Source: report24.news
La politique allemande ressemble actuellement à une pièce digne du théâtre des absurdités. Alors que le pays s'enfonce dans sa plus grave crise économique depuis l'après-guerre, l'élite politique s'exerce à un remarquable déni de réalité. Le récent scandale de l'ingérence d'Elon Musk dans la politique allemande n'est que la pointe d'un iceberg bien plus grand.
Les faits sont accablants: un quart des Allemands ne peuvent plus payer leurs factures mensuelles. 17,5 millions de personnes - une réévaluation choquante des chiffres de la pauvreté en incluant les frais de logement - vivent dans la pauvreté. Les « champions cachés » de l'industrie allemande, autrefois fiers de leurs prestations, luttent pour leur survie. Les animaux domestiques deviennent des produits de luxe, les banques alimentaires doivent rationner la nourriture.
La construction, que fut le gouvernement dit « feu tricolore », a implosé de manière spectaculaire le 6 novembre, le vote de confiance du 16 décembre n'était plus qu'une formalité. Mais les partis établis - qu'il s'agisse de la SPD, de la CDU/CSU, de la FDP ou des Verts - ne présentent que des solutions cosmétiques aux problèmes structurels à l'approche des nouvelles élections du 23 février.
Le point décisif que le mainstream politique s'obstine à ignorer: le déclin économique de l'Allemagne n'est pas une catastrophe naturelle, mais le résultat d'une castration politique qu'elle a elle-même choisie. La perte de l'énergie russe bon marché - non pas, notons-le, par décision de Moscou, mais par auto-sanction et sabotage occidentaux (mot-clé,ici, c'est "Nord Stream") - a coupé l'herbe sous le pied de l'industrie allemande.
L'analogie est aussi pertinente qu'effrayante : l'Allemagne ressemble à une PME vieillissante qui n'a pas seulement négligé sa forme physique, mais qui s'est en plus coupée elle-même l'alimentation en air. Les Etats-Unis, sous Joe Biden comme sous le président désigné Trump, exploitent habilement cette auto-strangulation pour débaucher les entreprises allemandes à coups de subventions.
Seuls deux partis osent appeler cet éléphant dans la pièce par son nom : l'AfD d'Alice Weidel, désormais deuxième force dans les sondages, et le BSW de Sahra Wagenknecht. Le fait que ces antipodes politiques soient justement les seuls à évoquer la nécessité de normaliser les relations avec la Russie montre toute l'absurdité de la situation.
La tragédie la plus profonde réside dans la capitulation intellectuelle de la politique allemande: au lieu de défendre les intérêts nationaux évidents, on se soumet à la pensée du groupe atlantiste qui mène l'Allemagne à l'abîme économique. La concurrence chinoise, les marchés d'exportation en déclin et la menace de droits de douane punitifs des Américains font le reste.
Bloomberg parle déjà d'un « point de non-retour » - un déclin qui menace d'être irréversible. La politique allemande réagit à cela avec un mélange de déni de la réalité et d'aveuglement idéologique. Tandis que l'on s'émeut de l'« ingérence » de Musk, on passe soigneusement sous silence l'intervention américaine massive dans la souveraineté économique de l'Allemagne.
L'amère vérité est que les problèmes de l'Allemagne peuvent certes être résolus - mais pas tant que la classe politique refuse de briser les chaînes qu'elle s'est elle-même imposées. Les prochaines élections n'y changeront rien tant que tous les partis potentiellement au pouvoir s'en tiendront à un dogme qui subordonne les intérêts de l'Allemagne à ceux de Washington.
Ce que nous vivons n'est pas une crise économique ordinaire, mais le démantèlement systématique d'un site industriel par un auto-enfermement idéologique. Un pays commet un suicide économique - et son élite politique applaudit en plus. L'ironie est que pendant que l'on s'indigne de la prétendue ingérence de Musk, on oublie volontairement comment Joe Biden pousse l'Allemagne vers la désindustrialisation et comment Michael Roth, justement le président de la commission des affaires étrangères, s'immisce sans vergogne dans la politique d'autres pays comme la Géorgie.
L'avenir de l'Allemagne est en jeu et le temps presse. Sans une correction fondamentale du cours politique, sans le rétablissement d'une relation rationnelle avec la Russie et sans le retour aux intérêts économiques nationaux, le déclin sera inéluctable. Il ne s'agit pas d'un tableau noir, mais de l'analyse lucide d'un déclin qui s'accélère. La question n'est plus de savoir si, mais seulement quand l'Allemagne perdra définitivement son statut de puissance économique européenne.