
Par Robert Inlakesh, le 2 décembre 2025
Ce que dit ou fait la Maison Blanche est dicté par les intérêts du régime Netanyahu et d'Israël. C'est le parti d'extrême-droite du Likoud qui contrôle les États-Unis.
On se demande depuis longtemps si ce sont les États-Unis qui contrôlent Israël, ou l'inverse. Sous l'administration Trump, le doute n'est plus permis : ce sont les Israéliens qui dictent la politique américaine au Moyen-Orient, y compris la politique nationale américaine.
Sous les précédentes administrations américaines, la tendance à privilégier les intérêts israéliens était déjà indéniable. Cependant, de légers écarts entre positions israéliennes et américaines sur certaines questions se sont tout de même fait sentir. Si les États-Unis exercent un pouvoir et une influence largement supérieurs à ceux de l'État d'Israël, reste à savoir si qui de la queue ou du chien fait remuer l'autre.
Depuis la présidence de Lyndon B. Johnson, Washington a soutenu Israël en toutes circonstances, lui accordant plus d'aide étrangère que tout autre allié, et soutenant ses agissements dans divers conflits régionaux. Avec le temps, le pouvoir du "lobby israélien" s'est accru, et les administrations successives à la Maison Blanche ont adopté des positions sionistes de plus en plus radicales.
Cependant, malgré un parti pris et des mesures de protection évidents des intérêts israéliens, des divergences sont apparues entre divers dirigeants américains et leurs homologues à Tel-Aviv. L'administration Obama, par exemple, a alors promis la plus importante aide étrangère jamais accordée au régime sioniste. Toutefois, elle n'a pas hésité à défier l'AIPAC et les exigences du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors des négociations de l'accord sur le nucléaire iranien, ou Plan d'action global conjoint (JCPOA).
Sous l'administration Biden, ouvertement sioniste de son propre aveu, la politique de «solution à deux États» n'a pas été abandonnée, s'attirant ainsi la colère de la grande majorité des Israéliens et, de toute évidence, de l'administration Netanyahu.
Tel-Aviv contrôle-t-il la Maison Blanche ?
S'il est vrai que les Israéliens exercent une influence sur la politique étrangère américaine, Israël contrôle-t-il complètement les opérations ? Bien que certains le contestent, tout porte à croire que les lobbyistes israéliens, les Think tanks et les néoconservateurs sionistes ont poussé le gouvernement américain à intervenir dans diverses guerres d'agression.
Le pouvoir exercé par les lobbyistes, comme le démontrent John Mearsheimer et Stephen Walt dans leur livre «The Israel Lobby and U.S. Foreign Policy», a atteint son apogée sous l'administration Bush Jr. Cependant, on peut raisonnablement affirmer que la politique étrangère américaine, particulièrement agressive, a servi avant tout les intérêts des États-Unis, avec l'implication des Israéliens, mais pas uniquement dictés par eux.
Même la notion de «solution à deux États» a été une tentative claire de sauver le projet sioniste et d'assurer son existence à long terme, contrairement aux ambitions des dirigeants israéliens ne poursuivent qu ce qu'ils nomment le «Grand Israël».
Les deux politiques sont en fait deux solutions en faveur du régime sioniste : l'une est une approche plus pragmatique garantissant l'existence de l'entité coloniale, l'autre une solution plus agressive qui pourrait très facilement conduire à la désintégration de l'état hébreu.
Le dernier discours politique sérieux prononcé par l'ancien secrétaire d'État américain Antony Blinken avant la fin de son mandat, lors d'une conférence du think tank Atlantic Council, décrit parfaitement l'approche américaine des «deux États». Bien qu'il ait consacré la majeure partie de son discours à défendre les arguments de la propagande israélienne, il a conclu sur une note beaucoup plus sobre et sérieuse.
Il a souligné l'efficacité de la riposte israélienne à l'attaque Al-Aqsa Flood du Hamas du 7 octobre 2023, une réaction correspondant manifestement aux objectifs des États-Unis pour soutenir Israël. Mais il a ensuite précisé que si Tel-Aviv ne s'oriente pas vers une «solution à deux États», un chaos inévitable menacera l'avenir du projet sioniste et pourrait même mettre en péril les relations avec l'Égypte et la Jordanie.
Cet argument est bien sûr fortement pro-israélien et préconise en réalité l'intégration du régime colonial dans la région, par le biais d'une approche plus pragmatique. Ces mêmes convictions ont été exprimées dans la «Déclaration de New York» franco-saoudienne, adoptée à l'unanimité par l'Assemblée générale des Nations unies (AGNU) en septembre dernier.
Mais depuis son entrée en fonction, le président américain Donald Trump n'a pas mis en œuvre de stratégie politique cohérente. Il a plutôt suivi ses conseillers israéliens comme un toutou, se pliant à tous leurs caprices.
L'administration Trump a collaboré avec les Israéliens en collaborant au blocus de trois mois de la population de Gaza, au cours duquel l'aide humanitaire n'a pu entrer sur le territoire, déclenchant une famine meurtrière. Elle a ensuite puisé dans l'argent des contribuables américains pour financer un programme d'aide privatisé, un piège mortel qui a coûté la vie à environ 2 600 civils palestiniens.
