Journal dde.crisis de Philippe Grasset
7 juin 2022 (18H30) - Vous dirais-je que la plupart des choses venues de France depuis le 24 février m'ont enragé et attristé ? De tous les pays du bloc américaniste-occidentaliste lancé avec rage dans cette curée de haine et de bêtise, ce pays qui se trouve être le mien me sembla largement caracoler en tête ; se regardant longuement et bien plus qu'à son tour dans son miroir, France si satisfaite d'elle-même et de son train sans fin de beaux sentiments jusqu'à la nausée : "Miroir, mon beau miroir, dis-moi ! Suis-je la plus haineuse ? Suis-je la plus bête ?" On opina de tous côtés et le miroir, à vous dire le vrai, faillit se briser de stupéfaction, - que ce fut elle, la France, avec ces questions, avec ce comportement...
Sans l'excuse de la délectation de la cruauté cynique, comme l'a en général l'Angleterre lorsqu'il s'agit de suivre les cousins, ni celle de la jouissance de la soumission disciplinée, comme les Teutons lorsque le maître le commande, la France fit grand panache de sa haine et de sa bêtise. Il y en eut pour voir dans cette circonstance, une exaltation de la nation ressuscitée avec mafia théâtrale en tête, qui justifiait ainsi notre gloire d'avoir été la Grande Nation : on eut dit Cyrano revu par Bernard-Henri Biden, ma parole ! Je me méconduis, con et content à la fois, mais quel panache !
J'ai eu la sensation, ayant une grande expérience de la félonie de mon pays, aussi impitoyable dans la dégradation qu'il peut être superbe dans la grandeur, que jamais la France ne fut aussi basse et aussi conformiste à ses propres traîtrises que dans ces dernières semaines. En un mot bref, la France de Macron-réélu avait tout de la France de Pétain revue en postmoderne, - à part que Macron ne fut jamais le maréchal avant d'être Pétain. Il a brûlé les étapes le garnement-startup - il passe tout de suite à l'essentiel.
Ce n'est pas moi qui rappelle 40, le maréchal se trahissant lui-même, et tout son train. C'est la belle occasion de pouvoir reprendre un article d'un estimable Français qui reprend toute l'affaire, et fait le procès minutieux de son pays caricaturé et peinturluré : parjure, lâche, félon... Aussi cela vaut-il bien pour le symbole : même au pire d'elle-même, il reste toujours un Français l'autre pour nous faire regretter ce que la France peut être à ses moments retrouvés ; bref, il y a toujours quelque résistant... S'ils ne le furent pas tous en une écrasante majorité, il y en eut tout de même pour sauver l'honneur d'un Cyrano défiguré par le nez vertueux qu'on lui avait greffé par souci de transgenrisme.
L'avocat Régis de Castelnau a de qui tenir, - "bon sang ne saurait mentir", comme l'on dit. Son arrière grand'père, le général de Castelnau qui aurait dû être fait maréchal, fut le premier, l'essentiel et le bien peu connu " vainqueur de Verdun". Je trouve dans l'article de l'arrière-petit-fils suffisamment de véhémence et de rappel d'un passé qui ressemble si bien à la France de Macron-réélu, pour bien situer les débuts de cette occurrence effectivement métahistorique qu'est Ukrisis, et comment la France eut tout faux, y compris dans les vertueuses démarches du président-acteur pour faire un simulacre de diplomatie (maintenir le contact avec Moscou) tout en crachant au museau de l'ours ; et jurant que lui parler ne servait à rien (disant aux initiés que le but était décidé et verrouillé, comme on le voit d'ailleurs : la défaite de la Russie, point final) ; et faisant grand cas de l'autre président-acteur qui vint s'exprimer devant l'Assemblée Nationale avec ses élus du peuple debout en une 'standing ovation' (la même chose qu'au Congrès des États-Unis, c'est tout dire).
Enfin, l'article de Castelnau règle tout ça !
Ainsi PhG s'apaisa-t-il en laissant la plume à Régis de Castelnau, pour le venger de cette longue saison d'une déconvenue sans fin, par le fait de son article du 6 juin 2022, sur son site 'Vududroit.com'.