18/02/2025 dedefensa.org  6min #269201

 L'Europe des va-t-en-guerre réunie à Paris

La nef des fous devenue folle...

 Journal dde.crisis de Philippe Grasset  

18 septembre 2025 (14H45) – Vous connaissez Mercouris ? J'en parle assez souvent, par souci de la raison et de la mesure de ses analyses. Je lui emprunte ce qu'il m'importe, qui est toujours de première qualité, et j'en fais bon usage avec ce qui m'importe pour mon compte, qui est d'une tonalité différente... Donc, vous voyez le personnage : raison, mesure, diplomatie, prendre son temps pour tenir les émotion de côté, – sans les écraser, non, mais en leur laissant la place qui importe à l'analyste-Mercouris.

Eh bien, je ne l'ai jamais vu dans un tel torrent d'exclamations ! Plus aucune borne ne le retient, c'en est trop !

Je parle, pour expliquer son état War party meets in Paris , de cette catégorie étrange, qui a survécu à l'extinction des dinosaures, – la catégorie des "dirigeants européens". Cette engeance met Mercouris hors de lui, par sa déraison, son aveuglement, sa démarche hallucinée et ses raisonnements de zombie. Il dit : « Je suis Anglais, je réside en Angleterre, et j'ai comme Premier ministre ce..., ce... » ; bon camarade, Christoforou lui souffle : « Starmer... »

Il cherche, il cherche désespérément la raison d'une telle engeance, à la fois race méprisable ("les dirigeants européens") et produit de cette race méprisable (leur besoin de guerre, comme l'on dirait "ma grosse commission") ; il parle d'eux, race et production de la race, comme autant de faux-zombies plongés dans un simulacre qu'ils entretiennent avec un zèle qui tient, – de la folie, bien entendu..

Mais entretemps, nous constatons qu'il, – Mercouris, – l'a déjà trouvée, cette production extraordinaire, engeance de l'engeance, en réponse à cette question : Pourquoi font-ils ce qu'ils font ?

«...Parce qu'ils ont besoin de la guerre ! Ils doivent continuer la guerre pour séparer les Américains et les Russes. C'est de cela qu'il s'agit maintenant. Il ne s'agit plus de changer de régime à Moscou, il ne s'agit plus de briser la Russie ou de détruire son économie ou son armée, ni aucune de ces choses. La priorité absolue est d'empêcher les Américains ou les Russes de parvenir à un accord qui permettrait aux Américains de quitter l'Europe. Voilà ce qu'il est advenu des "dirigeants européens"... »

Ainsi explique-t-il la cause principale de la réunion d'aujourd'hui à Paris, "réunion de guerre", sorte d'Austerlitz qui se serait unie à Trafalgar en rien de moins qu'une union sacrée. L'ennemi n'est plus seulement le diable Poutine mais l'ennemi est aussi le clown-Trump. Autant les prendre tous les deux en flagrant délit d'adultère et n'en faire qu'une bouchée.

Mercouris constate que les fous, c'est comme les noyés de la décadence finale, arrivés au fond du trou noir et qui creusent encore et encore pour trouver plus profond : devenus fous à l'extrême déclarée de la folie, ils décident de dépasser encore et encore cette folie et d'être fous d'une folie supplémentaire, comme l'on dirait d'un fou à l'asile, dont on sait qu'il est fou mais qu'on découvre encore plus fou que ça : "Mais il devient fou, celui-là !", s'exclame-t-on. Comme si l'asile, devenue folle elle-même, lui avait procuré quelques pilules supplémentaires de folie, de l'hyper-fentanyl pour "dirigeants européens"...

Car, en effet, avez-vous songé à ce que ces fous sont devenus parce que, soudain, on les prive de l'objet de leur folie, qui était et qui est encore, – souvenir si vivace, – ce ravissement de la soumission à un maître d'Outre-Atlantique, cet endormissement bienheureux dans la cage dorée de l'esclavage docile, ce jeu gracieux de l'entubage (j'allais dire "l'enculage", où ai-je la tête, – mauvais esprit) d'une brosse à dents avec ses prothèses dentaires dans un tube de dentifrice ? N'y a-t-il pas dans la perspective d'une telle perte de quoi devenir fou d'une folie supplémentaire ? Car enfin...

