Jean-Luc MELENCHON
L'interminable conflit de la réforme des retraites ne dure que du fait du prince. On le sait. Ce qui était moins donné d'avance, c'est l'incroyable résistance dans la durée de tant de catégories sociales. Toute la situation dès lors fonctionne comme une immense école de formation. Les gens les plus éloignés de toute réflexion politique entrent dans le sujet en explorant et en consultant tous les arguments. Il est rare qu'ils en restent aux seuls aspects techniques du sujet. Le thème des retraites devient bien vite le déclencheur d'une pensée plus large sur la société et le sens de la vie.
Le régime Macroniste a provoqué un déplacement culturel de masse. La domination des fadaises néolibérales est close de façon frappante. D'amples secteurs de la société ont pris conscience des limites du « chacun pour soi » comme mode gestion de la vie en société. Ne pas croire que cela soit aussi abstrait qu'il y parait.
L'épisode du refus des jours de congés pour le décès d'un enfant en dit plus long qu'un simple aveu de cruauté imbécile de la part des robots de « En Marche ». À vrai dire, nous pensions tous que la mesure « passerait comme une lettre à la poste ». Le refus nous surpris les premiers. Comme les arguments macronistes étaient parlants ! Et comme l'indignation le fut tout autant. Les sondeurs perpétuels de l'Élysée donnèrent l'alerte. Certes, le revirement de Macron et du régime surligne le coup que le régime vient de se donner. Mais il lui sera moins coûteux que de persister et de rester jusqu'à la fin du mandat avec l'image terrible de ces faces de pierre qui refusaient de « se payer de bons sentiments sur le dos de l'entreprise » comme ils ont osé le dire. La réaction du MEDEF aura surpris. C'est un signe de plus.
Exactement comme lorsque ce même MEDEF demande le maintien du régime par répartition pour les cadres supérieurs que la reforme pousse la bayonnette dans le dos vers l'obligation d'aller cotiser cher aux régimes par capitalisation. Épisode savoureux s'il en est. Dans l'immédiat, il montre non pas que « Macron et sa bande sont hors sol », mais que le registre de leur culture politique les enferme dans une bande étroite de références et de comportements. Le temps où je dénonçais le « banquier » Macron n'est pas si loin, même si on ne trouverait plus personne aujourd'hui pour me charger à ce sujet.
Ce que j'en pensais se vérifie. L'imaginaire et l'affectif commun de ce type de personnages, lui et les siens, sont restreints à quelques paramètres très limités : celui du monde de l'égoïsme et du calcul froid typique des technocrates de la finance. Mais la communauté humaine intègre des dizaines d'autres paramètres comme autant de bonnes raisons d'agir, de refuser, d'approuver et ainsi de suite. Le monde des valeurs du régime macronien et des financiers est d'une incroyable pauvreté humaine. S'émouvoir de voir mutiler, éborgner, pleurer un enfant et n'être alors plus capable de rien d'autre, tout cela leur semble une étrange perte de temps. Une irrationalité simple à surmonter sous le fouet de la nécessité.
Du coup, on peut dire qu'ils ne comprennent plus rien à la société réelle. Jusque dans l'économie. Ainsi pour les cadres supérieurs expulsé du régime général des retraites. À ce niveau de salaires (il s'agit de plus de dix mille euros par mois) ces personnes jouent leur carrière sur le plan international (sauf les journalistes). C'est donc leurs employeurs qui vont devoir regeler l'ardoise pour ne pas les voir partir. Macron le savait ? Ou bien s'est-il seulement dit : ils peuvent se payer ça, qu'ils viennent abonder nos fonds de pension. De tels dirigeants sont dangereux pour tous, pour tous les milieux sociaux, pour toutes sortes d'intérêts bien compris. La logique de la finance est par essence insensible à autre chose qu'à ses propres objectifs. Elle est incapable de compromis ou d'anticipation face aux comportements humains de la société. Embastiller des lycéens de 16 ans, envahir une église pour en arracher des manifestants, se précipiter pour approuver le plan dément de Trump à propos d'Israël Palestine, rire cyniquement de l'éborgnement des manifestants avec un T-shirt et tant d'autres choses de la macronie quotidienne où cela mène-t-il la dignité d'un pouvoir en démocratie ?
