29/03/2025 ssofidelis.substack.com  7min #273295

 Israël reprend son agression contre Gaza et rompt le cessez-le-feu

La guerre, la double pensée et la lutte pour la survie géopolitique des auteurs du génocide de Gaza

Par  Ramzy Baroud, le 29 mars 2025

Dans une guerre génocidaire devenue une lutte pour la survie politique, la coalition du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et les puissances mondiales qui le soutiennent continuent de sacrifier des vies palestiniennes à des fins politiques.

La carrière sordide d'Itamar Ben-Gvir, ministre extrémiste de la Sécurité nationale d'Israël, incarne cette tragique réalité.

Ben-Gvir  a rejoint la coalition gouvernementale de Netanyahu après les  élections de décembre 2022. Il y est resté après le début de cette guerre-génocide, sachant que tout cessez-le-feu à Gaza forcerait son départ.

Bien Gvir fera partie de la coalition tant que le massacre des Palestiniens et la destruction de leurs villes se poursuivront, bien que ni lui ni Netanyahu n'aient de véritable plan pour "le jour d'après", si ce n'est de perpétrer certains des massacres les plus odieux contre une population civile de l'histoire récente.

Le 19 janvier, Ben-Gvir a  quitté le gouvernement immédiatement après un accord de cessez-le-feu, dont beaucoup ont soutenu qu'il ne durerait pas. La duplicité de Netanyahu, ainsi que la perspective d'un effondrement de son gouvernement si la guerre devait prendre fin, ont compromis le cessez-le-feu.

Ben-Gvir  est revenu à la reprise du génocide le 18 mars. "C'est reparti, avec toute notre énergie et notre puissance !", a-t-il 𝕏 écrit dans un tweet le jour de son retour.

Israël n'a pas de plan clair en raison de son incapacité à vaincre les Palestiniens. Si l'armée israélienne a infligé des souffrances au peuple palestinien comme aucune autre puissance ne l'a fait contre une population civile dans l'histoire moderne, la guerre perdure parce que les Palestiniens refusent de se rendre.

Pourtant, les planificateurs militaires israéliens savent qu'une victoire militaire n'est plus concevable. L'ancien ministre de la Défense Moshe Ya'alon a récemment ajouté sa voix au chœur grandissant,  en déclarant durant une interview le 15 mars que "la vengeance est un mauvais plan de guerre".

Les Américains, qui ont soutenu la violation du cessez-le-feu par Netanyahu et la reprise des massacres,  savent aussi que cette guerre n'est qu'une lutte politique, destinée à maintenir des individus tels que Ben-Gvir et le ministre des Finances extrémiste Bezalel Smotrich au sein de la coalition de Netanyahu.

Bien que "la guerre soit la simple continuation de la politique par d'autres moyens", comme l'a  supposé le général prussien Carl von Clausewitz, dans le cas d'Israël, la "politique" qui sous-tend la guerre ne concerne pas Israël en tant qu'État, mais la propre survie politique de Netanyahu. Il sacrifie les enfants palestiniens pour rester au pouvoir, comme ses ministres extrémistes pour étendre la base de leur soutien parmi les électeurs de droite, religieux et ultra-nationalistes.

Cette logique - selon laquelle la guerre d'Israël à Gaza relève de la politique intérieure, de la guerre idéologique et des luttes intestines - s'étend également à d'autres acteurs politiques.

L'administration Trump soutient Israël pour remercier les donateurs américains partisans de Netanyahu pour leur soutien financier  lors des dernières élections. De son côté, la Grande-Bretagne  reste fermement engagée auprès de Tel-Aviv, malgré les changements politiques à Westminster, continuant ainsi à s'aligner sur les intérêts israélo-américains, tout en ignorant les aspirations de sa propre population. Quant à l'Allemagne, on dit qu'elle est rongée par la  culpabilité de ses crimes passés, tandis que d'autres gouvernements occidentaux font semblant de défendre les droits de l'homme tout en prenant des mesures en contradiction avec leur politique étrangère déclarée.

Tout cela fait écho au monde dystopique de 1984 de George Orwell, où l'on se livre à une guerre perpétuelle fondée sur des hypothèses cyniques et mensongères, où "la guerre, c'est la paix... la liberté, c'est l'esclavage... et l'ignorance, c'est la force".

En effet, ces éléments se reflètent dans notre réalité actuelle, tout aussi dystopique. Cependant, Israël préfère parler de "sécurité" plutôt que de "paix", les États-Unis sont motivés par la domination et la "stabilité", et l'Europe ne cesse de parler de "démocratie".

Autre différence majeure, les Palestiniens n'appartiennent à aucun de ces "super-États". Ils sont traités comme de simples pions, leur mort et l'injustice permanente dont ils sont victimes servant à créer l'illusion d'un "conflit" et à justifier une guerre qui n'en finit pas.

Les massacres de Palestiniens, dont le  nombre de morts dépasse désormais les 50 000, sont largement relayés par les médias grand public, mais ceux-ci mentionnent rarement qu'il ne s'agit pas d'une guerre au sens traditionnel du terme, mais d'un  génocide perpétré, financé et défendu par Israël et les puissances occidentales pour des raisons de politique intérieure. Les Palestiniens continuent de résister parce que c'est leur unique option face à la destruction et à l'extermination totales.

La guerre de Netanyahu n'est cependant, elle non plus, pas viable au sens orwellien du terme. Pour qu'elle le soit, il faudrait des ressources économiques infinies, qu'Israël, malgré la générosité des États-Unis, ne peut  se permettre. Il faudrait également un nombre illimité de soldats, mais des sources  indiquent qu'au moins la moitié des réservistes israéliens ne rejoignent pas l'armée.

De plus, Netanyahu ne cherche pas qu'à prolonger la guerre : il cherche à l' étendre davantage. Cela pourrait modifier la dynamique régionale et internationale d'une manière que ni les dirigeants israéliens ni leurs alliés ne perçoivent pleinement.

Les dirigeants arabes, conscients de la situation, se  sont réunis au Caire le 4 mars pour proposer une alternative au plan de Netanyahu et de Trump de nettoyage ethnique des Palestiniens de Gaza. Cependant, ils n'ont pas encore pris de mesures significatives pour tenir Israël responsable s'il continue à défier les lois internationales et humanitaires, comme il le fait depuis le sommet arabe.

Le monde arabe doit aller au-delà des simples déclarations, sinon le Moyen-Orient pourrait bien subir une nouvelle guerre, dont le seul but sera de préserver un peu plus la coalition d'extrémistes de Netanyahu.

La crise de l'Occident, quant à elle, réside dans ses contradictions éthiques. La situation à Gaza incarne le concept d'Orwell de la "double pensée", c'est-à-dire la capacité à maintenir simultanément deux croyances contradictoires et à les accepter toutes deux. Les puissances occidentales prétendent soutenir les droits de l'homme tout en soutenant le génocide. Tant que ce dilemme ne sera pas résolu, le Moyen-Orient souffrira encore pendant des années.

Savage Minds

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an hour ago · 8 likes · Ramzy Baroud

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