Elle a engagé une campagne militaire humiliante et inefficace contre le Yémen, et a fait bombarder l'Iran après l'avoir mis en garde par voie diplomatique contre une potentielle attaque israélienne. L'administration Trump a déployé de nouvelles troupes en Syrie, prenant le contrôle de deux bases aériennes du pays, tout en encourageant la conclusion d'un «accord» de normalisation entre Israël et la Syrie, et exerce des pressions pour désarmer le Hezbollah au Liban et le Hashd al-Shaabi en Irak.
Le régime Trump a récemment menacé le Conseil de sécurité de l'ONU pour faire adopter la résolution la plus honteuse jamais prise sur la question palestinienne, approuvant une opération de changement de régime. Il a déployé des troupes américaines sur le territoire, supervise quotidiennement les crimes de guerre israéliens en violation du cessez-le-feu à Gaza et tente de tenir la promesse faite en février de "prendre le contrôle de Gaza".
Quant à la politique américaine, Trump, à peine élu, a donné le feu vert au «projet Esther», un document publié par le think tank Heritage Foundation destiné à museler toute critique des crimes israéliens aux États-Unis. Il a également déclenché la pire répression de la liberté académique américaine de l'histoire des États-Unis.
Il s'apprête désormais à qualifier les Frères musulmans d'«organisation terroriste» sur l'injonction des lobbyistes israéliens, et accroître ainsi la répression contre les associations pro-palestiniennes à but non lucratif, prétendant qu'elles seraient affiliées à une «organisation terroriste».
Malgré les scandales, comme la rencontre entre l'ambassadeur de Trump en Israël, Mike Huckabee, et le célèbre espion américain - à qui Netanyahu a d'ailleurs offert la nationalité israélienne - Jonathan Pollard, Washington n'a pas réagi. La campagne électorale de Trump a été financée par un groupe de milliardaires sionistes, la plus grosse contribution provenant de la milliardaire la plus riche d'Israël, Miriam Adelson.
Lors de son discours devant la Knesset israélienne, Donald Trump a même admis que son principal donateur se soucie davantage de l'État d'Israël que des États-Unis, et a appelé le président israélien Isaac Herzog à gracier Benjamin Netanyahu pour qu'il échappe à son procès pour corruption et abus de pouvoir.
Un tel scénario est difficilement imaginable avec n'importe quel autre gouvernement étranger. Imaginez un instant que le milliardaire le plus riche de Russie ait financé la campagne de Trump, puis que son ambassadeur à Moscou ait été surpris avec un espion russe, et qu'il ait plaidé en faveur d'une grâce. Une telle affaire suffirait à déclencher une tempête médiatique de 24 heures non-stop qui présenterait le président comme un traître à son pays.
L'administration Trump utilise l'ICE [United States Immigration and Customs Enforcemen : Service de l'immigration et des douanes des États-Unis] pour poursuivre des étrangers titulaires d'un visa en règle, y compris des résidents permanents comme Mahmoud Khalil, pour avoir exercé leur droit à la liberté d'expression. Les comptes de réseaux sociaux de l'administration Trump vont même jusqu'à menacer sans preuve ceux qu'ils accusent de soutenir le Hamas.
Tout ce qui est entrepris par cette administration est dicté par le régime de Benjamin Netanyahu à Tel-Aviv. C'est une administration aux mains du parti d'extrême droite du Likoud qui gouverne les États-Unis. Les voix les plus extrêmes l'emportent toujours, car des influenceurs sionistes radicaux comme Laura Loomer ont accès à la Maison Blanche. Lorsque des élus républicains proches de Trump osent s'élever contre Israël, ils sont la cible d'attaques virulentes.
Si les Israéliens ont exercé autrefois une influence sur la politique du gouvernement américain en Asie occidentale, on se demande aujourd'hui sérieusement si l'administration Trump dispose d'une quelconque indépendance sur les questions liées à Israël.
Certains vont rétorquer que bon nombre des sionistes responsables de ce phénomène sont en fait des citoyens américains, ce qui est vrai, et qu'ils n'ont pas tous la double nationalité. Mais dans les faits, même les chrétiens sionistes radicaux de son administration sont indissociables de leurs homologues israéliens. Mike Huckabee en est le parfait exemple : il a longtemps plaidé en faveur de la libération de Jonathan Pollard, l'espion condamné par la justice américaine pour espionnage.
Des fonctionnaires de l'administration Trump ont été licenciés pour s'être écartés, ne serait-ce qu'un peu, des positions résolument pro-israéliennes du gouvernement, notamment pour avoir simplement mentionné les graves violations des droits humains commises en Cisjordanie, que Washington qualifie aujourd'hui de «Judée et Samarie» à l'instar des pires extrémistes du gouvernement Netanyahu.
Jared Kushner, le gendre du président Trump, assiste l'envoyé américain Steve Witkoff dans les projets de «cessez-le-feu» et se trouve être directement lié au financement de la colonie illégale israélienne de Beit El. Pour des individus comme ceux-ci, être titulaire d'un passeport américain n'a plus aucun sens dès qu'ils s'impliquent dans des crimes de guerre, ou sont prêts à plaider ouvertement en faveur de la libération d'un Israélien condamné pour espionnage.
L'administration Trump s'avère être la plus laxiste de l'histoire américaine quant à sa politique en Asie occidentale, et ne cache pas son allégeance à un gouvernement étranger.
Traduit par Spirit of Free Speech