En fait, cela n'a d'efficacité que dans un secteur très restreint de la société. Pour tout le reste, ce sont autant de soufflets qui ravivent les flammes de la rébellion ou les hauts le corps du dégoût. C'est pourquoi le régime est passé si vite de la contestation à la détestation et de là à cette sorte de haine rageuse qui s'observe partout. Et c'est pour cela que le mal fait ne peut être défait, la pente dévalée ne peut être remontée. Ni pour la macronie ni pour le programme néolibéral dont elle se réclame. Le mini épisode sur le congé pour deuil parental leur fera aussi plus de mal que la suppression de l'ISF.
Toutes ces considérations sur l'état des mentalités publiques ne me font pas oublier l'essentiel. La lutte se mène sur le plancher des vaches. Dans le concret. Les formes d'action qui prennent le relais de la grève ou qui la prolongent ont fait la preuve de leur efficacité. Au royaume de l'image, celle-ci est reine mieux qu'un slogan. La bataille parlementaire va commencer. Nous avons signifié au régime que son obstruction parlementaire lui vaut la réplique de nos 19 000 amendements. Bientôt va venir la suite. Car l'obstruction vient de l'Élysée. C'est lui qui a décidé une loi avec 29 trous que remplissent 29 ordonnances. Lui qui a décidé de l'étude d'impact consciemment truquée. Lui qui a décidé le passage en force contre l'avis du conseil d'État. Se soumettre au rituel dans un tel cas c'est se renier. Nous ferons feu de tout bois. Ce n'est pas faute de ne pas avoir prévenu. Mais bien sûr, comme d'habitude le régime a pensé qu'il intimiderait et pourrait, encore une fois, bousculer tout le monde.
Bien sûr, cette bataille est spécialement difficile à faire fonctionner. Les élus LREM sont plus de trois cent. Nous sommes 17. Nos partenaires communistes sont 16. Les socialistes sont trente. Les tours de rôle dans l'hémicycle sont d'un mois et demi à la LREM et de deux jours et demi pour les Insoumis... Chacun de nos trois groupes a sa pile d'amendements. Tenir la tranchée sera rude. Mais nous nous préparons à le faire avec méthode ! À nos yeux le corps de bataille essentiel reste dans la rue et les entreprises. Mais à ce niveau de mobilisation doit correspondre un niveau de mobilisation équivalent et représentatif au Parlement. C'est non seulement un renfort de poids. Mais c'est aussi faire vivre la démocratie représentative. Car si elle ne devait plus se résumer qu'a entériner les choix du monarque présidentiel ou de ses robots irresponsables de l'épisode du deuil pour le décès d'un enfant nous serions coupables d'être leurs complices. L'anémie définitive du Parlement serait la meilleure démonstration de l'inutilité que lui reproche le régime.
Mali : la fuite en avant
Au détour d'une annonce sans tam-tam, on apprend que le gouvernement a décidé d'envoyer 600 militaires de plus au Mali. Pour quoi faire ? Sommes-nous menacés d'être débordés ? Une bataille est -elle engagée où nous manquons d'effectifs ? L'armée sur place a-t-elle demandé du renfort ? Que se passe-t-il ? La nouvelle de ce renfort inattendu est inquiétante.
Elle l'est d'autant plus que les questions sur les buts de guerre au Mali posées ici et dans plusieurs tribunes conjointes avec mon ami le député Bastien Lachaud sont restées sans réponse. Se souvient-on qu'il y a de cela quelques semaines nous perdions 13 militaires dans un accident d'hélicoptère et que tout le pays s'était uni pour accompagner les morts et réfléchir au problème posé ? Que faisons-nous là-bas ? Quels sont nos objectifs politiques concrets ? Quand repartirons-nous : c'est-à-dire quelles conditions doivent être remplies pour cela ? Poser ces questions est de bon sens : notre pays ne peut avoir pour objectif de rester là-bas indéfiniment. Les Maliens ne le supporteront pas. Le Mali est un État indépendant. Nous ne sommes pas dans un régime de protectorat. Ce point est-il clairement admis par tous ? Ce n'est pas notre place. Nous ne sommes pas chez nous, faut-il le rappeler ?
