04/04/2020 francais.rt.com  4 min #171702

La réquisition de masques par la France provoque des tensions diplomatiques avec la Suède

La France n'a pas hésité à réquisitionner un stock de quatre millions de masques en provenance de Suède, dont les trois quarts ne lui étaient pas destinés. Cette bataille des masques est à la source de vives tensions entre les deux pays de l'UE.

En ces temps d'épidémie, la guerre des masques fait rage et ce, même au sein des pays de l'Union européenne. Un processus qui n'est pas sans rappeler − toute proportion gardée − l'époque de la piraterie. Ainsi, d'après une information de  L'Express publiée le 1er avril, la France a saisi le 5 mars dernier sur son territoire, près de Lyon,  pas moins de quatre millions masques de fabrication chinoise appartenant à la société suédoise Mölnlycke. Sur les quatre millions, un quart des masques seulement était destiné à la France, le reste devant être exporté vers d'autres pays européens, dont l'Espagne et l'Italie,  les deux pays les plus lourdement touchés par l'épidémie.

«Inacceptable»

Interrogée le 3 avril par l'agence de presse suédoise TT, la ministre suédoise du commerce extérieur Anna Hallberg estimait qu'il «[était] temps de prendre contact avec la France», tout en n'écartant pas la possibilité de porter plus haut, au niveau de l'UE, cette infraction aux règles du marché intérieur européen.

La réquisition française déroge en effet non seulement aux principes de coopération de base de l'Union européenne, mais aussi au partenariat stratégique signé entre Paris et Stockholm, en 2017. Le même jour, le ministère suédois des Affaires étrangères a déclaré à l'AFP que «la Suède a[vait] alerté la Commission européenne de la situation», jugeant que «toutes les restrictions à l'exportation au sein de l'UE devraient être levées». Et l'affaire est en effet montée au niveau supérieur dans les minutes qui ont suivi.  Le Monde rapporte qu'en visioconférence depuis Bruxelles, la commissaire européenne suédoise Ylva Johansson a estimé que les restrictions imposées par la France sur les exportations de matériel médical étaient «inacceptables».

Le dénouement (partiel) a eu lieu ce 4 avril. Les pressions suédoises ont finalement abouti : le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) a accepté de laisser partir la moitié des masques. Sur Twitter, la ministre suédoise du Commerce, Ann Linde, s'en est félicitée, déclarant : «Suite aux efforts du gouvernement [suédois], la France a décidé de lever les restrictions à l'export des masques de protection de Mölnlycke. Cela signifie que des équipements essentiels à la lutte contre le coronavirus peuvent être distribués au reste de l'Europe.»

Nous ne pouvons rien exporter de ce que nous entreposons en France

Cependant, la moitié de la marchandise est toujours sous séquestre en France. L'Express rapporte à cet égard que Anna Halberg, estimait en substance que si tous les pays agissaient comme la France, alors «cela deviendr[ait] un problème pour tout le monde car aucun pays européen n'est assez grand pour se défendre tout seul» face à l'épidémie.


Auteur: RT France

Sur une radio suédoise, Richard Twomey, PDG de la société Mölnlycke, jugeait le 3 avril que la situation était «extrêmement dérangeante». «Nous ne pouvons rien exporter de ce que nous entreposons en France [où se trouve la principale plateforme logistique de l'entreprise en Europe]», déclarait-il à Sveriges Radio. La multinationale qu'il dirige a donc choisi de contourner l'Hexagone, jugé peu fiable sur le plan de la sécurité juridique. Désormais, rapporte l'Express, sa marchandise, fabriquée et importée depuis la Chine, n'est plus débarquée à Marseille et entreposée à Lyon, mais livrée à Rotterdam et stockée dans des entrepôts à Landskrona, en Suède, et en Belgique.

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