Vous vous souvenez de l'attaque chimique de Douma, en Syrie, qui avait donné lieu à des frappes de missiles de représailles de la part des USA, de la France et du Royaume-Uni ? Une fuite récente de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques jette aujourd'hui le doute sur la culpabilité d'Assad.
Silence gêné dans les médias grand public, sauf un : le journal britannique Mail on Sunday, où le journaliste Peter Hitchens a exposé l'affaire sans mâcher ses mots. Qu'il en soit remercié.
L'auteur de cet article, Tim Hayward, qui travaille depuis longtemps sur la propagande médiatique autour de la Syrie, reprend l'essentiel des propos de Hitchens et fait une analyse succinte des premières conclusions à en tirer.
Par Tim Hayward
Paru sur le blog de l'auteur sous le titre "Truth Vanishes in a Cloud of Poison Gas"
« Une information internationale énorme a été publiée la semaine dernière, a écrit Peter Hitchens dans le Mail on Sunday de dimanche, mais je doute que vous en entendiez parler ailleurs qu'ici. »
En fait, bien que l'histoire ait fait du bruit dans les médias alternatifs et sur Twitter, et attiré l'attention de certaines personnes célèbres, dont 𝕏 Susan Sarandon et Roger Waters, les journalistes grand public l'ont ignorée.
Ce silence est un témoignage effrayant de l'état actuel du journalisme - et donc de la démocratie elle-même. Car l'importance de l'information est impossible à exagérer. Comme Hitchens le dit ensuite :
Il semble très probable que la décision de bombarder la Syrie que nous [le Royaume-Uni, NdT], la France et les États-Unis avons prise en avril 2018 était fondée sur une erreur aussi grande que les armes de destruction massive fictives en Irak, en 2003.L'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), l'organisme international qui examine les allégations d'incidents liés à l'utilisation de gaz toxiques, vient de me confirmer qu'un document dévastateur qui a fait l'objet d'une fuite de son siège néerlandais est authentique.
Le document, rédigé par l'un des enquêteurs les plus expérimentés de l'OIAC, démontre qu'il est très peu probable que des bombonnes de gaz trouvées sur les lieux d'une attaque chimique présumée à Douma, en Syrie, aient été larguées d'hélicoptères - comme on l'a largement cru et affirmé. Cette affirmation est fondamentale pour l'affaire du bombardement de la Syrie. »
Le document, qui a fait l'objet d'une fuite transmise au Working Group on Syria, Propaganda and Media (Groupe de travail sur la Syrie, la propagande et les médias), peut être téléchargé sur le site Web du groupe de travail.
Comme le dit Hitchens, l'OIAC est « une organisation précieuse, composée de nombreuses personnes de qualité, et qui travaille dans un noble objectif », mais, tout comme les membres du Groupe de travail sur la Syrie, il s'inquiète de savoir si elle a été « mise sous pression, ou même détournée par des forces politiques qui cherchent une justification à une intervention militaire en Syrie ? »
Étant donné qu'une décision de guerre ou de paix qui affecterait la planète entière pourrait un jour dépendre de ses jugements, je pense que le monde a droit à une enquête sur ce qui se passe derrière ses murs. »
Tim Hayward est professeur de théorie politique environnementale à l'université d'Édimbourg. Avec d'autres universitaires, journalistes et chercheurs, il fait partie du Groupe de travail sur la Syrie, la propagande et les médias (Working Group on Syria, Propaganda and Media).
Traduction et note d'introduction Entelekheia
Photo Pixabay