Le scandale, qui a éclaté à la suite de l'explosion d'un missile en Pologne, commence à s'atténuer car de plus en plus d'allégations expliquent que des morceaux du missile, n'appartenant pas à la Russie, ont été trouvés dans le village polonais de Przewodow. Néanmoins, l'UE a déjà commencé à parler de la nécessité de déployer des systèmes de défense aérienne à la frontière entre la Pologne et l'Ukraine, et même sur tout le long de la frontière des pays de l'Otan à la Russie.
Si pendant la nuit, après l'explosion d'un missile sur le sol polonais, les déclarations des dirigeants de certains pays d'Europe de l'Est transpiraient une forte nervosité et qu'il ne faisait, selon eux, aucun doute que les fragments de missile appartenaient à la Russie, ces mêmes politiciens font, maintenant, des déclarations plus sobres.
Le chancelier allemand, Olaf Scholz, a, en particulier, demandé d'attendre la fin de l'enquête sur l'incident du missile en Pologne et d'éviter les décisions hâtives. Selon lui, un certain nombre de pays de l'Otan ont déjà échangé des informations disponibles à ce sujet. «Je pense qu'il est important que les membres de l'Otan [qui étaient présents au sommet du G20 à Bali] se réunissent rapidement pour discuter. Nous devons enquêter sur la destruction, des parties du missile, puis attendre le résultat et l'annoncer au public», a-t-il Raketeneinschlag in Polen: Scholz mahnt zu ZurückhaltungRaketeneinschlag in Polen: Scholz mahnt zu Zurückhaltung , avertissant sur le danger d'aller trop vite dans ces accusations.
Les autorités polonaises ont invité des experts internationaux à participer à l'enquête internationale sur l'explosion dans l'est du pays, a déclaré le Premier ministre Mateusz Morawiecki qui, en outre, lance un appel au calme. Le président français, Emmanuel Macron, appelle aussi, à la prudence après la chute de missiles en Pologne, car «les circonstances ne permettent pas d'attribuer ces tirs».
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré que, selon les données disponibles, la Russie n'est pas coupable de l'incident lié à la chute du missile en Pologne et qu' il est très important pour Ankara que les représentants de Moscou le disent clairement: «Je dois respecter la position de la Russie, qui a dit que ce n'était pas son missile. C'est important pour nous».
Le président américain, Joe Biden, a déclaré: «Il est peu probable, au vu de la trajectoire, que ça ait été tiré depuis la Russie, mais nous verrons».
Le ministère russe de la Défense Russie a immédiatement nié l'implication de son pays dans l'attaque contre la Pologne et a déclaré plus tard, après avoir vu des photographies prises des restes du missile du village de Przewodow, qu' ils n'appartiennent pas à la Russie et a qualifié ces accusations de «provocation délibérée visant à envenimer la situation». EURACTIV signale que «le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a dénoncé ce qu'il a appelé »une nouvelle réaction russophobe hystérique et frénétique » en Europe à la suite de l'incident, tout en félicitant les Etats-Unis pour ce qu'il a décrit comme l'approche modérée du gouvernement américain face aux informations selon lesquelles la Russie était derrière l'explosion».
Néanmoins, l'UE a déjà commencé à parler de la nécessité de déployer des systèmes de défense aérienne à la frontière. «L'ancien chef de l'armée tchèque Jiří Šedivý, suggère de renforcer le système de défense antimissile occidental le long des frontières avec l'Ukraine et la Russie», confirme EURACTIV. «Les défenses antimissiles et aériennes devraient être renforcées. Il devrait y avoir une plus grande densité de moyens déployés en Pologne, en Slovaquie ou dans les pays baltes qui ont ces systèmes dans leur armement, ou déployés par d'autres Etats de l'Otan», a -t-il proposé ajoutant que le nombre de systèmes de reconnaissance doit également être multiplié.
L'Allemagne a, aussi, proposé d'aider la Pologne à surveiller son espace aérien à partir de jeudi (17 novembre). Et, Berlin envisage de prolonger le déploiement du système de défense aérienne Patriot en Slovaquie, au moins jusqu'à la fin de 2023 et étudie également la possibilité de prolonger le déploiement jusqu'en 2024.
France Info a rapporté que «Moscou assure que la frappe russe la plus proche de la Pologne a eu lieu à 35 kilomètres de la frontière». Le média français note que «le village polonais de Przewodow, où est tombé un missile faisant deux morts, est situé à six kilomètres de la frontière ukrainienne». «Toutes les destructions démontrées par le régime de Kiev dans les zones résidentielles de la capitale ukrainienne sont une conséquence directe de la chute et de l'autodestruction de missiles anti-aériens tirés par les troupes ukrainiennes à partir de systèmes de défense aérienne ukrainiens et étrangers situés dans la ville», a déclaré le département militaire de la Fédération de Russie.
Le Point titre aussi que «le missile tombé en Pologne provient »selon toute probabilité » de la défense antiaérienne ukrainienne», alors que Volodymyr Zelensky continue toujours d'affirmer qu'il provient de la Fédération de Russie, ce qui provoque maintenant un désaccord entre le président ukrainien et les Occidentaux.
En attendant, l'état d'urgence pourrait devenir une occasion pour développer le système de défense antiaérienne de l'Otan. En effet, le président lituanien, Gitanas Nausėda, a déclaré - rejoignant, donc, la proposition de l'ancien chef de l'armée tchèque Jiří Šedivý - qu'il soutenait l'idée d'installer des systèmes de défense aérienne à la frontière polono-ukrainienne et sur tout le flanc oriental de l'Otan. Il a 𝕏 tweeté: «Les capacités de défense aérienne de l'Otan doivent être considérablement renforcées sur tout le flanc est de l'Otan. Le soutien des alliés à l'Ukraine sur la défense aérienne doit être renforcé. Une planification d'urgence doit être mise en place si des incidents similaires se produisent à l'avenir». Gitanas Nausėda a rappelé que la question du déploiement de systèmes de défense aérienne sur le flanc est de l'Otan avait été discutée depuis plusieurs mois notamment lors d'une réunion des chefs d'Etat de l'Otan à Madrid: «Je pense que cet événement, que nous avons tous vécu, nous fait réfléchir avec toute pertinence quant à la manière de mettre en œuvre ce principe, que nous avons affirmé dans la déclaration».
Il faut, cependant, noter qu'après le début du conflit entre la Russie et l'Ukraine, Kiev a fait appel à plusieurs reprises aux pays occidentaux et aux organisations internationales, exigeant qu'une zone d'exclusion aérienne soit établie sur le territoire du pays.
Philippe Rosenthal
La source originale de cet article est Observateur continental
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