Par Ziad Medoukh
Déplacements forcés, pour certains à 5 ou 6 reprises
Après avoir rompu les accords de trêve le 2 mars 2025, l'armée d'occupation a forcé 400'000 personnes à se déplacer à nouveau. Parmi eux, 300'000 sont obligés de vivre dans la rue, dans des tentes déchirées, au milieu des ruines, à côté des cimetières et des détritus. Les tentes et les caravanes n'entrent plus dans Gaza depuis le début de l'agression.
Depuis le 7 octobre 2024, 1'400'000 Gazaouis ont déjà été déplacés par la force dans la bande de Gaza (60 % de la population civile). Certains d'entre eux ont déjà dû évacuer à 5 ou 6 reprises.
Prévenus par flyers, les gens ont 6 heures pour évacuer
L'armée d'occupation, qui auparavant laissait 24 heures aux déplacés pour se préparer à évacuer ne leur donne aujourd'hui que 6 h. pour s'organiser. Les habitants sont prévenus par internet (quand il y a du réseau) ou au moyen de tracts et de flyers largués depuis des avions et provoquant des scènes de panique dans la population. Les gens ne prennent qu'un petit sac, leur tente, un matelas et fuient en laissant tout le reste derrière eux. Hommes, femmes, vieillards, enfants, ils sont obligés de partir à pied dans les rues défoncées pour se rendre dans un autre quartier où ils ne seront pas en sécurité quand même.
De plus, il n'y a plus de voiture, plus de camion, plus aucun moyen de déplacement à Gaza. Et s'il y en avait encore, il n'y a plus d'essence. Les habitants, vieillards, hommes, femmes, enfants, sont obligés de marcher 5, 10 km, dans les rues défoncées. Ils ne peuvent rien transporter et laissent tout derrière eux.
Pour la plupart, ils n'ont plus d'argent car, pendant la trêve, ils sont retournés chez eux et ont dépensé leurs dernières économies pour essayer de réparer leurs maisons détruites ou acheter des panneaux solaires.
Les déplacés fuient Rafah et se réfugient à Khan Younes
Aujourd'hui, Rafah, la plus grande ville du sud de la bande de Gaza, est presque vide. Ses130'000 habitants ont été obligés d'évacuer pour trouver refuge à Khan Younes.
Au nord, la ville de Gaza abrite aujourd'hui 1'400'000 habitants. Elle abrite 300'000 déplacés qui viennent de Beit-Hanoun, Jabalya et Beit Lahia.
Situation inhumaine
A cette situation inhumaine s'ajoutent, depuis le 2 mars, la fermeture de tous les passages et la non-entrée des aides humanitaires. Il n'y a pas d'endroit prévus pour accueillir les déplacés qui ont fui les bombardements intensifs. Sans aide ni assistance, les déplacés sont obligés de vivre à 20 ou 25 par tente, dans des conditions inhumaines.
On sent la colère et la tristesse. Les ordres d'évacuation deviennent toujours plus fréquents. Il n'y a aucun endroit sûr à Gaza.
Pas d'assistance, pas de moyens
Les tentes neuves et les caravanes promises sont bloquées et ne peuvent entrer dans Gaza. En hiver, il faisait très froid dans les tentes ; cet été, il fera trop chaud.
Souvent, les camions citernes qui transportent l'eau potable ne peuvent plus passer dans les rues défoncées par les bombardements et le passage des tanks israéliens. Tout est détruit, creuser des puits d'eau est difficile. Il n'y a ni gouvernement, ni autorité, ni organisation internationale ou locale pour aider les déplacés.
Les organisations internationales qui apportaient assistance à la population n'entrent plus dans la bande de Gaza.
Dans le silence complice de la communauté internationale, 2'400'000 Gazaouis survivent aujourd'hui dans des conditions catastrophiques et inhumaines.
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