24/01/2023 infomigrants.net  4 min #222980

Le changement climatique augmente les cas de trafic d'êtres humains, met en garde un rapport de l'Onu

Un homme et son enfant marchent dans les rue inondées de la capitale du Bangladesh, Dhaka, le 24 octobre 2022. Le cyclone Sitranq avait frappé le pays à cette période, forçant de très nombreux habitants à quitter leur foyer. Crédit : Picture alliance

C'est une double peine. Les catastrophes environnementales liées au changement climatique mettent en péril les habitations, la santé et le travail de millions de personnes. Mais, pire, elles les exposent aussi à de plus grands risques d'exploitation par des groupes criminels.

Il s'agit de l'une des conclusions du rapport de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), publié mardi 23 janvier. L'organisation onusienne a rédigé ce rapport en se basant sur la collecte des données de 141 pays sur la période 2017-2020 et l'analyse de 800 affaires judiciaires.

Outre les cas de traite d'êtres humains liés aux conflits et notamment à la guerre en Ukraine, les auteurs soulignent, qu'au cours des années à venir, "des régions entières vont devenir inhabitables", ce qui "affecte de manière disproportionnée" les communautés pauvres vivant essentiellement de l'agriculture ou de la pêche.

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Elles se retrouvent "privées de leurs moyens de subsistance et contraintes de fuir leur communauté", devenant une proie facile pour les trafiquants, a expliqué à la presse en amont de la publication Fabrizio Sarrica, auteur principal du texte.

Plus de 20 millions de déplacés internes

Rien qu'en 2021, les catastrophes climatiques ont provoqué le déplacement interne de plus de 23,7 millions de personnes, tandis que de nombreux autres ont dû partir à l'étranger.

Parmi les catastrophes climatiques ayant provoqué d'importants déplacements de population, le rapport de l'ONUDC cite les typhons dévastateurs qui ont frappé les Philippines, ou encore le Bangladesh, particulièrement exposé aux cyclones et tempêtes.

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En 2013, le typhon Haiyan a causé environ 6 300 morts et 4,4 millions de déplacés aux Philippines. "Les autorités nationales ont enregistré environ 670 cas de traite des personnes dans les régions affectées par le seul typhon, et des sources de première main du gouvernement et des ONG ont signalé que ces cas ont augmenté après la catastrophe", souligne le rapport.

De même au Bangladesh, "des cas de traite d'êtres humains ont été couramment détectée dans les Sundarbans, la plus grande forêt de mangrove contiguë du monde", indique le texte, précisant que cette région frontalière de l'Inde et du Bangladesh est considérée comme particulièrement vulnérable aux catastrophes liées au changement climatique.

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Enfin, au Ghana, des inondations et sécheresses à répétition ont poussé vers les villes d'importantes populations rurales. Les personnes déplacées se retrouvent alors souvent employées en tant que porteurs et payés par le biais de commissions. Leur survie dépend pourtant exclusivement de ces emplois extrêmement précaires.

Des chiffres pour la première fois à la baisse

Dans son rapport, l'ONUDC pointe aussi les risques que présentent les zones de conflit, comme l'Ukraine pour les victimes d'exploitation humaine.

Malgré tout, l'organisation relève dans une pointe d'espoir que pour la première fois depuis la collecte des données en 2003, qui a permis de réunir à ce jour des éléments sur plus de 450 000 personnes, le nombre de victimes recensées dans le monde a reculé en 2020 -11% sur un an).

La pandémie de Covid-19 "a limité la capacité à détecter les cas", notamment dans les pays d'Asie, d'Amérique latine et d'Afrique à faibles revenus, explique le rapport. Devant la fermeture des lieux ouverts au public (bars, discothèques...) en raison des restrictions sanitaires, certaines formes de trafic, notamment l'exploitation sexuelle, se sont en outre déplacées vers "des endroits moins visibles et encore moins sûrs".

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