© Handout / Venezuelan Presidency / AFP
Le président du Venezuela échange quelques mots avec le président français à la COP27 en Egypte.
7 nov. 2022, 22:15
Le fondateur de la France insoumise n'a pas loupé Emmanuel Macron. Ce 7 novembre, le président français avait semblé vouloir jouer l'apaisement avec le dirigeant du Venezuela Nicolas Maduro, à Charm el-Cheikh en Egypte, en marge de la COP27.
Vea aquí el diálogo completo entre los mandatarios venezolano y francés.@teleSURtv
«Rencontre bien amicale d'Emmanuel Macron et Nicolas Maduro à Charm el-Cheikh. Le besoin de pétrole rend poli», a taclé Jean-Luc Mélenchon dans un tweet.
Etrange poignée de main
Et de fait, la rencontre entre les deux dirigeants avait de quoi surprendre par sa cordialité. Croisant le chef d'Etat bolivarien, le président français s'est empressé de lui serrer longuement la main, lui demandant avec familiarité : «Comment ça va chez vous ?»
«Mieux chaque jour», a répliqué Nicolas Maduro, semble-t-il à la fois bonhomme et méfiant, avant d'enchaîner du tac au tac en lui demandant quand il lui rendrait visite au Venezuela.
Je serais heureux qu'on puisse se parler plus longuement
«Il faut qu'on arrive maintenant à trouver un chemin», a déclaré le président français, manifestement intéressé par une reprise du dialogue et évoquant un continent sud-américain «en train de se recomposer». Nicolas Maduro a alors répondu que la France devait «jouer un rôle positif». «Nous avons beaucoup de bons amis en commun», a par ailleurs souligné le président vénézuélien.
De fait, plusieurs pays d'Amérique latine sont récemment passés à gauche, notamment la Colombie qui, par ce biais, a renoué des relations diplomatiques rompues avec Caracas.
«Je serais heureux qu'on puisse se parler plus longuement et qu'on puisse entamer un travail bilatéral qui soit aussi utile pour votre pays et la région», a proposé le président français.
«À votre service», a répondu Nicolas Maduro, invitant le président français à discuter avec Jorge Rodriguez, le président de l'Assemblée nationale vénézuélienne depuis les élections de décembre 2020. Un scrutin reconnu ni par l'UE, ni par la France.
«Avec lui, vous pouvez parler en confiance», a-t-il assuré. «Monsieur Rodriguez, je peux ?», a interrogé Emmanuel Macron, qui a par ailleurs promis au dirigeant vénézuélien de l'appeler après sa rencontre prévue prochainement à Paris avec les présidents argentin et colombien.
D'alléchantes ressources énergétiques
En juin, lors du G7 en Allemagne, la présidence française avait évoqué «des ressources ailleurs qu'il faut aller explorer», lorgnant sur les productions de l'Iran et du Venezuela, et estimant que «le pétrole vénézuélien devait pouvoir être remis sur le marché». Nicolas Maduro avait aussitôt invité les entreprises françaises, lançant à la télévision : «Président Macron ! Le Venezuela est prêt à accueillir toutes les entreprises françaises qui voudraient venir produire du pétrole et du gaz.»
Les Etats-Unis ont allégé en juin les sanctions qui pesaient sur le Venezuela depuis 2019 dans le secteur pétrolier en accordant des licences à quelques compagnies pour exploiter les ressources énergétiques du pays.
Les relations entre la France et le Venezuela sont très mauvaises depuis que Paris, aligné sur Washington, n'a pas reconnu l'élection présidentielle de 2018. Emmanuel Macron a même reconnu en février 2019, comme plusieurs Etats, l'opposant Juan Guaido (président de l'Assemblée nationale ayant entre autres appelé l'armée à faire défection pour renverser Nicolas Maduro) comme «président en charge», dans le but d'organiser de nouvelles élections.
Mais devant l'échec de ce dernier à prendre le pouvoir, l'UE a changé de braquet et abandonné son soutien à l'ancien député, dont le mandat a pris fin en décembre 2020. L'UE ne reconnaît cependant pas le résultat des élections législatives qui se sont tenues cette année-là. Les canaux diplomatiques entre la France et le Venezuela n'ont par contre jamais été rompus, malgré plusieurs incidents impliquant la représentation française sur place, accusée d'abriter Juan Guaido. Il n'en a pas été de même avec Isabel Brilhante Pedrosa, ambassadeur de l'UE au Venezuela, expulsée en février 2021 par Caracas, en riposte à de nouvelles sanctions prises par Bruxelles à la suite des élections législatives boycottées par l'opposition et dont elle demandait le report.