14/07/2019 tlaxcala-int.org  7min #159134

 Trump va ordonner des rafles anti-immigrantes de style militaire à travers les États-Unis ce week-end

La police de l'immigration sur le point de déclencher une rafle géante de sans-papiers dans 10 villes des Usa

 Caitlin Dickerson
 Zolan Kanno-Youngs

Des rafles à l'échelle nationale pour arrêter des milliers de membres de familles sans papiers ont été programmés pour commencer dimanche, selon deux responsables actuels et un ancien responsable de la sécurité intérieure, une opération qui avance rapidement, dont les derniers détails sont encore flous. L'opération, soutenue par le président Trump, avait été reportée, en partie à cause de la résistance des responsables de sa propre agence d'immigration.

Un agent de l'immigration et des douanes lors d'une déportation en novembre dernuer à Houston. Photo David J. Phillip/Associated Press

Les rafles, qui seront menées par les services de l'immigration et des douanes (ICE) pendant plusieurs jours, comprendront des déportations "collatérales", selon les responsables, qui ont parlé sous couvert de l'anonymat en raison de la phase préliminaire de l'opération. Dans ces déportations, les autorités pourront détenir des immigrants se trouvant sur les lieux, même s'ils n'étaient pas la cible des rafles.

Dans la mesure du possible, les membres de familles qui sont arrêtés ensemble seront détenus dans des centres de détention familiale au Texas et en Pennsylvanie. Mais en raison du manque d'espace, certains pourraient se retrouver dans des chambres d'hôtel jusqu'à ce que leurs documents de voyage puissent être préparés. L'objectif de l'ICE est de déporter les familles le plus rapidement possible.

Les responsables ont déclaré que les agents de l'ICE visaient au moins 2 000 immigrants qui ont fait l'objet d'une ordonnance d'expulsion - certains en raison de leur défaut de comparaître devant le tribunal - mais qui demeurent illégalement dans le pays. L'opération devrait avoir lieu dans au moins 10 grandes villes.

Les familles ciblées sont celles qui ont traversé la frontière récemment : l'administration Trump a accéléré ses procédures d'immigration l'automne dernier. En février, bon nombre de ces immigrants ont été avisés de se présenter à un bureau de l'ICE et de quitter les USA, ont indiqué les responsables de la sécurité intérieure.

Matthew Bourke, un porte-parole de l'ICE, a déclaré mercredi que l'agence ne ferait pas de commentaires sur des détails spécifiques liés aux opérations d'exécution, pour assurer la sécurité et la sûreté du personnel de l'agence.

La menace de l'expulsion a ébranlé les communautés d'immigr2S à travers le pays, provoqué des réactions négatives de la part des politiciens locaux et des fonctionnaires de police et alimenté la division au sein du Département de la sécurité intérieure, l'organisme chargé de procéder aux déportations. L'objectif de l'administration Trump est d'utiliser l'opération comme une démonstration de force pour dissuader les familles d'approcher la frontière sud-ouest, ont déclaré les responsables.

Bien que rares, de telles rafles coordonnées ont eu lieu sous les gouvernements précédents. Des agents ont exprimé des appréhensions au sujet de l'arrestation de bébés et de jeunes enfants, ont déclaré des responsables. Les agents ont également noté que l'opération pourrait avoir un succès limité parce que la rumeur s'est déjà répandue parmi les communautés d'immigrés sur la façon d'éviter l'arrestation, notamment en refusant d'ouvrir la porte quand un agent se présente au domicile des intéressés. Les agents de l'ICE ne sont pas légalement autorisés à entrer de force dans une maison.

Les avocats de la défense en matière d'immigration sont susceptibles de déposer des requêtes pour rouvrir les dossiers d'immigration des familles, ce qui retarderait considérablement, si ce n'est complètement, leur renvoi des USA.

Pendant des semaines le mois dernier, le directeur de l'ICE de l'époque, Mark Morgan, a signalé que les agents allaient intensifier leurs efforts pour rassembler les familles. Quelques jours avant le début de l'opération, M. Trump avait annoncé le plan sur Twitter, faisant fi des agents de l'ICE dont les responsables de la sécurité craignaient qu'ils ne soient compromis en conséquence.

Début juin, le secrétaire par intérim du Département de la sécurité intérieure, Kevin K. McAleenan, a dit à M. Morgan d'annuler l'opération. M. McAleenan n'a pas appuyé les rafles, ont déclaré les responsables de l'époque, en partie parce qu'ils craignaient que les parents sans papiers ne soient séparés de leurs enfants qui sont citoyens usaméricains.

M. Morgan a alors directement fait pression sur M. Trump pour qu'il aille de l'avant avec les rafles. Il est aujourd'hui commissaire des douanes et de la protection des frontières, une autre branche du Département de la sécurité intérieure.

Lors d'une réunion tendue avec les responsables de la Maison-Blanche le 21 juin, deux jours avant le début prévu des rafles, M. McAleenan a de nouveau décrit les défis de l'opération, y compris la séparation des familles et la logistique pour les loger jusqu'à leur départ. Si des parents sans papiers ont des enfants qui sont citoyens usaméricains, par exemple, les agents de l'ICE devront attendre avec les enfants dans une chambre d'hôtel jusqu'à ce qu'un parent aux USA puisse les réclamer.

Les responsables de la sécurité intérieure craignaient également que de nombreuses familles que l'administration espérait détenir n'aient qitté les adresses connues de l'ICE après que M. Trump eut gazouillé les plans de l'agence.

La Présidente (de la Chambre des Représentants) Nancy Pelosi a appelé M. Trump après son gazouillis et l'a exhorté à mettre fin à l'opération, qu'elle a décrite dans une déclaration quelques heures plus tard comme "sans cœur".

M. Trump a ensuite gazouillé qu'il retarderait l'opération à la demande des Démocrates. Mais il a également menacé de reprendre les déportations si les Démocrates refusaient de se joindre aux législateurs républicains pour " trouver une solution aux problèmes de l'asile et des problèmes des trous à la frontière sud ".

Quelques jours plus tard, le Sénat a adopté un programme d'aide humanitaire de 4,6 milliards de dollars pour la frontière.

Le nombre de passages de migrants a diminué depuis mai, lorsque 144 200 d'entre eux ont été placés en détention à la frontière sud-ouest, un record en 13 ans.

Vendredi dernier, M. Trump a dit que les rafles commenceraient "assez rapidement".

« Je dis qu'ils sont entrés illégalement et que nous les faisons sortir en toute légalité », a déclaré le président aux journalistes.

Maggie Haberman et Emily Cochrane ont contribué à ce reportage.

Des manifestants exhibent des photos d'enfants morts en détention, durant un rasssemblement vendredi devant l'ICE à Chicago

Courtesy of  Tlaxcala
Source:  nytimes.com
Publication date of original article: 11/07/2019

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