Le risque de l'enlisement est pointé du doigt depuis le premier jour. Comment l'éviter autrement qu'en annonçant qu'on partira dès que les conditions seront réunies, c'est-à-dire en disant lesquelles. Et si on ne le dit pas, n'est-ce pas un indice particulièrement significatif qu'il y aurait dans cette affaire une « face cachée » ? Les objectifs du maintien de la présence militaire seraient-ils inavouables ?
Trop de signes inquiètent. Notre pays semble engagé dans une fuite en avant comme on en a déjà connu bien des fois avant celle-là : l'illusion que si la force a échoué jusque-là c'est parce qu'elle serait insuffisante. Ici, nous parlons d'un maximum de 1500 adversaires armés si j'en crois les chiffres qui trainent et dont j'ignore comment ils sont établis. Sur place, nous sommes déjà plus de 4500 avec un matériel sans commune mesure avec celui des bandes armées que nos soldats pourchassent. Pourquoi 600 de plus ? À quoi correspond ce chiffre ? À quels objectifs ? En élevant le niveau de l'intervention nous élevons en même temps le niveau des risques politiques pour notre pays. Et pour les forces politiques locales hostiles à l'ennemi commun.
Il n'y a pas d'issue militaire au Mali. Notre pays va désormais porter tout le poids des revers inéluctables d'un engagement armé de cette ampleur où la disproportion de force rend toujours remarquable le moindre succès de l'ennemi. Qui donne des conseils dans cette affaire ? L'échec de toutes les guerres conventionnelles de contre guérillas n'a-t-il pas encore atteint la conscience des sommets de nos décideurs ? Ce n'est pas possible. Les militaires français ont une bonne école de guerre, bien documentée. Alors qui prend les décisions et sur quelles bases ? Cette affaire d'intervention militaire au Mali commence à sentir le genre d'hubris qui conduit déjà le régime Macroniste à vouloir affronter la société française toute entière dans l'affaire des retraites. À cette différence que les militaires ne sont pas lancés contre des gens sans défense comme le sont les soi-disant « forces de l'ordre » dans les rues du pays. Ils affrontent un ennemi armé, rusé et en partie accueilli dans la population.
Il faut être économe de la vie de nos militaires et ne jamais les engager dans des conditions dont on ne maîtrise pas l'issue. S'il ne fait aucun doute qu'ils obéiront en toutes circonstances et quoi qu'il leur en coûte, il ne faudrait pas croire qu'ils ne sont pas capables d'analyser ce qui se passe autour d'eux et la confusion qu'instaure l'absence d'objectifs de retrait clairement énoncés. Les militaires passent leur vie intellectuelle à analyser et à évaluer les conflits armés. Ils savent quel mythe est l'idée d'une « victoire totale » dans une situation de décomposition générale comme l'est celle de cette zone de l'Afrique où tout s'ajoute pour déstabiliser durablement les rares structures étatiques. Bref l'armée a des cerveaux et il est vain de lui demander de faire semblant de ne pas savoir ce qu'elle sait au sujet de ce type de guerre et de ce type de situation. Il va de soi que c'est là une composante non négligeable dans le combat. Décidément, cette annonce d'un renfort de six cent militaires au Mali n'est pas une bonne nouvelle.
Même les patrons lâchent Macron
Serait-ce la fin des haricots pour Macron ? Ça y ressemble beaucoup en tout cas. Son projet de retraites à points a réussi à unir les milieux populaires ouvriers, les cheminots, les électriciens, les gaziers, les portuaires et les dockers, les égoutiers et des pans larges des classes moyennes et moyennes supérieures allant des enseignants jusqu'aux avocats. Tous demandent le retrait pur et simple du projet de loi. Mais les ennuis continuent à arriver pour Macron. Ce sont désormais les patrons eux-mêmes qui critiquent ouvertement la réforme. Bien sûr eux ne critiquent pas le principe de la retraite à points. Ils sont tout à fait d'accord pour faire travailler les ouvriers, les aides-soignantes, les dockers ou les femmes de ménage jusqu'à 65, 66 ou 67 ans. Ils sont raccord avec l'article 55 du projet de loi qui fera payer aux retraités les prochaines crises économiques. Ils applaudissent des deux mains le gouvernement quand celui-ci exclu de revenir sur les 10 milliards d'euros d'exonérations de cotisations qui leur ont été offertes.
