vont réagir les autorités helvétiques ? Pour autant qu'elles réagissent, bien entendu. Mais, une fois de plus, cette nouvelle affaire dénote la stupidité de la Commission européenne - K. Kallas en tête - d'agir de la sorte alors que dans quelques mois le peuple suisse sera appelé aux urnes pour se prononcer sur les différents volets du nouvel accord institutionnel entre la Suisse et l'UE (ce que les journalistes moment les bilatérales III). Accord qui est déjà passablement contesté dans les chaumières d'Helvétie.
Le comportement actuel de la Commission européenne est fasciste - le fascisme étant l'application totalitaire d'un dogme quel qu'il soit, voir son origine qui remonte à la Grèce antique. Le peuple helvétique qui est encore souverain réprouve, culturellement et traditionnellement, avec la plus grande fermeté toute forme de fascisme. À suivre...
- Question écrite no 23974 de la sénatrice française Nathalie Goulet au sujet de la persécution dont souffrent la presse libre et l'opposition politique à Zelenski en Ukraine. Telles des assignations à résidence et des fermetures de médias sans procès.
- La France reconnaît l'existence de groupes neonazis en Ukraine, juillet 2021.
- mondialisation.ca
- Réduction de la grande corruption en Ukraine : des résultats encore insuffisants malgré plusieurs tentatives de l'UE, printemps 2021.
- eca.europa.eu
- L'Europe au défi de l'ingérence étrangère, ARTE. Si le scandale du «Qatargate», fin 2022, a révélé la vulnérabilité du Parlement européen face à la corruption, les institutions de l'UE n'en ont pas tiré les conséquences, comme le démontre ce retour approfondi sur les faits.
- eur-lex.europa.eu
- «Brussels Adds New Names To Blacklist In Latest Russia Sanctions Package», Rikard Jozwiak, «RadioFreeEuropeRadioLiberty».