
De notre correspondante à Varsovie
Les Ukrainiens arrivant en Pologne ces dernières années étaient une main-d'œuvre très recherchée pour faire face au développement économique du pays, notamment dans le secteur de la construction ou le secteur agricole. Mais de nombreux hommes ukrainiens travaillant en Pologne sont rentrés dans leur pays pour combattre ou rejoindre leurs proches depuis le début de la guerre, et les réfugiés arrivant sont principalement des femme s. Le profil de la main-d'œuvre est donc en train de changer.
« Nous savons déjà que les offres de travail qui sont libres ne pourront pas être pourvues par des femmes, pas à 100% en tout cas. Dans certains cas oui, mais dans d'autres cas, les postes possibles ne sont pas destinés à la fois aux hommes et aux femmes, informe Agnieszka Kosowicz du Forum polonais sur la migration. L'autre problème qui va se poser, c'est celui de la garde d'enfants, qui n'est pas un point fort en Pologne. Donc, l'arrivée de nombreuses femmes avec des enfants dans notre pays va entraîner un grand défi quant à subvenir aux besoins des femmes pour qu'elles puissent travailler et faire en sorte qu'elles trouvent un travail compatible avec le fait qu'elles soient des mères célibataires. »
Risques d'abus
Les ONG pointent du doigt que ces femmes qui arrivent se retrouvent parfois dans une situation vulnérable à la frontière. Car si certaines familles sont attendues par des proches vivant en Pologne ou ailleurs, venues les chercher, d'autres arrivent sans connaître personne. Comme dans toute crise, il y a des risques, souligne l'ONG La Strada, qui travaille notamment sur les sujets de trafics d'êtres humains et de travail forcé. L'organisation a reçu des témoignages de femmes tombant sur des personnes leur proposant un hébergement contre une relation sexuelle, ou leur demandant de l'argent après avoir prétendu pouvoir les transporter gratuitement. L'association s'inquiète aussi des possibles abus également d'employeurs, ayant eu affaire déjà dans le passé à des violations du droit du travail pour la main-d'œuvre ukrainienne installée en Pologne.
Pour disposer d'un cadre légal pour encadrer l'arrivée et la vie en Pologne de ces centaines de milliers de femmes ukrainiennes, le gouvernement polonais a adopté un projet de loi, lundi 7 mars, qui doit à présent être présenté au Parlement. Selon le texte, les Ukrainiens et Ukrainiennes pourront rester dix-huit mois sur le territoire polonais et y travailler librement ; une période pouvant être étendue de dix-huit mois supplémentaires. L'accès aux services de santé ainsi qu'aux écoles polonaises sera également possible. Objectif : garantir une vie normale pour les réfugiés.
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