Mais ils craignent pour leurs cadres dirigeants. Le projet de loi prévoit, à son article 13, de ne plus faire payer de cotisations et de ne plus verser de pension dans le cadre du système par répartition au-dessus de 10 000 euros par mois. J'ai déjà expliqué sur ce blog en quoi il s'agit d'un cadeau pour les fonds de pension. Les personnes concernées se tourneront vers la retraite par capitalisation pour maintenir leur niveau de revenu à la retraite. C'est l'ouverture d'un marché pour les fonds privés comme BlackRock, co-inspirateur, avec la Commission européenne, de cette réforme. Cette opération est un nouveau très gros cadeau de Macron pour le capitalisme financier. Pour les caisses de retraites, cela représentera un trou de 7 milliards d'euros par an.
Mais si ce mitage par le haut du système par répartition plaît aux patrons du capitalisme financier, ce n'est plus le cas du reste du patronat. Eux commencent à s'affoler. Car les cadres concernés dans leurs entreprises, très peu nombreux - 240 000 personnes - sont aussi très mobiles. Et la sortie d'une partie de leurs revenus du système par répartition va entrainer pour eux une perte sèche immédiate. Par conséquent, ils vont faire jouer auprès de leurs employeurs la concurrence pour obtenir des compensations sonnantes et trébuchantes. Geoffroy Roux de Bézieux, le chef du Medef, l'a dit clairement lors de son audition devant la commission spéciale : « on aura un problème d'employeur vis-à-vis de ces gens là ». Il sait qu'il va devoir passer à la caisse. Et ça, les patrons n'aiment pas beaucoup.
Pour l'UIMM, la branche patronale de la métallurgie, les choses sont encore plus claires. Ces patrons demandent carrément le maintien de la retraite par répartition pour tous les salaires. Et donc est bien obligé de reconnaitre que la solidarité est plus efficace et plus souhaitable que le chacun pour soi. Qu'ils tâchent de s'en souvenir la prochaine fois qu'ils auront des idées pour demander des reculs des droits sociaux pour les travailleurs, la destruction d'autres pans de notre modèle social ou la privatisation des services publics. Mais n'espérons pas trop. En attendant, le socle de Macron s'est rabougri à son essence la plus étroite et la plus pure : la frange financiarisé du capitalisme global.
Stupéfiant rapport de la fondation Abbé Pierre
Vendredi 31 janvier, la Fondation Abbé Pierre présentait son rapport annuel sur l'état du mal-logement en France. Le constat qu'ils dressent est un terrible réquisitoire contre Macron. Le rapport égrène les records de mal vivre battus depuis le début du mandat. L'année 2018, la dernière pour laquelle on ait des chiffres à ce sujet, a été celle où on l'a expulsé le plus de personnes de leur logement. Près de 16 000 ménages l'ont été avec le concours de la police. Mais davantage de monde quitte généralement les lieux sans attendre l'intervention policière. On peut estimer le nombre de familles expulsées cette année-là entre 30 000 et 50 000.
Depuis 2012, il n'y a plus de statistiques officielles sur le nombre total de SDF, mais tout indique qu'il se situe lui aussi à un niveau plus haut que jamais. Les coupures de gaz et d'électricité ont elles aussi atteint des sommets. 2,1 millions de personnes sont en France sur liste d'attente pour obtenir une HLM. Là encore, c'est du jamais-vu. Ainsi se paye la politique du tout pour les riches pratiquées par Macron : par un appauvrissement généralisé de la société française. 2019 a marqué une année record de nombre de nuitées hôtelières utilisées chaque nuit pour héberger des sans-domicile : presque 50 000
Le rapport de la Fondation sert à donner cette alerte. À rappeler, à travers les chiffres qu'ils donnent mais aussi des récits de personnes généralement invisibilisées par l'officialité, les conséquences réelles du néolibéralisme. Il a aussi le mérite de montrer la place centrale du logement dans la dégradation du niveau de vie de nombreux groupes sociaux. Le mal-logement, c'est d'abord une pauvreté insupportable qui saute aux yeux et soulève les cœurs.
