Le cavalier fou qui "hait tout le monde"
• Le "néolibéralisme" était, croyait-on, un rejeton de plus du capitalisme avec nombre de traits caractéristiques de sa parentèle. • Il n'en est rien, nous explique Carlos X. Blanco. • Le néolibéralisme est une monstruosité, une difformité semblant venir du capitalisme mais en réalité né de rien du tout et poursuivant le but du Rien qui doit verser dans le Néant... • Aucune explication rationnelle ne suffit à décrire ce phénomène, même si l'on sait qu'il est né un 11-septembre (celui de 1973, du Chili et d'Allende). • La principale source de son énergie phénoménale semble être la haine absolue et son but la chute du Rien dans le Néant.
Voici un texte d'un très grand intérêt, pas du tout abstrait, plein de références historiques et culturelles sur ce que certains croiraient être une sorte de "stade final du capitalisme", - et qui est en réalité quelque chose de tout à fait différent, d'insaisissable, de mystérieux : le "néolibéralisme" ou "capitalisme néolibéral".
L'auteur nous annonce que tout, - pour ce dernier segment dans tous les cas, - part du 9/11, mais pas du 9/11 qu'on croit. Il s'agit du 11 septembre 1973 et la chute d'Allende au Chili, et non du 11 septembre 2001 et la chute des deux/trois tours de Manhattan. Il s'agit du lancement en fanfare, un peu comme on lance le 'Titanic', du néolibéralisme. Ce n'est pas un remake du capitalisme, une habileté augmentée d'élites à la fois identifiées et mystérieuses, un bouquet grandiose d'illégalité, de cupidité, de corruption, de massacres, de sottises et de cruauté ; c'est tout cela à la fois, et puis en même temps c'est quelque chose d'autre, quelque chose de tout à fait autre, qui nous mène irrémédiablement, selon les conseils avisés d'une folie remplie de haines sans fin, aux abysses où nous nous précipitons actuellement.
L'auteur explique parfaitement, d'une façon colorée et endiablée, à la fois les origines du phénomènes, avec les Anglo-Saxons pirates et bandits depuis le XVIème siècle et les hispaniques "morbides", les seconds victimes des premiers après avoir été leurs employés empressés. Tout cela évolue d'une étrange façon, ou bien d'une façon logique si l'on croit au diable, et se noue avec la chute d'Allende.
Pourtant, non, ce n'est pas un soubresaut de plus du capitalisme. C'est une "sous-espèce", une sorte d'arborescence monstrueuse poussé on ne sait comment, qui ne sert à rien sinon à répandre le chaos autour de lui, - et aussi « dans ses entrailles », - et à poursuivre une incroyable chevauchée nihiliste dont le caractère principal est sans doute, peut-être, certainement, - rien de moins que la folie...
Entretemps, en effet et pour parvenir à ce résultat étonnant qui appelle l'eschatologie comme un soulagement bienfaisant, nous sommes passés d'Allende à Washington D.C., éventuellement avec l'aide des deux/trois tours réduites en lourdes poussières, pour aboutir à la "crisarisation" (on nous passera ce néologisme de circonstance quoiqu'un peu ronflant) générale, sinon totalitaire, embrassant tous les processus, tous les comportements, tous les jugements, tous les actes, et tout le reste encore... C'est l'Empire !
« Jamais l'État impérial n'a été instrumentalisé à ce point. L'Empire yankee est aujourd'hui un cheval emballé qui semble n'obéir qu'à un cavalier fou, fonçant tête baissée vers l'abîme. Le cheval détruit tout sur son passage et n'est efficace que dans ses effets destructeurs, jamais dans ses effets positifs. »
L'intérêt de cette définition soignée d'un phénomène improbable et catastrophique, c'est qu'à la fois l'auteur l'identifie et le définit, à la fois il abandonne par instant cette voie pour admettre qu'on se trouve devant quelque chose d'incompréhensible et de semblable à rien d'autre dans l'histoire, dans les théories, dans les pensées. Il (ce phénomène) semble répondre à des consignes impératives issues d'un groupe mystérieux et machiavélique pour donner des effets complètement insensés et sans autre but que l'absence de but pour permettre la catastrophe, avec des initiatives qui partent en tous sens et se retournent contre elles.
Notes du PhG-Bis : « Par exemple, et exemple du jour même que PhG s'empresse de me signaler, l'annonce que le maître occulte de Zelenski, l'oligarque Igor Kolomoyski qui a permis l'ascension de Zelenski et a financé sa campagne, homme de l'ombre et manipulateur-né du président en-cours qui organise le massacre des Ukrainiens, - le voici lui-même informé par le SBU [sorte de GPU/KGB ukraino-zélenskiste] qu'il est soupçonné de fraude et de transfert illégal de fraude, et "mis en examen" comme l'on dit... »
Nous sommes là en terrain de connaissance, - là où fleurit l' inconnaissance pour les plus avisés, - et il n'y a finalement rien pour nous étonner même si tout ce qui se passe ne cesse de nous stupéfier. Une belle trouvaille de ce travail (le texte de Blanco) est de nous faire connaître ce détail absolument diabolique et catastrophique, que ce phénomène qui embrasse tous les autres pour les forcer à suivre sa folie, cette dynamique phénoménalement catastrophique « hait tout le monde ».
« Mais ce qu'il faut approfondir, voire bouleverser, c'est l'étude du capitalisme néolibéral. Cette sous-espèce est un conglomérat dans lequel, comme le disent Fusaro, Lazzarato, Douguine et d'autres, il n'y a pas de lignes de fracture entre la guerre, l'exploitation économique, la violence psychosociale. C'est une unité entière, granitique, qui étend ses griffes sur le globe et sur les hommes, quelle que soit leur condition. Le capital ainsi muté en néolibéralisme "hait tout le monde" et est une hyperbombe [nucléaire] : il est la menace permanente et définitive pour la vie, - et pas seulement la vie humaine, - sur cette planète. »
Eh bien ! L'on sort de cette lecture au fond tout à fait rassuré. La principale force qui dirige le monde possède absolument tous les caractère de l'événement absolument satanique, dont l'explication est à chercher hors de notre logique, de nos prétentions théoriques, de nos caprices idéologiques et de nos lubies ontologiques. Il est la preuve absolue que cette entreprise que nous menons de main de maître depuis trois siècles au moins, ou le double pour certains, cette entreprise dont nous avons accouché en croyant créer le Nouveau-Monde d'au-delà du monde, et que l'on nomme "modernité", est un piège terrifiant où nous avons donné tête baissée. Il faut donc boire le verre jusqu'à la lie et nous sommes en bonne voie... Après, qui n'est d'ailleurs pas si loin, - après, on verra.
Donc, voici le texte de Carlos X. Blanco, venu de 'euro-synergies.hautetfort.com', le 1er septembre 2023.