«...que vont-ils devenir avec le désengagement éventuel des États-Unis de l'Europe ? Je veux dire à quel point les dirigeants européens deviennent fous lorsqu'il s'agit d'essayer de maintenir les États-Unis embourbés et investis en Europe. Jusqu'où iront-ils ? La première chose à dire avant d'entrer dans les détails, c'est qu'il n'y a pas de limites à leur folie ! Ils iront aussi loin que possible, puis ils essaieront d'aller encore plus loin ! Il ne faut donc pas chercher de retenue ni de raison chez les uns et les autres... »

Nous, nous ne cherchons pas, ni moi d'ailleurs. Nous ne sommes pas des chercheurs d'or comme l'est un psychanalyste allant chercher dans les rêveries et les souvenirs d'enfance quelque raison logique d'un comportement absolument illogique. Nous savons, et moi pas moins, que ces "dirigeants européens" qui s'apprêtent à régler son compte au Pentagone après avoir écrasé le Kremlin, ont été piqués gravement et fort profondément par le diable comme on l'est par une mygale qui passait par-là. Ils n'ont même pas obtenus les conditions dont Faust avait aisément bénéficiées ; ils ont reçu la partie la plus sotte de l'entité, celle dont Guénon dit : le diable, qui « ne peut s'empêcher de laisser échapper toujours quelque [bêtise], qui est comme sa signature... »

Ainsi nous trouvons-nous dans une situation fort étrange :

• Nous partîmes en guerre, exhortés par l'Oncle Sam qui avait longuement et soigneusement provoqué le Russe à l'aide d'un clown de troisième catégorie ;

• Nous nous vidâmes de notre sang, ou ce qui en fait office, – pétrole, gaz, armements, mercenaires de rencontre, – pour avoir en quelques passes bien ajustées la peau de l'épouvantable Poutine et brûler Moscou jusqu'à la racine ;

• Nos généraux nous l'avaient promise cette victoire-éclair, oubliant le premier principe du rusé Sir Bernard Montgomery of El-Alamein (« La première ligne de la première phrase du premier paragraphe de la première page de tout livre sur l'art de la guerre doit être celle-ci : "Ne jamais marcher sur Moscou" »).

• Nous avons bataillé jusqu'à l'avant-dernier Ukrainien, pour sauver les Ukrainiens du sort terrible que leur réservait Poutine. Pendant ce temps, Washington réglait ses comptes d'où l'inadmissible et insupportable Trump sortit vainqueur par KO debout au premier round, après avoir promis à son électeur de l'Iowa et à celui de la Floride que les USA se tireraient vite fait de cette stupide guerre d'Ukraine où l'exceptionnalité américaniste n'avait rien à faire. Ainsi fut-il, et rendez-vous fut pris à Ryad, sous les auspices de MbS, pour ces messieurs Poutine et Trump.

Ainsi les "dirigeants européens" se retrouvent-ils, interdits et incrédules, eux qui suivaient le joueur de flûte, exactement comme font les rats qui quittent le navire en toute confiance et qui, soudain, soudain ! – se retrouvent au bord des flots houleux de la rivière furieuse sans personne au bout de la flûte...

Car la rivière est furieuse, elle est déchaînée, exactement comme l'est l'asile qui découvre que les fous dont elle a la garde prétendent être plus fous que des fous, et qu'ils prétendent aller au-delà de la folie, sur les flots déchaînés, à bord de la nef des fous devenue folle. Une asile de fous n'a pas, mais pas du tout l'habitude du désordre, – voyez Jack Nicholson...

Je vous préviens, les amis, ô "dirigeants européens", tout cela n'est pas remboursé par la sécurité sociale. En effet, les Américains s'en vont et Elon Musk règne en maître sur la surveillance des folles dépenses sociales de l'Empire, avec son jugement tout prêt (« This Might Be  the Biggest Fraud in History »). Croyez-moi, ils ne reviendront pas, – et, d'une certaine façon, je les comprends...

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