Une pauvreté qui avait disparu et qu'on pensait ne jamais revoir dans un environnement aussi riche que la société française. En novembre dernier, le président de la fédération des acteurs de la solidarité parlait dans une tribune de « retour au temps médiéval » à propos des 700 enfants qui dorment dans la rue chaque nuit à Paris. Le rapport rappel cette cruelle réalité et celle des 683 personnes mortes à la rue recensées par le collectif du même nom.
Une autre des manifestations les plus impressionnantes de la dégradation des conditions de logement en France est la multiplication des cas d'habitats indignes, de logements pourris ou dangereux. Ce phénomène a éclaté à Marseille et s'est transformé en crise sociale, humanitaire et politique depuis l'effondrement des immeubles de la rue d'Aubagne, le 5 novembre 2018. On a découvert son ampleur. Depuis, 400 arrêtés de péril imminent ont été pris et 4000 personnes ont dû être évacuées de leur logement dans la ville. Mais cela ne concerne pas que Marseille. 600 000 logements sont dans cet état dans toute la France, selon la Fondation Abbé Pierre. Ils sont entre 900 000 et 1,3 millions à vivre dedans.
Depuis le début des années 2000, le cout du logement a augmenté de façon spectaculaire. En moyenne, se loger est 2,5 fois plus cher aujourd'hui que ça ne l'était en 2000. C'est une augmentation de 150%. Dans le même temps, le revenu des ménages a augmenté de 40%. Ces deux chiffres aident à comprendre comment le rôle qu'a joué la bulle immobilière dans l'appauvrissement des Français.
Mais l'augmentation des prix n'est pas aussi importante partout dans le pays. À Paris, les prix ont augmenté de 350%. Dans les agglomérations de plus de 10 000 habitants, en moyenne de 220%. L'immobilier a aussi augmenté la ségrégation territoriale, le tri entre quartier et villes de riches et quartiers et villes pour les pauvres. À Paris, les ouvriers ne représentaient plus en 2018 que 4% des acquéreurs de logements. Le prix du logement exclut le peuple des espaces centraux très bien connectés aux réseaux collectifs. Il aide les riches à faire sécession du reste de la société.
La cause de cette situation est simple. Le logement est considéré comme un bien de marché. Et comme beaucoup de marchandises, il a été ces deux dernières années connectées à la bulle financière. En effet, celle-ci s'est beaucoup nourrie des crédits immobiliers des ménages. C'est même l'origine de la crise de 2008. En France, la dette immobilière des ménages en fonction de leur revenu a doublé depuis 2000. Elle atteint 1100 milliards d'euros. Cette addiction à l'économie de la dette sans fin a créé un appel d'air formidable pour la spéculation immobilière.
Pour sortir de la crise du logement, de l'appauvrissement du peuple par le logement, de la ségrégation terrible qu'il entraine, il faut donc que le logement ne soit plus une marchandise financière. Il s'agit d'en faire un bien commun. Parmi les capitales européennes, il en est une où le marché n'est pas la principale puissance du logement. À Vienne, 60% des logements sont des logements sociaux. Les loyers y sont en moyenne trois fois moins cher qu'à Paris et la mixité sociale des arrondissement centraux touristiques y est bien supérieure que chez nous. On pourrait aussi citer Berlin qui, sous la pression des mouvements sociaux et des élus Die Linke à la mairie, vient de mettre en place un blocage des loyers privés.
En France, nous avons besoin d'une série de mesures fortes qui agissent sur la construction de logements sociaux, la régulation des loyers privés et la traque des marchands de sommeil. C'est ce que je défendrai très bientôt dans une proposition de loi sur le droit au logement.
Jean-Luc MELENCHON