Une flottille de l'Otan est arrivée à Helsinki dans le cadre des exercices conjoints: deux navires de guerre américains, un allemand et un français. Il s'agissait d'une visite démonstrative. Car l'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'Otan est en train de se décider. En même temps, on ignore toujours quelle est la position de la Russie par rapport à l'adhésion imminente de son voisin au nord-ouest à l'Alliance.
Un nombre inhabituellement élevé de navires de guerre se trouvera dans les eaux de la Finlande jusqu'au 30 mai. Il y a quelques jours, deux destroyers américains Gravely et Gunston Hall sont arrivés dans la capitale ainsi que la frégate française Latouche-Tréville. Ils sont également accueillis à Helsinki par la frégate allemande Sachen, qui s'y trouve depuis mercredi. Les navires de ces trois pays ont participé à des exercices conjoints avec la marine finlandaise. Le ministre finlandais de la Défense Antti Kaikkonen a déclaré à la chaîne Yle que cette visite avait été convenue avant le 18 mai, date à laquelle le pays a officiellement déposé sa demande d'adhésion à l'Otan. En même temps, il a promis que d'autres visites de ce genre seraient organisées prochainement.
Le ministère finlandais de la Défense a annoncé que le pays augmentait le nombre d'exercices internationaux. En 2022, 20 autres entraînements devaient être organisés. Soit huit de plus que prévu précédemment. Le président de la commission parlementaire de la défense Antti Petteri Orpo a qualifié les exercices conjoints de « fort signal politique au monde extérieur ainsi qu'à la Russie et a déclaré: « Le sens de ce signal est que nous sommes pris au sérieux. »
En effet, les futurs alliés otaniens de la Finlande et de la Suède cherchent à montrer que si quelque chose arrivait, ils ne les laisseraient pas à la merci de la Russie. Début mai, le porte-parole du Pentagone John Kirby a déclaré que les États-Unis étaient en mesure de fournir les garanties nécessaires de sécurité à ces deux pays jusqu'à ce qu'ils soient acceptés dans l'Alliance.
On ignore combien de temps durera cette période de transition. D'un côté, les projets d'intégrer la Finlande et la Suède dans l'Alliance pendant le sommet de l'Otan à Madrid (28-30 juin) restent en vigueur. De l'autre, la Turquie n'a toujours pas donné son accord. Elle promet d'imposer son veto à l'adhésion de la Suède et de la Finlande, car les deux pays ne remplissent pas les conditions fixées par Ankara. Notamment renoncer à la coopération avec des organisations jugées terroristes par les autorités turques: le mouvement Gülen et les Unités de protection du peuple kurdes (YPG).
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré dimanche qu'il n'était pas satisfait par les résultats des pourparlers avec des délégations suédoise et finlandaise à Ankara. Il a accusé les autorités des deux pays de malhonnêteté et de facto de réticence à remplir les conditions turques. « Tant qu'Erdogan est président de la Turquie, nous ne pouvons certainement pas dire « oui » à l'adhésion à l'Otan aux pays qui soutiennent le terrorisme », a averti le dirigeant turc.
La Russie rappelle elle aussi le prix de l'adhésion de la Finlande à l'Otan. Le 16 mai, lors du sommet de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), le président russe Vladimir Poutine a déclaré que l'adhésion de ces deux pays à l'Otan ne créait pas une menace directe pour la Russie. Tout en précisant que l'élargissement de l'infrastructure militaire de l'Alliance avec la Suède et la Finlande « provoquerait forcément une réaction » de la Russie.
Quoi qu'il en soit, prochainement la confrontation entre la Russie et l'Occident sera d'une manière ou d'une autre liée à la mer, Noire si ce n'est pas la Baltique. Le ministre lituanien des Affaires étrangères Gabrielius Landsbergis a déclaré récemment avoir évoqué avec son homologue britannique Liz Truss l'idée de la création d'un couloir de défense de navires de l'Otan pour assurer le transport de céréales d'Odessa. Alors que samedi, le chancelier allemand Olaf Scholz et le président français Emmanuel Macron ont évoqué l'évacuation des céréales ukrainiennes des ports de la mer Noire lors de leur entretien téléphonique avec le président russe Vladimir Poutine.
Alexandre Lemoine
La source originale de cet article est Observateur continental
Copyright © Alexandre Lemoine, Observateur continental, 2022