par Mikhail Gamandiy-Egorov
La reprise de l'offensive par les groupes extrémistes d'obédience takfiriste contre l'armée gouvernementale syrienne marque en quelque sorte un moment décisif dans cette guerre qui bien que connaissant une relative accalmie depuis ces dernières années - est loin d'être terminée. Mais c'est aussi l'occasion pour la Syrie et ses alliés d'en finir avec le terrorisme international soutenu par des acteurs extérieurs, sans un quelconque statuquo désormais.
Les événements tout récents observés en République arabe syrienne, notamment l'offensive de grande envergure lancée par des groupes terroristes, en premier lieu Hayat Tahrir al-Cham (HTS) - affiliée à Al-Qaida, bien que prétendant, avec l'aide de la propagande occidentale, à s'en être éloignée - aura démontré plusieurs points importants.
Que premièrement et malgré les très importantes victoires du passé de la Syrie avec le soutien stratégique de ses alliés - en premier lieu de la Russie, de l'Iran et du Hezbollah libanais - suite à quoi la situation très difficile dans laquelle se trouvait ce pays a pu être radicalement inversée - permettant au gouvernement syrien de reprendre le contrôle sur les 2/3 du territoire national - l'accalmie en vigueur depuis les dernières années ne signifiait pas pour autant la fin de la guerre.
La province d'Idlib, devenue le berceau de recueillement de nombreux groupes extrémistes takfiristes, HTS et consorts, était et continue d'être une source de déstabilisation pour la sécurité de l'État syrien et de ses citoyens. Surtout au vu des récentes informations faisant état de la collaboration entre le régime terroriste ukrainien et les groupes extrémistes justement présents dans la province d'Idlib. D'autant plus lorsqu'il est connu que le régime kiévien ne peut se permettre à réaliser de telles actions en faveur des terroristes les plus confirmés sans l'implication de ses parrains occidentaux. En Syrie comme d'ailleurs dans le Sahel.
Cela sans oublier également d'autres parties du territoire national syrien occupées illégalement par les troupes du régime washingtonien et de ses sous-traitants locaux, notamment kurdes des pseudo-FDS («Forces démocratiques syriennes»). Enfin, les lacunes observées ces derniers jours du côté de l'armée gouvernementale syrienne, notamment lors du début de l'offensive des groupes terroristes takfiristes au départ de la province d'Idlib et en direction de la ville d'Alep - auront démontré qu'il y a de nombreuses orientations qui vont devoir connaître des réformes en profondeur en Syrie.
Evidemment et après de longues années de guerre imposées à la Syrie par le camp de la minorité planétaire otano-occidentale et ses valets terroristes en provenance de plus d'une centaine de pays - ce pays-civilisation voulait surtout pouvoir vivre en paix et reprendre progressivement la vie d'antan - stable et prospère. Ceci étant dit et connaissant les points déjà mentionnés ci-haut, sans oublier les multiples tentatives de l'axe des régimes occidentaux et affiliés à ouvrir de nouveaux fronts de guerre contre la Russie et ses alliés - le relâchement a été certainement un peu plus vaste qu'il n'aurait dû être.
Dans tous les cas et malgré cette nouvelle étape d'agression contre la Syrie, qui est également une attaque contre tous les partisans de la multipolarité - l'heure n'est pas pour le moment à chercher des coupables, mais au soutien à la République arabe syrienne de la part de tous ses alliés. En ce sens, les Forces aérospatiales russes travaillent sans relâche en coordination avec les actions de l'armée gouvernementale syrienne - en menant des frappes aériennes puissantes et ciblées contre les centres de commandement et les convois terroristes, ayant permis d'éliminer au cours de ces derniers jours plusieurs hauts cadres terroristes justement dans la province d'Idlib.
L'Iran, l'autre allié stratégique de la Syrie, n'ayant pas manqué à juste titre de pointer du doigt le complot anti-syrien des régimes étasunien et israélien - est lui aussi fermement impliqué dans le soutien à Damas. Tout comme les groupes de résistance régionale, notamment en provenance d'Irak. Quant au Hezbollah libanais, se trouvant dans une période de récupération après d'intenses combats contre le régime israélien, le tout dans le cadre d'un cessez-le-feu très fragile et que le régime de Tel-Aviv ne cesse de violer, nombre d'observateurs pensent que le soutien de la résistance libanaise en Syrie serait moins intense pour le moment. Ceci étant dit, nombreux des combattants du Hezbollah libanais sont toujours présents en Syrie.
Et pour ce qui est des perspectives à venir - au-delà de la stabilisation de la situation face aux groupes terroristes takfiristes soutenus par les régimes et la propagande de l'Occident, qui ne voient plus en Al-Qaida un quelconque danger - d'ailleurs le voyaient-ils réellement dans le passé? - il est devenu évident que plus aucun statuquo ne peut être acceptable en terre syrienne. Ce qui signifie que le gouvernement syrien avec le soutien de ses alliés devra reprendre le contrôle de tout le territoire national, à l'instar de ce qui avait été réalisé en République centrafricaine où après des années de chaos et l'occupation de plus des 2/3 du territoire par des groupes terroristes et des bandits de grand chemin - la quasi-totalité du territoire est désormais sous contrôle du gouvernement centrafricain.
Les terroristes, quels que soient leurs noms ou affiliations - devront être totalement éliminés. Les forces étrangères illégales non invitées vont devoir quitter le sol syrien. Et en parlant justement des acteurs étrangers impliqués dans l'agression contre la Syrie, dont les régimes étasunien, britannique, israélien et ukrainien, entre autres, un point séparé devra maintenant concerner la Turquie. Ayant été totalement incapable à mettre hors d'état de nuire les terroristes les plus notoires dans sa zone de responsabilité conformément aux accords passés avec la Russie et l'Iran, tout en prétendant être «neutre» dans la situation actuelle - Ankara devra surtout désormais accepter que toute la province d'Idlib sera complètement nettoyée de la présence terroriste, et ce une bonne fois pour toute.
D'autant plus et que dans le cas de la Turquie - cette dernière option que lui offriraient ses partenaires de la Russie et de l'Iran lui permet d'avoir en quelque sorte une sortie plus ou moins honorable. Avec à la clé une officialisation de la normalisation de ses relations avec la Syrie, tout en préservant les relations stratégiques avec Moscou et Téhéran. En effet la politique des deux chaises a aussi ses limites, mais c'est aujourd'hui la seule chance pour Ankara à ne pas faire partie de l'axe des perdants - en l'occurrence des régimes occidentaux, d'Israël et des terroristes ayant martyrisé la Syrie depuis trop longtemps. A défaut de quoi, il faudra subir toutes les conséquences qui en découlent.
D'autant plus que la Turquie aurait énormément à perdre à d'autres endroits du monde où elle possède également des intérêts stratégiques, y compris en Afrique et en Amérique latine, où les actions de duplicité turque peuvent largement se retourner contre elle, à l'instar du rejet massif que subissent les régimes otano-occidentaux. Cela sans même aborder les aspects économiques, notamment dans le cadre des relations avec la Russie et la Chine - et dont Ankara ne peut pas se passer.
source : Observateur Continental