Quatre-vingt-un migrants, dont une femme, ont été secourus par la marine tunisienne, samedi 14 mai. Leur embarcation, endommagée et en mauvais état, a été interceptée à 6 km environ des côtes du nord-est de la Tunisie. Selon les témoignages des candidats à l'exil qui ont dit avoir entre 20 et 38 ans, le canot était parti dans la nuit précédente du village d'Abu Kammash, à l'extrême-ouest de la Libye, tout près de la frontière tunisienne.
Parmi les personnes secourues, "38 sont originaires d'Égypte, 32 du Bangladesh, 10 du Soudan et une du Maroc", a indiqué la marine militaire à l'AFP. Ils ont ensuite été ramenés au port El Ktef, près de Ben Guerdane, non loin de la frontière libyenne, pour être pris en charge par la garde nationale.
Régulièrement, des bateaux partis de Libye à la dérive en mer Méditerranée, sont interceptés par les garde-côtes tunisiens. Ce samedi, tous les passagers étaient sains et saufs. Mais sur cette route maritime très dangereuse, les naufrages sont nombreux. Début mai, les autorités du pays ont retrouvé les corps de 24 migrants morts noyés après le naufrage de quatre embarcations. Elles avaient chaviré entre le 22 et le 30 avril au large de Sfax, tandis que 97 personnes avaient pu être secourues. Les corps des victimes ont été transportés à la morge de Sfax, saturée de cadavres.
Plus de 1 100 migrants en cinq jours
Chaque année, des milliers de migrants tentent de rejoindre l'Europe via la Libye, devenue depuis la chute du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011 une étape privilégiée sur la route de l'exil. Une fois en mer, le principal point d'entrée dans l'Union européenne pour ces exilés qui survivent à la traversée est l'Italie. L'an passé, 15 671 migrants, dont 584 femmes, ont réussi à atteindre le sol italien depuis les côtes tunisiennes contre 12 883 en 2020, selon le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES).
Ces derniers jours, la petite île de Lampedusa a vu arriver de nombreuses embarcations. Entre le 10 et le 15 mai, plus de 1 100 personnes ont débarqué sur l'île italienne, selon le programme Mediterranean Hope, de la Fédération des églises évangéliques d'Italie. Le seul hotspot de Lampedusa, dont la capacité maximale est de 250 places, accueille actuellement 867 personnes, selon le site d'informations italien Agrigento Notizie.
En pleine mer, les navires humanitaires sont également très sollicités. Entre le 9 et le 12 mai, le Geo Barents de Médecins sans frontières (MSF) a secouru 470 personnes au large de la Libye et réclame depuis l'attribution d'un port sûr. Le Sea Watch 4 attend, lui aussi, de se voir désigner un port sûr où débarquer les 145 rescapés qui se trouvent à bord. Quant au Sea-Eye 4, il a été autorisé, dimanche, à accoster en Sicile avec les 58 personnes secourues quelques jours plus tôt en Méditerranée centrale.
Près de 2 000 migrants ont été portés disparus ou sont morts noyés en Méditerranée en 2021, contre 1 401 en 2020, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
La rédaction tient à rappeler que les navires humanitaires (Ocean Viking, Sea Watch, Mare Jonio...) sillonnent une partie très limitée de la mer Méditerranée. La présence de ces ONG est loin d'être une garantie de secours pour les migrants qui veulent tenter la traversée depuis les côtes africaines. Beaucoup d'embarcations passent inaperçues dans l'immensité de la mer. Beaucoup de canots sombrent aussi sans avoir été repérés. La Méditerranée reste aujourd'hui la route maritime la plus meurtrière au monde.