© Clemens BILAN Source: AFP
Le ministère des Affaires étrangères à dénoncé le 6 octobre 2022 une vidéo d'otages français détenus par Téhéran ayant avoué être des agents de la DGSE (image d'illustration).
6 oct. 2022, 17:39
Paris a dénoncé une «mise en scène indigne» et «révoltante» après la diffusion le 6 octobre par la télévision iranienne d'une vidéo présentée comme des «aveux» de deux Français arrêtés en mai dans le pays, dans laquelle ils affirment être des agents de renseignement français.
Les deux Français avaient été arrêtés à un moment où l'Iran était le théâtre de manifestations d'enseignants qui réclamaient des réformes pour une revalorisation de leurs salaires et appelaient à la libération de collègues arrêtés lors de précédentes mobilisations, relate l'AFP.
Dans la vidéo diffusée par le site de la chaîne arabophone al-Alam de la télévision officielle, une jeune femme s'exprimant en français affirme s'appeler Cécile Kohler et être agent de renseignement opérationnel à la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), les services de renseignement français.
La femme qui est assise et porte un voile affirme qu'elle et son conjoint étaient en Iran «pour préparer les conditions de la révolution et du renversement du régime iranien». Elle mentionne de «l'argent» qui devait «servir à financer les actions de grèves et des manifestations». Selon l'homme montré dans la vidéo, qui s'exprime aussi en français, les «objectifs de la DGSE» sont de «faire pression sur le gouvernement» iranien.
La France, qui avait dénoncé en mai une arrestation «sans fondement», a qualifié la diffusion de ces images de «mise en scène indigne, révoltante, inacceptable et contraire au droit international». «Cette mascarade révèle le mépris de la dignité humaine qui caractérise les autorités iraniennes», a déclaré le ministère des Affaires étrangères, réclamant la «libération immédiate» de Cécile Kohler et Jacques Paris. Les deux Français sont des «otages d'Etat», ajoute le Quai d'Orsay.
La diffusion de cette vidéo survient par ailleurs sur fond d'autres manifestations déclenchées le 16 septembre par la mort d'une jeune femme, Mahsa Amini, après son arrestation par la police des mœurs. Le président iranien Ebrahim Raïssi avait affirmé le 22 septembre, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, qu'une enquête serait ouverte sur ce décès, tout en dénonçant «l'hypocrisie» des puissances occidentales, moins disertes selon lui sur l'action de leurs propres forces de l'ordre.
Accusation d'«atteinte à la sûreté»
L'Iran a accusé à plusieurs reprises des forces extérieures d'attiser les protestations et fait savoir la semaine dernière que neuf ressortissants étrangers, notamment de France, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et des Pays-Bas, avaient été arrêtés.
La République islamique avait annoncé le 11 mai l'arrestation de deux Européens «entrés dans le pays dans le but de déclencher le chaos et déstabiliser la société». Téhéran avait ensuite accusé début juillet d'«atteinte à la sûreté» du pays deux «syndicalistes français» arrêtés en mai.
La télévision iranienne a déjà présenté des «aveux» de détenus par le passé, notamment du journaliste de Newsweek Maziar Bahari, qui avait ensuite affirmé dans un livre paru à l'étranger avoir été forcé, lors de sa détention en 2009, de les faire. En juin 2020, des ONG avaient exhorté l'Iran à mettre fin à la pratique des «aveux forcés» télévisés de prisonniers diffusés par les médias publics.
En octobre de la même année, l'Autorité judiciaire iranienne avait publié une circulaire interdisant «absolument la torture», le recours aux «aveux forcés» et d'autres violations des droits de la défense, dans le but de «faire évoluer» le système judiciaire de la République islamique.