PHOTO: Russian Foreign Minsiter Sergey Lavrov. © Global Look Press / Russian Foreign Ministry
Déclaration du ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et réponses aux questions des médias à l'issue d'une réunion ministérielle des États riverains de la Caspienne, Achgabat, 28 juin 2022.
Source: Ministère des Affaires étrangères Russie
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Question : Pourriez-vous commenter les projets des États-Unis de fournir des systèmes de défense aérienne à moyenne et longue portée à l'Ukraine ? Cela est-il associé à un risque accru de conflit militaire direct entre la Russie et les États-Unis ?
Sergey Lavrov : Nous avons plus d'une fois commenté les projets des Américains et des Européens d'inonder l'Ukraine de nouvelles armes. Ces plans sont réalisés dans le cadre de déclarations très médiatisées sur le fait qu'il est inacceptable de parvenir à la paix aux conditions de la Fédération de Russie et d'entamer des pourparlers de paix tant que l'Ukraine n'aura pas inversé la tendance sur le terrain. Vous lisez ces déclarations et vous les entendez quotidiennement à la télévision et dans les médias sociaux.
Nous pensons que cette approche adoptée par l'Occident est contre-productive et nuisible. Plus ils fourniront l'Ukraine d'armes, plus longtemps durera le conflit et l'agonie du régime nazi soutenu par les pays occidentaux.
Boris Johnson, Olaf Scholz et Josep Borrell font régulièrement des déclarations sur le caractère inacceptable de pourparlers dans les circonstances actuelles, tandis que le dernier appelle régulièrement à allouer davantage d'argent du Fonds européen de paix pour fournir des armes à l'Ukraine. Il y a clairement une certaine schizophrénie à l'œuvre ici.
Hier, tous les médias occidentaux ont diffusé des vidéos de Kremenchug montrant un centre commercial en feu et accusant l'armée russe de bombarder des infrastructures civiles. Le ministère russe de la défense a clairement et soigneusement expliqué ce qui s'était passé en réalité : ils ont bombardé un hangar contenant des armes et des munitions qui étaient arrivées des États-Unis et d'Europe. L'explosion de ces munitions a mis le feu au centre commercial abandonné situé à proximité.
Plus les armes seront fournies prolongeant le conflit et les souffrances des civils exposés aux bombardements constants du régime néonazi ukrainien, plus nous accomplirons de tâches sur le terrain. Elles seront toutes achevées.
Question : Les participants au sommet de l'OTAN à Madrid vont adopter un nouveau concept de politique étrangère et qualifier la Russie de menace directe, ainsi que renforcer sérieusement sa présence militaire en Europe. A son tour, si le président Vladimir Zelensky est prêt à mener des pourparlers, c'est uniquement en position de force. Espère-t-il vraiment un soutien militaire direct de l'OTAN ?
Sergey Lavrov : Lors du sommet, l'OTAN prévoit de nous qualifier de menace directe et la Chine de défi systémique. Ils jouent sur les mots mais l'essentiel reste inchangé. La Russie a déjà été déclarée ennemie en différentes circonstances il y a longtemps, bien avant le sommet de l'OTAN. Les politiciens occidentaux déclarent que notre pays est une menace uniquement parce que nous ne voulons pas accepter l'ordre mondial néolibéral. Après avoir subordonné tout l'Occident sans exception, les États-Unis l'imposent à tous les autres comme un « ordre fondé sur des règles. » Le président Vladimir Poutine s'est récemment exprimé à ce sujet, montrant la futilité totale de la politique menée par l'Occident dirigé par Washington. Ce n'est pas une surprise pour nous. Elle n'apportera rien de nouveau à la pratique politique des États-Unis et de leurs satellites.
L'augmentation annoncée des forces armées sur le flanc oriental de l'OTAN à 300 000 hommes était prévue indépendamment de ce qui sera écrit dans les documents adoptés à Madrid. Cela a été annoncé depuis longtemps et poursuit la politique inacceptable qui viole tous les accords et promesses antérieurs. En poursuivant cette ligne, l'OTAN veut développer le territoire de l'ex-URSS et amener son infrastructure militaire jusqu'aux frontières russes.
Il s'agit d'une politique de longue date. Depuis le début des années 2000, nous essayons d'y mettre fin et de trouver des moyens mutuellement acceptables d'assurer la sécurité européenne. Nous avons fait ces tentatives de bonne volonté à de nombreuses reprises. Le président Vladimir Poutine a personnellement expliqué la nocivité des actions de l'OTAN en violation du principe de l'indivisibilité de la sécurité. Les ministères des affaires étrangères et de la défense œuvraient dans le même sens. Mais tout a été vain. L'Occident refusait catégoriquement de respecter ses propres engagements de ne pas étendre l'OTAN et de ne pas assurer sa propre sécurité au détriment de celle des autres. Par la suite, l'Occident a renoncé à l'accord entre le président de l'époque, Viktor Ianoukovitch, et l'opposition ukrainienne en février 2014. Après avoir signé les accords de Minsk, l'Occident a refusé catégoriquement de les mettre en œuvre. Ce n'est pas une surprise pour nous. Puisque nos paroles et nos arguments sont complètement et arrogamment ignorés - et c'est un fait établi - nous allons tirer des conclusions sur la façon de traiter avec nos voisins occidentaux sur cette planète.
Je ne veux pas deviner les espoirs et les pensées du président Vladimir Zelensky. Ce n'est pas important de toute façon, car il n'est pas le décideur. Les décisions sont prises à Washington, et pas du tout au niveau présidentiel. Elles sont prises par certains fonctionnaires du Département d'État et, probablement, de l'administration présidentielle.
A suivre